>>> Comptes rendus des boursiers français au congrès de Séoul

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Congrès mondial des bibliothèques et de l'information : 72e congrès et assemblée générale de l'IFLA

Section des bibliothèques pour enfants et adolescents par Viviane Ezratty.

J’ai pu participer aux travaux du congrès annuel de l’IFLA qui s’est tenu à Séoul (Corée du Sud), une année particulièrement riche d’autant que grâce aux bibliothécaires coréennes, nous avons pu visiter un nombre important de bibliothèques pour la jeunesse.

Sous la présidence d’ Ivanka Stricevic (Croatie), le Comité permanent des bibliothèques pour l’enfance et la jeunesse réunit 18 bibliothécaires de différents pays (Pays-Bas, Singapour, Corée, Japon, Danemark, Suède, Norvège, France, Russie, USA, Allemagne, GB, Italie) ainsi qu’une dizaine d’observateurs. Ce Comité est très actif  et travaille toute l’année grâce aux échanges via Internet entre ses membres dont 16 sur 18 étaient présents. Une post-conférence a été prévue à Tokyo mais seuls 3 bibliothécaires ont pu s’y rendre.

1. Les travaux du Comité permanent des bibliothèques pour l’enfance et la jeunesse

Pour être au courant de ses travaux et accéder aux rapports fournis chaque année par les membres de la section sur la situation des bibliothèques pour enfants dans leur pays, on peut se reporter à la lettre d’information sur Iflanet (archive.ifla.org) dont la version imprimée primée l’année dernière par l’IFLA a reçu le deuxième prix cette année.

Les publications et traductions : Les Recommandations concernant les services offerts dans les bibliothèques pour enfants ont été traduites en français en 2005. Ce « guideline » existe désormais en 16 langues, Les Recommandations concernant les services aux adolescents sont disponibles en français et dans14 autres langues. Plusieurs communications ont également été traduites en français. A l’occasion des 50 ans du Comité, une brochure anniversaire a été réalisée, elle aussi traduite en français L’ensemble de ces textes sont accessibles sur Iflanet (http://archive.ifla.org/VII/s10/index.htm)

Le Comité en collaboration avec la section « lecture » a proposé une matinée de communications sur le thème de la lecture en famille (family reading/family literacy)

Les communications sont disponibles sur Iflanet http://cfi.ifla.free.fr/conferences/seoul/programmeseoul.htm (session n°81) pour certaines également en français.

Family reading in children's library services of Korea YOUNG SOOK SONG (Daegu Univeristy).

Notre hôtesse coréenne a brossé un état des bibliothèques pour la jeunesse en Corée. Leur développement est récent mais rapide. Il existe 389 sections jeunesse sur les 487 bibliothèques et 8 bibliothèques publiques pour la jeunesse. Depuis 2003, une dynamique a été lancée par 9 « miracle libraries » mi privées/mi publiques. Enfin, un réseau privé de 14 bibliothèques jeunesse en a également implanté 8 en Chine et en Russie à destination des ressortissants coréens. La lecture partagée en famille est très encouragée, en particulier par le biais du conte ou de festivals. On peut signaler l’action des « beautiful grannies » ou belles grand mères qui ont été formées au conte et à la lecture d’albums et qui interviennent dans de nombreux lieux. Enfin la bibliothèque nationale pour enfants vient d’ouvrir à Séoul en direction des enfants comme des chercheurs (voir au paragraphe sur les visites).

Améliorer l'intégration de la lecture publique dans les politiques culturelles des pays francophones en développement ERIC WEBER (Organisation internationale de la Francophonie, Paris, France)

Eric Weber travaille dans un organisme qui depuis 20 ans encourage la lecture publique dans les pays en développement en installant des CLAC – il y en a 213 dans 6 pays africains (80 m2 5 à 2500 livres, revues, jeux, matériel éducatif, accès Internet avec une librairie et une salle d’animation) – en partenariat avec un programme national et les collectivités locales. L’accent est mis sur l’accueil et l’animation. L’objectif minimal est de toucher 25% de la population en âge scolaire, généralement 40% des jeunes sont concernés.

Research on family reading: an international perspective
Recherche sur la lecture en famille   BRIONY TRAIN (University of Sheffield, Sheffield, UK )

Briony Train a analysé les études portant sur la lecture familiale en particulier sur  les questions intergénérationnelles, le rôle des pères, l’importance sociale du livre au sein des familles, le problème de la lecture (literacy) et de l’apprentissage au sein des familles. On retrouve les références des études encours dans sa communication.

La séance a été agrémentée par une heure du conte en coréen avec accompagnement de tambour traditionnel suivie d’une dégustation de soupe aux haricots rouges – titre du conte !

La deuxième partie de la matinée a été consacrée à des exemples précis de la place de la lecture au sein des familles dans différents pays.

Bunko: A private children's library in Japan
Bunko une bibliothèque pour enfants privée au Japon  KICHIRO TAKAHASHI (Tenri City Public Library, Japon).

Kichiro Takahashi a présenté une étude portant sur une centaine de bunkos, ces bibliothèques privées sont installées à domicile par des mères au foyer pour accueillir les enfants. Les premières ont été créées en 1946, il en existe actuellement 3000 pour 2800 bibliothèques publiques, alors qu’en 1980 il y en avait 4 400 pour 1300 bibliothèques publiques. Ces initiatives privées pallient les manques en lecture publique et sont souvent à l’origine de la création d’une bibliothèque publique. 

Qadede Idátat - Ancient tradition running through the family EDGARDO CIVALLERO (Cordoba, Argentina)

Edgardo Civallero se bat pour préserver les anciennes traditions au sein des familles indiennes – 500 000 personnes en 12 groupes ethniques- qui cumulent tous les handicaps de pauvreté, perte d’identité, illettrisme, racisme etc.… L’idée est de créer des bibliothèques aborigènes et de s’appuyer sur les enfants qui liront des contes en espagnol à leurs parents (qui ne parlent généralement que leur propre langue) et de recueillir des contes de leur propre tradition dans leur langue qui seront ensuite traduits en espagnol. Par le biais de cette culture orale, la connaissance peut être transmise entre générations. E.Civallero a conclu que les enfants sont les meilleurs bibliothécaires dans un programme sur la lecture au sein de la famille.

The Storymobile: A trailer designed for reading stories aloud and storytelling LENA MURMANN JENSEN (Værløse Municipal Libraries, Denmark)

Lena Murmann Jensen a créé une caravane pour la lecture et le conte. Elle s’installe  pour 2 à 3 semaines à l’extérieur d’une crèche ou d’un groupe scolaire et invite les parents, grands-parents et personnels à venir y lire ou écouter des histoires avec les enfants. La caravane a été décorée par un artiste et accueille 7 groupes par jour.

Getting closer to customers: the mushrooming of alternative libraries in Yogyakarta, Indonesia
Se rapprocher des utilisateurs : le bourgeonnement de bibliothèques alternatives en Yogyakarta, Indonésie   IDA FAJAR PRIYANTO (Gadjah Mada University Libraries,Yogyakarta , Indonesia)

Pour compenser l’absence de bibliothèques publiques performantes en Indonésie, des bibliothèques alternatives ont été créées par des ONG pour favoriser la lecture des jeunes et de leurs familles. Il existe même des bibliothèques mobiles à vélo ou en voiture privée.

2. Les visites de bibliothèques

Quelques points communs  : dans toutes les bibliothèques jeunesse cohabitent bibliothécaires professionnels et bénévoles, y compris des jeunes de 13-14 ans qui lisent des histoires aux plus jeunes. L’inscription et le prêt sont gratuits dans toutes les bibliothèques publiques. Les ouvrages sont classés selon la dewey. Les livres ne sont même pas plastifiés, les lecteurs sont peut-être plus soigneux, et ils rachètent quand nécessaire. Il y a presque partout des automates de prêt, tous les ouvrages sont équipés en RFID.

la bibliothèque de Sotcho,

Elle est entièrement dédiée à la jeunesse, est située au dessus d’un commissariat. Sur trois étages, elle est considérée comme unepetite bibliothèque ! Ouverte en 2005, financée par le district, elle est gérée par une église. Elle est ouverte du mardi au dimanche de 10h à 18h. A noter l’élégance et la sobriété de l’agencement intérieur : estrades, lutrins, banquettes invitent à des lectures partagées. Les enfants se déchaussent à l’entrée et pour la plupart s’installent par terre. Le sous-sol est réservé aux animations, le 1er aux plus jeunes et le 2ème aux plus âgés avec un certain nombre d’ordinateurs à leur disposition.

La bibliothèque nationale pour l’enfance et la jeunesse

  Dans un gigantesque bâtiment séparé de la Bibliothèque nationale, cette institution a ouvert au public - des jeunes aux chercheurs - fin juin 2006. Les ouvrages sont uniquement en consultation sur place. Les deux dernières années sont en accès direct, les précédentes en magasin. Une exposition de livres pour la jeunesse anciens et contemporains était présentée. On peut s’étonner de la richesse de la littérature enfantine étant donné la faiblesse du public potentiel. 7 000 ouvrages pour la jeunesse sont publiés actuellement chaque année, y compris de nombreuses traductions de divers pays (Ponti, Solotareff et les meilleurs albums français). C’est un développement très récent même si la littérature pour la jeunesse s’est développée depuis les années 1900.

Nous avons été conviés à une heure du conte en présence d’enfants, toujours avec un tambour et une lecture d’album présentée comme nos contes diapos (!) mais en power point : une idée à reprendre. Là encore l’architecture intérieure favorise la cohabitation de publics divers.

La bibliothèque pour enfants de Nowon

  Encore une bibliothèque uniquement pour la jeunesse dans un quartier au nord-est de Séoul. Sur trois étages, 43 000 ouvrages sont proposés en prêt. A signaler un charmant patio de lecture.

La bibliothèque digitale de Nowon

C'est une très grande bibliothèque multi sections ouverte de 9h à 22h. Une salle est équipée pour les non voyants avec des machines à agrandir, une autre - sans livres - juste pour travailler. La section multimédia propose une centaine d’ordinateurs, bien que la population coréenne soit la mieux équipée au monde. Les lecteurs regardent surtout les sites et les DVD proposés par la bibliothèque.

3. Les projets en cours

          - Des bébés et des livres : la Section travaille à de nouvelles recommandations plus spécifiquement centrées sur l’importance des livres dès le plus jeune âge, en collaboration avec d’autres sections des bibliothèques publiques. Une version quasi définitive sera présentée au congrès de Durban. Des photographies destinées à illustrer des exemples de pratiques en direction des tout-petits seront jointes.

            - « Best practices » : Ingrid Bon, secrétaire de la section, a réuni un certain nombre d’exemples de pratiques de bibliothèques pour la jeunesse d’un certain nombre de pays. Il est prévu de les rendre accessibles sur Internet pour 2007. Toute institution membre de l’IFLA peut prendre contact avec la section ou Ingrid Bon pour envoyer une photographie avec commentaire pour témoigner d’une activité intéressante en direction des enfants.

            - Les Recommandations concernant les services de bibliothèques à destination des jeunes (disponible en français sur (http://archive.ifla.org/VII/s10/index.htm) vont être réactualisées d’ici 2008.

            - Des déclarations de principe sont en cours d’élaboration comme sur les enfants et Internet en collaboration avec d’autres sections.

            - Une « mailing list » ouverte à tous ceux qui s’intéressent aux travaux de la section sera très rapidement mise en place.

            - Une nouvelle pré conférence en 2008 ? A Québec, il serait intéressant d’organiser un séminaire sur la lecture des adolescents.

            - Préparation des prochains congrès : Pour le congrès de Durban (Afrique du sud) en 2007, une collaboration est prévue avec la section multiculturelle.

4. Les partenariats 

° L’International Children’s Digital Library ( la Bibliothèque numérique internationale pour enfants)  : un partenariat officiel est engagé avec l’IFLA à travers une convention signée en 2005 qui permet à la Section d’être un des « relais » du projet. Ce travail de recherche, mené par l’université américaine du Maryland, est basé sur la mise en ligne de livres d’image numérisés proposés dans leur intégralité, provenant de tous les pays et dans toutes les langues (40 pays et 37 langues sont déjà représentés), anciens et récents. Ce projet devrait concerner davantage les différents pays francophones encore trop peu représentés dans cette bibliothèque virtuelle. L’ICDL a besoin qu’un intermédiaire par pays qui lui facilite le contact avec les éditeurs locaux – L’ICDL se charge de la question des droits ainsi que des frais de numérisation - L’ICDL recherche également par l’intermédiaire de l’IFLA des bibliothèques « ambassadrices » pour étudier les réactions des enfants lecteurs. Une fondation vient d’être mise en place pour garantir la pérennité du projet http://www.childrenslibrary.org

° Suite à la conférence européenne sur la lecture organisée à Zaghreb en juin 2005, une collaboration officielle a vu le jour entre l’IFLA, IBBY (International Book Board for youth), et l’IRA (International Reading Association) pour que les représentants respectifs de ces associations aient mission, si nécessaire, de représenter l’ensemble de ces trois associations aux intérêts souvent communs. Un protocole d’accord a été signé et un mémorandum publié.

° ALMA : le prix Astrid Lindgren est décerné par la Suède. La section des bibliothèques pour la jeunesse de l’IFLA est une des institutions internationales qui peut proposer des candidatures en matière d’encouragement à la lecture des enfants : pour 2007, le projet italien sur la lecture des bébés sera présenté.

° La section Histoire des bibliothèques souhaite publier un ouvrage sur l’histoire des bibliothèques pour enfants à destination des 8-14 ans : tout renseignement ou photos surtout des pays hors Europe et Etats-Unis seront les bienvenus. Pour tout renseignement s’adresser au président de la section Alistair Black a.black@leedsmet.ac.uk. Le travail fait sur l’histoire de l’Heure Joyeuse et des bibliothèques pour enfants françaises l’intéresse.

A signaler la présentation lors d’une réunion par notre collègue libanaise Clarisse Chebli du réseau Assabil (www.assabil.com) qui a traduit en arabe l’échelle de la lecture Bébé bouquine conçue par la collègue allemande de la section pour enfants. En juillet, les membres de son association ont travaillé dans les camps de réfugiés libanais auprès des enfants.

5. Le congrès de Durban (Afrique du sud)

Notre section proposera une session commune à la section des bibliothèques multiculturelles autour du thème des bibliothèques face au multilinguisme et aux langues indigènes en bibliothèque.

La section des bibliothèques pour non voyants s’associe également à notre session sur la question des livres tactiles.

6. Les élections 2007 au sein des comités permanents

La section cherche à recruter de nouveaux membres en particulier de pays non représentés (Pour l’instant c’est le cas de l’Afrique et de l’Amérique du sud). Par ailleurs, des membres correspondants pourront être proposés de pays non représentés ou en qualité d’expert.

Pour terminer, une proposition intéressante :des bibliothèques coréennes pour la jeunesse recherchent des jumelages avec d’autres bibliothèques.

Il est difficile de résumer en quelques pages la richesse des échanges, aussi je reste à disposition pour toute information complémentaire.

Viviane Ezratty,

Bibliothèque l’Heure Joyeuse (Paris)
Viviane.ezratty@paris.fr

Section des bibliothèques pour aveugles par Françoise Martinelli

Je suis professeur-documentaliste dans un établissement qui accueille des enfants déficients visuels. Lors de ma participation au Congrès de Séoul, j’ai suivi avec un intérêt particulier les travaux des sections « Bibliothèques pour aveugles » et « Bibliothèques scolaires » qui recouvrent mon champ d’activité professionnelle. C’est également la raison pour laquelle j’ai visité la Bibliothèque Braille de Corée.

Section « Bibliothèques pour aveugles »

L’intitulé commun des conférences proposées par la section « Bibliothèques pour aveugles », lors du Congrès de Séoul était « Comment rendre votre site web accessible à tous : résultats et expériences ».

L’accessibilité numérique est aujourd’hui un problème crucial pour les aveugles et les malvoyants, d’autant plus que nombre de sites web recourent abondamment à l’image. Les intervenants ont abordé tour à tour différents aspects du problème tant du point de vue technique que du point de vue des utilisateurs. Les enjeux sociaux et la nécessité d’un engagement des gouvernements n’ont pas été oubliés.

Deux des intervenantes, venues des pays scandinaves sont bibliothécaires tandis que les deux autres intervenants originaires d’Asie (Corée du Sud et Japon) - tous deux aveugles - sont issus du monde universitaire pour l’un et du monde de l’entreprise pour l’autre.

Pour rappel, voici quelques points essentiels pour comprendre les enjeux et l’importance de l’accessibilité numérique pour tous.

Deux sites de Bibliothèques spécialisées : l’exemple de la Finlande et de la Suède

Un site accessible aux déficients visuels est, par définition,  un site qui sera également accessible et agréable pour tous les utilisateurs.

Minna von Zansen et Jenny Nillson présentent successivement deux expériences qui concernent la création de sites Internet accessibles.

Celianet , le site de la Bibliothèque Celia en Finlande, bibliothèque spécialisée pour les malvoyants à Helsinki, a été, par exemple, conçu selon 3 grands principes :

La Bibliothèque suédoise TPB (Bibliothèque suédoise de livres audio et de braille) présente la particularité d’avoir créé un site destiné aux enfants. Ce site s’adresse aux enfants en difficulté face à l’écrit. Les enfants déficients visuels sont concernés mais également les enfants dyslexiques. Un taupe nommée Topsy guide les enfants à travers les pages du site. Les créateurs ont veillé à ce que le site soit attractif d’un point de vue graphique mais des textes informatifs et amusants sont une alternative aux images pour les enfants aveugles ou malvoyants.

Aujourd’hui, les bibliothèques se doivent de proposer des documents sur différents support [livres audio au format numérique DAISY, livres audio, livres sur support papier (braille ou grands caractères)] et doivent veiller à ce que les informations soient accessibles par différents canaux (site web, téléphone, catalogue papier, …)

Comment améliorer les choses ?

L’exemple de la Corée du Sud, présentée par M. Chungho Kim nous montre que, même dans un pays connu pour son développement dans le domaine des technologies de l’information et de la communication, il existe une fracture numérique qui concerne tant les personnes âgées que les personnes handicapées ou les personnes à faibles revenus.

En 2003, une enquête menée par l’Agence coréenne pour l’opportunité digitale a permis de montrer qu’un faible pourcentage de développeurs et de concepteurs de programmes informatiques était conscient des problèmes d’accessibilité.

Le gouvernement coréen a pris des mesures pour lutter contre cette fracture numérique : accès à une connexion haut-débit gratuite dans chaque administration publique, formation des utilisateurs, accompagnement du développement de l’information en ligne pour les personnes handicapées.

M. Jun Ishikawa (de l’université du Japon) souligne l’importance d’une approche globale en introduisant la notion de « concept global ». Sans cette prise en compte, rendre le numérique accessible a posteriori induit des stratégies de contournement (et du « bricolage ») qui ne sont certainement ni les meilleures ni les plus efficaces.

L’utilisateur aveugle ou malvoyant doit pouvoir choisir l’interface de consultation qui lui convient le mieux (audio ou braille, par exemple). En effet, certaines informations présentées en interface graphique ne peuvent être reconnus par des navigateurs audio (type Jaws ). Pourtant, si des informations ou des commentaires sur le contenu des graphiques, sur la structure, l’organisation des pages, les liens hypertextes sont indiqués, la navigation, et l’accès à toutes les informations du site sont alors rendus possible.

En conclusion, il ressort que l’accessibilité numérique est loin d’être acquise. Puisque la prise en compte de l’accessibilité doit se faire dès la conception des produits numériques (site web, cédérom, …), une sensibilisation importante doit être faite auprès des concepteurs et des développeurs informatiques, d’autant plus que les règles et les normes d’accessibilité (W3C, WAI guidelines, …) sont peu connues et que les technologies d’assistance peinent à suivre les évolutions technologiques constantes.

J’ai également remarqué lors des échanges que j’ai pu avoir que les malvoyants (jeunes ou adultes) qui ont besoin, par exemple, de documents agrandis sont un peu oubliés. On rencontre ce même type de phénomène en France.

Visite de la Bibliothèque Braille de Corée

Durant le congrès, j’ai également pu visiter la Bibliothèque braille de Corée. En décembre 2004, le nombre de personnes aveugles en Corée était de 170 000 personnes (soit 0,35 de la population). Actuellement, la Bibliothèque braille a tout à la fois une activité de production de livres en braille (ce qu’on appelle en France la transcription) et de livres audio au format numérique DAISY (Digital Accessible Information System). Le grand intérêt de ces livres CD DAISY est de permettre aux auditeurs de localiser un chapitre, une ligne, une page et de le repérer grâce à un signet.

Il existe également une production de livres mixtes en « noir*» et en braille.

*En français, pour désigner les livres imprimés on parle de livres en « noir », en anglais pour désigner les mêmes documents on parle de « mute letter  books », en se plaçant du point de vue des aveugles.

Les documents produits sont accessibles en prêt (environ 3000 par an). Les aveugles qui ont du mal à se déplacer peuvent également bénéficier, à Séoul, d’un service de livraison à domicile.

La Bibliothèque Braille de Corée produit également pour le gouvernement ou des organismes officiels des documents en braille et en relief.

Le nouvel Acte des bibliothèques qui sera voté en 2006, inclut une clause qui instaure la création d’une Bibliothèque nationale pour les aveugles et d’un Centre national de soutien aux aveugles sous le contrôle de la Bibliothèque nationale de Corée.

Section des bibliothèques scolaires par Jacqueline Dussolin

Les conférences de la section « Bibliothèques scolaires » qui s’était associée pour ce congrès avec la section « Information literacy  » se sont déroulées le mercredi 23 août.

Il faut souligner que les conférences de la section « Bibliothèques scolaires » ne bénéficiaient pas de traduction simultanée. En outre, elles ne font encore l’objet d’aucune traduction en français pour l’instant ce qui est fort dommage .(Il me semble qu’au moment du choix des traductions, aucun des textes des intervenants n’était encore disponible).

Ce qui ressort de ces conférences, c’est que globalement, dans un environnement très évolutif, beaucoup de questions se posent et que les réponses divergent parfois selon le contexte d’intervention. Il apparaît néanmoins un besoin grandissant de recourir à des modèles de référence et des cadres pour gagner en efficacité et accompagner la formation des élèves et des étudiants.

Une des conférencières Helen Boelens s’est également penchée sur les conséquences professionnelles de ces évolutions, en partant de son expérience au Pays-Bas. Le titre de sa conférence était : « Un nouveau type de spécialiste de l’information pour un nouveau type d’apprentissage ». Là encore des évolutions importantes se dessinent et le métier de « bibliothécaire scolaire » (qui est selon les pays : un bibliothécaire, un professeur chargé de s’occuper du centre de ressource, un professionnel de l’information et de la communication, un professeur-documentaliste ou professeur-bibliothécaire ) a été grandement modifié en particulier par la prééminence des T.I.C. dans le lieu d’exercice de son métier.

Yuriko Nakamura de l’Université Doshisha de Kyoto considère qu’au Japon deux conceptions de ce que doit être une bibliothèque scolaire s’opposent : lieu de formation à la lecture ou lieu de formation à la maîtrise de l’information. La question n’est pas tranchée même si le modèle d’une bibliothèque où le livre et la lecture sur papier dominent est prédominante au pays du Soleil levant.

Dans beaucoup d’autres pays, cette dichotomie n’est plus de mise et avoir des compétences solides en lecture est un pré-requis indispensable pour devenir « info-lettré  ». On observe parfois une tendance inverse : le livre, le document papier est écarté et le tout-électronique survalorisé.

Pour Flippie Van der Walt (Afrique du Sud), 5 principes incontournables doivent permettre de définir un cadre visant à développer un modèle de litératie informationnelle : à quelles compétences informationnelles aboutir? quelles sont les caractéristiques des jeunes ? dans quel système éducatif prend place la formation à la maîtrise de l’information (curriculum scolaire), quels principes de conception et de développement, quelle production finale ? ( jeu ,cédérom, livre, …).

Toujours dans l’idée de donner un cadre et des méthodes, Lesley S.J. Farmer de l’Université de Californie a fait une intervention sur une partie vitale de toute recherche : le questionnement. Elle regrette que cet aspect soit souvent ignoré et sa conférence fait une large part à l’enseignement du questionnement.

Section « Bibliothèques pour la jeunesse »

Ce qui m’a frappé lors de ces conférences, c’est l’enthousiasme des responsables de la section et des intervenants. Comme si, le fait de travailler avec des enfants, procurait beaucoup d’énergie, une énergie communicative.

La notion de lecture familiale (« family reading  » en anglais) a retenu toute mon attention. En France, dans les établissements scolaires, nous connaissons bien l’importance que le milieu familial a dans l’accès à la lecture et au savoir, mais je n’ai pas connaissance d’actions d’envergure, pour ce qui concerne l’Education nationale, dans ce domaine. La piste à explorer me semble pourtant tout à fait intéressante.

Conclusion

Le bilan de ma participation au Congrès est très positif. En effet, l’ouverture internationale permet réellement de « sortir de sa bulle » de vérifier aussi que, au-delà des différences de culture, de statut professionnel, de niveau de vie, un grand idéal rassemblent tous les professionnels de la documentation, de l’information et des bibliothèques : Il s’agit, en favorisant l’accès à la lecture et au savoir pour tous à travers le monded’intégrer et de ne pas exclure.

J’aurai aimé toutefois que les rencontres entre francophones soient plus fréquentes car la pluralité linguistique au sein de l’IFLA semble fragile.

Comité permanent des bibliothèques desservant des publics défavorisés par Claudie Guérin

Membre élu du comité permanent des publics défavorisés

Présentation du comité permanent des bibliothèques desservant des publics défavorisés

Sous la présidence de Joanne Locke (Canada), le Comité permanent des publics défavorisés réunit 20 bibliothécaires de différents pays (Canada,Croatie, Espagne, Corée, Japon, Danemark, Norvège, France, Botswana, USA, Cuba, GB, Italie) ainsi que quelques observateurs. 3 représentants de la France participent à ce Comité (Corinne de Munain chargée des publics spécifiques au ministère de la culture, Ramatoulaye Fofana de la BPI et chargée des également des publics spécifiques et moi-même). 

Ce Comité est le plus ancien des comités de l’IFLA et a fêté ses 75 années d’existence en 2006 à Séoul. Il est très actif et travaille toute l’année grâce aux échanges via Internet entre ses membres. Une réunion de travail intermédiaire s’était tenue à New York en mars 2005 pour préparer le Congrès de Séoul.

Ce Comité permanent travaille sur des recommandations pour le développement de services de bibliothèques destinés à satisfaire les besoins de groupes de communauté qui, pour diverses raisons, ne peuvent se déplacer utiliser les services conventionnels ou qui ont besoin d’aide pour utiliser ces services.

1. Publications

1.1 Publications disponibles en français

Plusieurs Guides de recommandations, traduits en français, peuvent être très utiles aux professionnels francophones. Tous ces documents sont téléchargeables sur le site de l’IFLA http://archive.ifla.org/VII/s9/lsdp-publications.htm

Le Comité travaille à la refonte des recommandations (les dernières datant de 1992) pour l’offre de lecture dans les prisons. Le texte anglais est en cours de relecture et amendements par les membres du Comité avant publication en fin d’année 2005 ou début 2006. Comme les autres Recommandations, il sera ensuite traduit dans les différentes langues de l’IFLA.

1.2 Publications disponibles en anglais

Il a été décidé qu’elle serait traduite en français prochainement et, après validation du Comité et de l’IFLA, elle sera téléchargeable à la même adresse.

1.3 Traductions et publications en cours

2.Newsletter en ligne

La lettre du Comité paraît deux fois par an et est disponible sur le site à l’adresse suivante : http://archive.ifla.org/VII/s9/index.htm depuis juin 2004.

Elle relate manifestations, évènements ou publications d’articles. Elle est en anglais mais les textes publiés sont dans la langue de leurs auteurs, en principe précédés d’un résumé en anglais.

Toutes les Newsletters depuis 1996 sont accessibles sur le site. Si vous avez des informations intéressantes que vous souhaiteriez y voir figurer sur ces sujets, merci de me les communiquer.

3.Posters-sessions à Séoul

3.1 Affiches sur les bibliothèques d’hôpitaux en Asie et au Japon

Par Yu Kikuchi, directeur de l’association des bibliothèques d’hôpitaux du Japon.

La présentation montrait la situation en 4 points :

Le public : à l’origine desservant uniquement les patients, la bibliothèque d’hôpital a ensuite été utilisée par le personnel.

Rôle de la lecture et documentation offerte : contribue à la guérison comme les autres services médicaux. Le patient doit y trouver des informations médicales.

Histoire : au Moyen Age, elle est tenue par des organisations religieuses, après 1945, les bibliothèques municipales installent des annexes localisées dans les hôpitaux  pour desservir les patients ; 1990 : arrivée de la documentation d’information médicale.

Situation en Asie : sous développement en raison de problèmes économiques, politiques, religieux… Au début du 21ème siècle : gestion par des bénévoles sauf au Japon où les bibliothèques d’hôpitaux sont gérées par des bibliothécaires professionnels.

3.2 Affiche pour les 75 ans de la section

Le comité a été crée en 1931. À l’origine, il promouvait uniquement les bibliothèques d’hôpitaux. Il a ensuite étendu ses préoccupations aux différents besoins de citoyens qui en raison de handicaps ne peuvent utiliser les services traditionnels des bibliothèques (personnes hospitalisées, en prison, personnes âgées, au domicile ou en maison de retraite, personnes sourdes, personnes ayant des incapacités physiques ou mentales, dyslexiques...). Elle a publié et remis à jour des recommandations traduites en 12 langues.

4. Communications sur « La dyslexie »

Je n’évoquerai ici que brièvement les communications auxquelles j’ai assisté car elles peuvent être lues sur IFLANET. Concernant le public des personnes défavorisées, la session (101 SI) portait sur « La dyslexie ».

SUNGDO DAVID HONG, professeur en psychiatrie du Samsung Medical Centre à Seoul, définissait la dyslexie d’un point de vue médical. Il est certain qu’il s’agit de troubles neurologiques qui provoquent d’importantes difficultés dans tous les domaines (familial, scolaire, social, professionnel…). Elle touche de 5 à 17.5 % de la population avec un taux moyen de 7%. Plusieurs théories expliquent les causes des troubles : cerveau, langue, facteur génétique, causes environnementales… L’intelligence n’est pas en cause : Bill Gates et d’autres célébrités étaient ou sont dyslexiques…

GYDA SKAT NIELSEN (Horholm, Denmark) a ensuite évoqué les services à mettre en place dans les bibliothèques pour accueillir cette population. En effet franchir les portes d’une bibliothèque est très difficile pour un dyslexique. Il y a encore beaucoup à faire : ce handicap ne se voyant pas, les difficultés sont importantes pour sensibiliser les personnels et faciliter l’accès aux documents. Quelques propositions : pictogrammes clairs, fonds de documents »faciles à lire » bien visibles dès l’entrée de la bibliothèques ? Un bibliothécaire spécialisé dans l’accueil des personnes handicapées et qui peut sensibiliser le personnel, travail avec des partenaires, campagne pour faire connaître les services à ce type de public, détection des enfants dès le plus jeune âge avec la collaboration des hôpitaux, enseignants, éducateurs… Pour compléter cette intervention, HELLE ARENDRUP MORTENSEN (Lyngby-Taarbaek Kommunes Biblioteker, Lyngby, Denmark) a présenté le travail réalisé en ce domaine à Copenhague.

MISAKO NOMURA (Japanese Society for Rehabilitation of Persons with Disabilities, Tokyo, Japan) a retracé l’expérience japonaise de la mise en oeuvre de la technologie DAISY (Digital Accessible Information System - système d'information accessible numérique), actuellement en plein essor au niveau mondial.

Pour terminer, YOUNGSOOK LEE (National Library of Korea, Seoul, Korea) a présenté l’enquête réalisée dans les pays asiatiques sur les services mis en place dans les bibliothèques pour accueillir les personnes dyslexiques. Le phénomène de la dyslexie est peu connu et un travail important est à mener pour sensibiliser les personnels des bibliothèques.

Les documents produits par le Comité sont accessibles sur IFLANET. N’hésitez pas à me contacter au sujet des différentes actions menées par le Comité permanent des bibliothèques desservant des publics défavorisés.

Claudie Guérin
Membre du Standing Committee Libraries Serving Disadvantaged Persons,
Coordinatrice des médiathèques et centres de documentation à l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris claudie.guerin@sap.aphp.fr
01 40 27 52 93

La formation professionnelle continue Compte rendu rédigé par Michel Netzer, chef du service des Qualifications et de la Formation à la Bibliothèque

La section « Développement professionnel continu et apprentissage sur le tas »

La formation professionnelle, à l’IFLA, est représentée principalement par deux sections :

La première, la plus ancienne, s’intéresse à la formation en général mais s’est spécialisée dans les questions relatives à la formation initiale. D’où la constitution, au fil des années, de la seconde, d’abord sous forme de « table ronde » puis, à partir de 2002, en tant que « section » de l’IFLA, autour des questions liées à ce qu’on appelle aujourd’hui la « formation professionnelle tout au long de la vie ». Cette section, qui compte près de 70 membres institutionnels inscrits, est présidée par Jana Varlejs (New Jersey, Etats-Unis). La France n’a aucun représentant au sein de son comité permanent, où siègent, outre la présidente, 3 Américains, deux Australiens (dont le secrétaire/trésorier, Ian Smith), une Canadienne, une Anglaise et deux Danois. Outre ses activités régulières, la section a pour projet l’élaboration d’un guide des meilleures pratiques en matière de formation continue des personnels des bibliothèques, qui puisse être utile tant aux organismes producteurs de formation qu’aux bibliothèques soucieuses de la formation de leur personnel. Ce guide sera publié en trois langues, dont le français.

Session publique

À Séoul, la section sur la « formation continue » (l’expression sera employée ici par commodité) a organisé sa session publique conjointement avec la section « Préservation et conservation », sous une forme un peu insolite, mais qui était rendue nécessaire par le grand nombre de communications programmé (13 au total). À l’exception de quatre communications qui ont fait l’objet d’un exposé magistral avec traduction simultanée devant l’ensemble de l’assistance, les communications étaient en effet présentées par rotation devant des petits groupes de 10 à 15 personnes, ce qui permettait un échange plus direct avec l’auditoire.

Plusieurs des communications consistaient en un état des lieux des programmes nationaux de formation à la conservation : outre la communication relative à la Corée du Sud, dont le texte existe en traduction française (trad. de M. Netzer) et celle de la France, rédigée par Guillaume Niziers (département de la Conservation, BnF) et présentée à Séoul par Elisabeth Freyre (délégation aux Relations internationales, BnF), ont été présentées les situations du Japon, de l’Ouganda, de Taiwan, de la Russie et de la Nouvelle-Zélande. Dans la plupart des pays, la mise en place d’un dispositif institutionnel de formation à la conservation remonte à quelques années seulement (1999 en Corée du Sud, à Taiwan et en Nouvelle-Zélande) et d’une façon générale, les programmes de formation à la conservation sont inclus dans les cursus de formation aux métiers des bibliothèques ou dans les programmes de formation des bibliothèques nationales et non pas dans les cursus universitaires, qui font la part belle à la conservation du patrimoine muséal ou architectural. Si le retard accumulé en raison du manque d’équipement, de personnel qualifié et de crédits n’est pas encore rattrapé, la prise de conscience est réelle et une dynamique a été créée grâce aux efforts consacrés à la formation des personnels.

Les autres communications mettaient l’accent sur des programmes spécifiques (« the School for Scanning », séminaire de formation à la numérisation des collections mis en place à Boston) ou sur des démarches expérimentales. Sur ce dernier point, on notera la communication de Jeanne Drewes (Bibliothèque du Congrès, Etats-Unis) qui préconise la conduite d’actions de sensibilisation auprès des personnels et du public : tenue d’une rubrique « conservation » dans le journal interne de la bibliothèque où il est question des trucs et astuces pour bien conserver sa bibliothèque… personnelle, quizz à l’intention des personnels nouvellement recrutés, distribution au public de signets illustrant de façon humoristique la nécessité de prendre soin des ouvrages (signets cornés ou griffonnés comme une page de livre…), sensibilisation des enfants fréquentant les bibliothèques publiques, etc.

Autres thèmes liés à la formation continue

Le thème de la formation en ligne a été pratiquement absent des travaux du congrès de Séoul, ce qui explique peut-être que la proposition qui avait été faite par le service des Qualifications et de la Formation de la BnF de présenter lors de ce congrès une communication sur le module de formation au concours de magasinier en chef, réalisé sous la direction de Catherine Schneider (service des Qualifications et de la Formation , BnF), n’ait pas été retenue. En revanche, plusieurs orateurs sont intervenus sur le thème de la gestion des connaissances et des savoir-faire (« knowledge management »), principalement dans le cadre de la session publique conjointement tenue par la section « Knowledge Management » et la section Statistiques et Evaluation. La gestion des connaissances ne se limite pas aux démarches de mutualisation des informations utiles pour l’orientation et le renseignement du public. Leonor Gaspar Pinto (bibliothèques municipales de Lisbonne, Portugal) a ainsi présenté une communication intitulée : « Construire une culture de l’évaluation dans les bibliothèques publiques de Lisbonne : une approche par la gestion des connaissances ». Afin de sensibiliser les personnels du réseau des bibliothèques municipales de Lisbonne à l’importance de l’évaluation des activités et des résultats, les responsables du projet ont tenté de « capturer », au moyen de documents « pièges à connaissance » et à travers des réunions et des séances de formation, les connaissances implicites des bibliothécaires en matière d’évaluation et de les expliciter, dans un deuxième temps, afin que chacun puisse se les approprier. Une autre communication (Kim Jong-Ae, Séoul, Corée du Sud) dressait un panorama des méthodes permettant d’évaluer les effets de la gestion des connaissances sur la performance des entreprises.

Préparation du congrès de 2007 (Durban, Afrique du Sud)

La section sur la formation continue organisera un pré-congrès de deux jours et demi à Johannesburg sur le thème des formations et autres formes d’appui destinées à l’encadrement des bibliothèques (« Pathways to Library Leadership »). Une demi-journée sera consacrée à l’encadrement et au management dans les bibliothèques africaines.

La session publique plénière, à Durban, sera organisée en partenariat avec la section Gestion des associations de bibliothécaires. Le thème en sera : former des cadres pour les associations de bibliothécaires (« developing leaders for Library Associations »).

2007, année à élections, devrait offrir à la France la possibilité de renforcer sa présence dans les comités permanents des sections. J’ai indiqué à Séoul, devant les membres présents du comité permanent de la section sur la formation continue, que j’envisageais de présenter ma candidature pour un poste au sein de ce comité. La présidente de la section, qui venait d’exprimer le souhait que le comité permanent s’ouvre davantage sur le monde non anglophone, a accueilli cette intention de candidature avec une satisfaction appuyée.

Section des bibliothèques scolaires

En tant que membre de l’IFLA, j’ai participé aux assemblées générales : j’ai représenté la FADBEN à l’assemblée générale du 24 août durant laquelle ont été votés le budget, les minutes du précédent congrès d’Oslo et le rapport du Président Alex Byrne : celui-ci a montré le rôle de l’IFLA dans la société mondiale de l’information et  son engagement dans la lutte pour la réduction de la pauvreté. Il a clairement défini les objectifs principaux de l’IFLA :

Cette année, l’IFLA présente un bon équilibre financier.

En tant que membre élue de la section Éducation et formation depuis 2003,j’ai participé à la réunion de préparation du congrès du 19 août au cours de laquelle un certain nombre d’engagements ont été pris. Nous avons fait le point sur les activités de la section et présenté les projets à venir. Un des principaux axes concerne les formations en sciences de l’information et bibliothéconomie : en effet il s’agit de prendre en considération le développement des ressources numériques. Anna Maria Tammaro (information officer) et Terry Weech (chair) ont donc proposé une révision des lignes directrices de la section   afin de prendre en compte cette évolution dans la formation des professionnels de l’information ; il s’agit d’améliorer les formations pour répondre aux besoins du monde du travail.

Dès septembre 2006 la section va préparer le congrès 2007 qui se tiendra à Durban (Afrique du Sud). Personnellement je me suis engagée pour le congrès 2008 avec Mouna Benslimane (enseignante en sciences de l’information Maroc) et Françoise Lerouge (ENSSIB France).

La journée du 25 août était consacrée à l’atelier de la section :

Le thème principal concernait les formations en sciences de l’information et bibliothéconomie (LIS =Library and information sciences)

Les 9 conférences ont abordé cette thématique sous plusieurs angles :

La réflexion sur les contenus et plus largement des programmes d’enseignement reste la préoccupation majeure des enseignants en LIS avec le partage des ressources pédagogiques.

Participation au Caucus francophone de l’IFLA

Objectif : renforcer la francophonie dans le monde des bibliothèques

Une association a été créée : AIFBD (Association internationale   francophone des bibliothécaires et documentalistes avec Réjean Savard (Canada) comme Président et Pascal Sanz (BNF France) comme vice président.

Ce congrès a montré une fois de plus la vitalité de ses participants ; même si les niveaux de développement de la profession sont inégaux, les préoccupations des bibliothécaires sont les mêmes : la lutte contre l’analphabétisme, la défense des droits de l’homme.

Je n’ai pas pu assister à toutes les conférences car elles sont très nombreuses, mais il est possible d’avoir accès aux textes en ligne (http://archive.ifla.org) et je signale une thématique qui nous intéresse à plus d’un titre : la maîtrise de l’information.

Conclusion : c’est mon troisième Congrès et je commence à y voir plus clair dans l’organisation de l’Association. C’est une expérience très enrichissante dans la mesure où l’on travaille avec des collègues de différents pays : curricula, programmes d’enseignement, information literacy, formation des élèves autant de préoccupations communes dans un monde où l’information devient un enjeu majeur.

IFLA section Amérique Latine et Caraïbe (LAC) par Martine Ernoult

Les bibliothèques moteurs de « L’alphabétisation informationnelle » pour tous dans le secteur Amérique Latine et Caraïbe fut le thème développé dans les six conférences proposées par le secteur LAC.
Les programmes développés par les bibliothèques rappellent les missions de celles-ci. Les bibliothèques constituent la base de l’accès libre à l’information pour tous les citoyens. À travers l’amélioration des bibliothèques et des services d’information il s’agit pour les bibliothécaires d’appuyer des aspects fondamentaux du développement humain : alphabétisation, apprentissage tous le long de la vie, accès à la communication numérique inscrit dans un développement durable.

Les communications font appellent aux orientations générales à propos de « l’information literacy », et développent des aspects pragmatiques élaborés à partir de ces méthodologies pour passer de « l’information pour tous » à « l’alphabétisation informationnelle pour tous ». Elles mettent en avant le rôle important que jouent les bibliothèques et leur personnel en éducation pour la reconnaissance de la diversité culturelle en rappelant les valeurs démocratiques, égalitaires, le respect des libertés fondamentales et le refus de toute discrimination dans des pays où il est essentiel d’améliorer l’intégration sociale de tous les groupes ethniques et culturels.
Les travaux de ce secteur de l’IFLA s’inscrivent dans une dynamique qui permet l’échange d’expériences et le partage de connaissances, et dans celui du congrès de Séoul « Les bibliothèques moteurs dynamiques pour la connaissance et la société de l’information. »

Le rôle des bibliothécaires

La société de l’information nécessite un grand nombre de forme d’alphabétisation et de maîtrise, dans cet environnement quelle est la fonction primordiale d’un bibliothécaire ? Selon Susana Ramones Tinatel (Argentine) les bibliothécaires sont face à un dilemme, sont-ils préparés à assurer des tâches complémentaires aux missions traditionnelles ? Sont-ils prêts à adhérer aux valeurs démocratiques et égalitaires refusant toutes discriminations ?

La Fédération des bibliothécaires brésiliens (Marcia Rosetto responsable des associations des bibliothécaires du pays) a proposé un questionnaire permettant à la fois un état de l’art sur les connaissances et les pratiques des bibliothécaires en « information literacy » et l’identification de paramètres contribuant à une évolution des compétences professionnelles permettant de répondre aux exigences futures intégrant l’information literacy. Une enquête qui montre le chemin qu’il reste à parcourir entre l’état des lieux et l’expression des besoins pour répondre aux demandes de la société de l’information et de la connaissance.

La formation des professionnels de l’information.

La contribution de Alice Miranda et J.A.Menes articulent les recommandations et textes fondamentaux de l’information Literacy et le curriculum mis en place dans la formation des étudiants de l’école de bibliothéconomie, documentation et information de l’université nationale du Costa Rica. Analyse comparative et exemples concrets enrichissent le travail collaboratif entre les pays Latino américains (Programme Infobila). La constitution d’une base de données regroupant les publications de chercheurs et enseignants dans les domaines de la numérisation, de l’accès à l’information à distance, du catalogage, de la terminologie…est en place.

La formation des personnels est primordiale, elle demeure un problème dans certains pays (ref. exposé de Ingrid Iton de la Barbade).

La formation de la maternelle à l’université.

Estela Morales Campos (Mexique) pointe un autre problème crucial pour la région, si l’on veut parler de « l’alphabétisation informative pour tous », il faut résoudre le problème de l’alphabétisation. Il est nécessaire de développer des programmes de lecture afin d’accélérer l’entrée dans la société l’information. Cela implique de reconnaître la diversité culturelle, de résoudre tous les aspects de la fracture numérique, non seulement les problèmes posés par l’accès à l’information mais aussi ceux engendrés par l’absence de maîtrise de l’information. De nombreux pays en voie de développement se situent dans une phase 1 d’un programme alphabétisation : une école une bibliothèque, un livre ; en revanche la phase 2 l’alphabétisation « informative » menant à la connaissance n’est pas atteinte : lecture, réflexion/abstraction.

Dans son exposé elle rappelle la nécessité d’une intervention des pouvoirs publics mais aussi une responsabilité partagée de l’Ecole, des bibliothèques et des associations professionnelles. On sait que les bibliothèques ne peuvent, à elles seules, jouer un rôle de moteur dynamique.

Martha Terry (Cuba), pointe la nécessité de programmes « d’alphabétisation informationnelle », qui s’inscrivent de la maternelle à l’université et se prolongent tout le long de la vie. Elle souligne le terme alphabétisation informationnelle et non informative et la nécessité d’harmoniser au niveau du secteur latino américain le vocabulaire affichant un certain volontarisme à se démarquer de l’utilisation de terminologie anglo-saxonne.

Latin America and the Caribbean

Libraries: dynamics of information literacy in Latin America and the Caribbean