>>>Comptes rendus des boursiers 2000, Jérusalem

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Le site web a été ouvert trop tard pour que soient enregistrés les rapports des boursiers de 1999. Vous trouverez donc ci-dessous les rapports de Jérusalem, au fur et à mesure de leur réception.

Il est rappelé que ces rapports sont nécessaires pour percevoir une bourse du CFI. Ils doivent être brefs (2 pages), informatifs et pertinents afin d'apporter à ceux qui n'ont pu aller au congrès les nouveautés, les idées intéressantes. Il faut donc se limiter à signaler "la" communication importante ou le projet significatif d'une section. Donner l'URL de telle communication est très utile puisque nous sommes "en ligne".

CONSIDÉRATIONS DE POLITIQUE GÉNÉRALE par Christian Lupovici

Le Congrès s'est tenu dans un lieu hautement symbolique, choisi pour un anniversaire chrétien. Mais tenir un congrès à Jérusalem au moment où les négociations de paix entre palestiniens et israéliens achoppent sur le statut de la ville sainte, c'était prendre un risque important que l'IFLA, engagée de longue date dans l'organisation de cette manifestation a dû affronter. Le congrès fut donc boycotté par les pays arabes, soumis à des pressions politiques répétées des palestiniens et les orateurs israéliens n'ont pas manqué d'ajouter de l'huile sur le feu par des discours provocateurs dont le message s'est heureusement perdu dans les arcanes des traductions simultanées.

Il faut rendre hommage à Christine Deschamps et au bureau exécutif de l'IFLA d'avoir su gérer cette situation au mieux pour que rien ne perturbe le congrès et qu'il soit ressenti par la plupart des congressistes comme un excellent congrès professionnel.

IFLA EXPRESS

Il est paru quotidiennement en français, grâce à une équipe de l'ENSSIB et au CFI. Si l'on en juge par la disparition des exemplaires publiés, il a été lu.

CD-ROM IFLA

Dans leur mallette, les congressistes ont trouvé un CD-ROM offert par Silver Platter où sont enregistrés les textes originaux de la conférence (ceux disponibles au 30 juin 2000). Utile en cas de panne de réseau, mais ne pas oublier IFLANET (sur le site miroir de l'INIST).

RÉORGANISATION DES PROGRAMMES FONDAMENTAUX

Christine Deschamps a présenté, dans la séance inaugurale, la question de la révision des programmes fondamentaux :

LA FORMATION PROFESSIONNELLE COMME PRIORITÉ

La formation professionnelle est une obligation première pour l'IFLA selon les termes de Christine Deschamps dans la séance d'ouverture. Dans l'évolution des techniques documentaires que nous connaissons, l'IFLA a pris conscience de l'importance de l'amélioration de la formation professionnelle :

SECTION DES SERVICES DE BIBLIOTHÈQUE POUR UN PUBLIC MULTICULTUREL, par Marie Polderman

Lors de la Conférence, un atelier était organisé par la section sur le thème des services de bibliothèque pour les communautés arabes. Atelier qui a rencontré beaucoup de succès (soixante-dix inscrits, cinquante participants).

Les intervenants ont livré le fruit de leurs études et recherches dans ce domaine.

Erling Bergan, bibliothécaire norvégien, s'est attaché à décrire le réseau des bibliothèques palestiniennes. Après avoir évoqué le contexte historique et politique de la situation actuelle de la communauté palestinienne en Israël, il a brossé l'état existant des bibliothèques en territoire palestinien ; 295 bibliothèques sont recensées en Palestine, privées, scolaires (70), publiques (60). Leur financement est assuré par l'Autorité palestinienne, par des dons, et par des droits d'inscription. Des problèmes existent liés au contexte politique : les restrictions aux déplacements rendent difficiles les échanges entre bibliothécaires ; la censure est un frein aux politiques d'acquisition des bibliothèques ; la formation des bibliothécaires étant insuffisante, en découle une formation des usagers souvent inexistante.

Benedikte Kragh-Schwarz, a décrit le service central de bibliothèque pour les migrants, dont elle est responsable au Danemark. L'immigration est dans ce pays un fait relativement récent (depuis le début des années 70 environ), et d'une ampleur moindre que dans les autres pays de la région. Cependant l'éparpillement de cette population migrante sur l'ensemble du territoire a imposé une organisation spécifique des services de bibliothèques offerts.

La bibliothèque dont Benedikte est responsable n'a pas de contact direct avec le public ciblé. Elle propose aux différentes bibliothèques publiques du pays des documents multisupports et multilingues (avec un catalogue également multilingue) pour un prêt d'une durée de trois à six mois.

Sont également proposés sur Internet des services spécifiques pour les migrants au Danemark. Objectif : permettre une réelle intégration dans le respect des cultures d'origine. Pour Benedikte : « Les bibliothèques présentent différentes facettes. L'accès à l'information, la lecture pour le plaisir en sont juste quelques-unes. Être un lieu public où se rencontrer est devenu essentiel dans l'usage que font les minorités culturelles d'une bibliothèque ».

M. Sever, bibliothécaire israélien, a évoqué le réseau des bibliothèques palestiniennes d'un point de vue israélien.

Cet atelier s'est poursuivi par un après-midi d'étude au Centre culturel Ibdaa du camp de réfugiés palestinien de Dheisheh à Bethléem. Ce centre s'est créé et se développe à l'initiative des habitants du camp et est surtout financé par les dons d'associations et d'institutions occidentales. Une petite bibliothèque pour enfants se constitue peu à peu. Une salle informatique avec une dizaine d'ordinateurs est accessible aux jeunes du camp. Cependant il faut souligner la modestie du fonds proposé à la population du camp laquelle s'élève à quelques 11 000 habitants. De plus les habitudes de lecture n'existent pas dans les familles palestiniennes en dehors des manuels scolaires.

À l'extérieur du camp, visite du centre culturel pour enfants de Bethléem : créé au début des années 90, dans le contexte de l'Intifada, ce centre se voulait alors comme un lieu « sauf » où les enfants de Bethléem, des villages environnants et des camps de réfugiés pouvaient jouer et découvrir leur culture (musique traditionnelle, danse, artisanat, littérature, histoire de la Palestine etc.). Actuellement le centre se compose d'une bibliothèque de 3 000 livres, d'une salle informatique équipée d'une dizaine d'ordinateurs, d'un laboratoire de langues, d'une salle de jeu, et d'une salle d'exposition sur l'héritage palestinien.

Marie Polderman, FADBEN

SECTION ÉDUCATION ET FORMATION, par Claude Morizio

1. Des normes ou lignes directrices pour les formations professionnelles

La session publique était cette année encore consacrée à ce dossier, pour en voir l'aboutissement. Un texte définitif est désormais disponible, et pourra être soumis à la traduction après les derniers ajustements de détail.

Depuis le congrès de Bangkok, où ces lignes directrices avaient étaient présentées, s'était mis en place un dispositif d'évaluation du texte dans plusieurs pays du monde anglophone (États-Unis, Grande-Bretagne, Afrique du Sud, mais aussi Norvège). Présentées à la fois comme un cadre théorique, une aide à la définition de compétences professionnelles, elles ont été proposées à des universités et associations professionnelles pour avis, testées auprès de praticiens, responsables de formation et employeurs. Elles ont été bien accueillies, même si on peut leur reprocher leur orientation un peu trop nord-américaine. Il apparaît que les différentes professions de l'information-documentation sont en train de se rejoindre, et les préoccupations ne peuvent se limiter à celle des bibliothécaires. En conséquence, le professionnalisme doit être compris comme une attitude, plus qu'un niveau de qualification.

2. Deux communications importantes ont permis d'enrichir le débat :

Pete Dalton et Kate Levinson se sont livrés à une étude comparative des formations en bibliothéconomie pour poser la question des critères d'habilitation accordés aux professionnels de l'information.

Une recherche financée par l'IFLA, et menée au laboratoire de recherche en Information de l'Université de Birmingham, en Angleterre, a permis de dégager un certain nombre de constats.

D'abord, qu'il n'existe pas de référentiel de compétences à l'échelle internationale, et qu'il n'y a pas non plus de système homologué de définition des équivalences. Ils rappellent à cet égard que la section « Éducation et Formation » a entrepris un recensement des modalités d'accréditation dans les différents pays du monde pour en constituer une base de données. La difficulté semble résider dans une différence fondamentale : l'organisme d'habilitation. Dans certains pays, ce sont les associations professionnelles qui la décernent, dans d'autres, c'est l'État. Les auteurs proposent donc trois approches différentes pour faire avancer la réflexion sur les équivalences de compétences professionnelles :

Par les associations professionnelles

On s'appuie simplement sur la validation du corps professionnel pour définir le contenu des formations. Les demandes provenant du marché du travail ne sont pas forcément relayées, et les équivalences sont accordées principalement au sein du groupe des associations anglo-saxonnes. Cela suppose également qu'il n'y ait qu'une grande association professionnelle reconnue et habilitée à jouer ce rôle.

Par une qualification universitaire

Il s'agit dans ce cas de définir un système d'équivalence entre diplômes. Une base de données pourrait les recenser finement, avec des précisions sur les niveaux de qualifications auxquels ils correspondent. Mais c'est alors négliger les critères professionnels, davantage mis en avant dans le premier système.

Par des contenus de formation homologués

Plutôt qu'un diplôme, on listerait des modules de formation, avec des indications de contenu qui correspondent aux critères définis par les professionnels. On définirait ainsi le niveau de compétences d'un individu en fonction des modules suivis. La difficulté réside alors dans la détermination des contenus de formation, qui deviennent soumis à jugement. Entre le titre annoncé d'un module de formation et son contenu réel, il peut y avoir diverses déclinaisons possibles.

En conclusion, les trois systèmes ont des avantages et des inconvénients, et la réalisation d'un outil pour faciliter l'établissement d'équivalences reste difficile, mais le problème n'est pas réservé aux professionnels de l'information. La première démarche réside d'abord dans la collecte des données nécessaires à l'avancement du projet, sous la responsabilité des divers corps d'accréditation. Une analyse des données ainsi recueillies, sur les recommandations de l'IFLA, pourrait permettre de choisir la voie dans laquelle il conviendrait de s'engager.

Shifra Baruchson-Arbib, enseignante à l'Université de Ramat Gan (Israël), a, quant à elle, abordé une nouvelle spécialité de la bibliothéconomie, qu'elle appelle « science de l'information sociale ».

Elle est elle-même à l'origine de cette spécialité, et l'auteur d'un ouvrage qui en décrit les différents aspects. Son objectif est de donner davantage d'impact au rôle social des bibliothèques, et de définir en quelque sorte une nouvelle profession pour les bibliothécaires. Sa communication s'appuyait sur une étude menée auprès des étudiants ayant déjà bénéficié de cet enseignement.

La science de l'information sociale concerne la recherche et le traitement d'une information d'ordre social et médical en fonction des besoins d'une société, contrepoids au développement des technologies dans une société qualifiée « d'information ». L'homme contemporain a besoin d'avoir accès à des données directes, ainsi qu'à des informations lui permettant d'interpréter son environnement, de prendre les bonnes décisions dans sa vie personnelle et professionnelle.

Le programme de formation proposé par l'Université de Ramat Gan dans le cadre de la formation des bibliothécaires s'est donné comme objectif prioritaire d'intégrer cette préoccupation dans la formation des personnels travaillant dans les milieux de l'éducation, de la culture et de la santé. Mais tous les étudiants ont été sensibilisés à cette approche quels que soient leurs objectifs professionnels.

Une évaluation menée auprès des étudiants, 6 ans après l'introduction de ce programme optionnel, montre que 20 à 25 % ont choisi la spécialisation, sans garantie de réinvestissement professionnel. La majorité d'entre eux se sont dits davantage concernés par les requêtes de leurs usagers dans ce domaine. Ils ont également l'intention de développer cette préoccupation dans leur cadre d'exercice ou à titre personnel.

En conclusion, les bibliothécaires auront à communiquer de l'information avec sensibilité dans les situations délicates, tout en en préservant la confidentialité. L'auteur espère qu'aborder l'information sous un angle social contribuera à apporter un regard humaniste sur les innovations technologiques de nos sociétés occidentales.

Ces deux communications et le débat qui s'est ensuivi ont mis en relief la dimension humaine du métier de bibliothécaire, dont les programmes de formation doivent tenir compte.

3. Zoom sur l'enseignement de la bibliographie

Dans un atelier organisé conjointement par les deux sections (Bibliographie et Enseignement et formation), on s'est posé cette question avec beaucoup de précision. Si les compétences en bibliographie sont toujours nécessaires, les moyens d'accéder à l'information sont aujourd'hui en évolution, et il devient nécessaire de repenser l'enseignement de la bibliographie.

J. H. St J. MccIlwaine, de l'École de bibliothéconomie de l'Université de Londres, nous a présenté les modalités de formation mises en place dans son institution. Dès le départ, les étudiants sont placés en situation d'usagers ayant un besoin personnel d'information, en faisant appel à des ressources pour y répondre. C'est en menant la recherche d'information qu'ils vont être sensibilisés aux aspects théoriques du traitement documentaire, en identifiant les sources, les organismes et la structure des informations. Il est nécessaire qu'ils comprennent la continuité de la production et de l'organisation de l'information, qu'ils appréhendent la dimension historique du sujet, qu'ils analysent les problèmes de langue et de terminologie.

Par la suite, les enseignants demandent aux étudiants d'imaginer une bibliothèque virtuelle et de concevoir un système d'information adapté. Ils peuvent ainsi expertiser les systèmes qu'ils ont fréquentés et « corriger » les défauts qu'ils ont identifiés.

Pour Mona Madsen, de l'École de bibliothéconomie de Copenhague, l'accent doit aujourd'hui davantage être mis sur la théorie et la méthodologie plutôt que sur l'application de techniques, afin de développer chez les futurs bibliothécaires des compétences d'analyse critique.

En effet, les données accessibles par l'intermédiaire des réseaux peuvent être bibliographiques, mais aussi factuelles, et les professionnels doivent pouvoir faire des recherches efficaces avec une diversité d'outils, de surcroît constamment en évolution.

Enseigner la bibliographie est donc toujours une nécessité, mais avec des objectifs élargis.

Retha Snyman, du département des Sciences de l'information de l'Université de Pretoria, s'interroge, elle, sur la nécessité du contrôle bibliographique et de son enseignement. Celui-ci lui semble toujours indispensable aujourd'hui, dans la mesure où il assure la qualité des bases de données, et continue à jouer un rôle d'interface entre le bibliothécaire et l'usager. Il ne faut pas négliger cependant l'impact des nouvelles technologies, qui permettent l'automatisation d'un certain nombre de processus. Il reste que le bibliothécaire doit toujours maîtriser des compétences en catalogage, enrichies par des capacités d'analyse critique, une « alphabétisation » informatique, et des qualités de communication interpersonnelle.

La formation des étudiants doit en conséquence évoluer pour s'adapter aux besoins actuels de la société.

À travers ces contributions et les échanges qu'elles ont suscités, on peut conclure que si l'enseignement des techniques de catalogage reste une des composantes de la formation des bibliothécaires, il doit cependant évoluer. Tous les intervenants ont insisté sur l'importance d'une prise de distance théorique par rapport aux normes et aux outils, et sur les capacités de recherche d'information qui doivent être celles du bibliothécaire, car celui-ci est avant tout au service de son usager ou de son employeur.

Claude MORIZIO, FADBEN

SECTION DES BIBLIOTHÈQUES POUR PUBLICS DÉFAVORISÉS, par Michel Rosenfeld

La Séance ouverte de la section, le 16 août, qui réunissait deux communications d'égal intérêt et d'égale valeur mais aux sujets et aux présentations différents (une communication en langue danoise des signes traduite en anglais parlé sur « les Orientations actuelles du développement d'un service moderne de bibliothèque publique destiné aux personnes sourdes et malentendantes au Danemark » par Anita Otte CLAUSEN et une communication en français parlé avec traduction écrite en anglais distribuée aux collègues présents sur « les Bibliothèques en milieu hospitalier et le réseau de lecture publique en France : quelles collaborations ' » par Claudie GUÉRIN) a en effet montré l'une des limites de son fonctionnement actuel aux membres de la section.

Lors de la réunion de semestre de la section en mars 2000 à Washington, les membres présents de la section avaient estimé que la série des quatre manuels que la section 9 a déjà publiés (Guidelines for library services to deaf people, Guidelines to library services to prisoners, Guidelines for Easy-to-Read Materials et Guidelines for libraries serving hospital patients and the elderly and disabled in long-term care facilities) devrait s'enrichir d'un cinquième manuel concernant les services des bibliothèques aux usagers dyslexiques.

En juillet 2000, la section 9 a publié un Guidelines for library services to persons with dyslexia. C'est donc tout naturellement que les membres de la section ont retenu le thème unique des services de bibliothèques aux personnes dyslexiques jeunes et adultes, lesquelles ont souvent des difficultés d'apprentissage et de pratique de la lecture, pour le Congrès de Boston.

Michel Rosenfeld

CONSORTIUMS, DROIT D'AUTEUR ET LIBERTÉ D'EXPRESSION,

Divers textes par Michèle Battisti (mbattisti@adbs.fr)

Trois thèmes seront développés dans ce compte rendu qui reprend quelques points essentiels des travaux de commissions, d'ateliers et de séminaires.

Note : les références ne signalent que les textes des communications disponibles sur le site de l'IFLA ou renvoient à des sites web fournissant des informations complémentaires.

Consortiums et licences

Lors d'un débat sur les licences de sites, il semble que le niveau national soit recherché, volontairement ou de manière informelle. Parmi les problèmes évoqués, l'hétérogénéité des situations, les budgets fondés sur les usages potentiels, l'accès aux archives, la clarification des responsabilités, la pondération de la hiérarchie des besoins, le recours aux intermédiaires, les relais en matière de financement pour les systèmes largement subventionnés par l'État.

Les premiers contrats conclus par les bibliothèques publiques (cf. Licensing and public libraries, Tuula HAAVISTO, www.ifla.org/IV/ifla66/papers/041-126e.htm ) permettent de préconiser la création de consortiums pour partager le poids du travail et des coûts, des formations aux règles du droit d'auteur, à la lecture et à la négociation des contrats consortiaux. Les contrats soulèvent des problèmes parce ce qu'ils modifient les règles de la propriété des documents, sont rédigés en anglais et dans un jargon juridique, proposés par les éditeurs et négociés par des professionnels. Les contrats ne doivent pas limiter pas les droits accordés par la loi (action d'EBLIDA (European Bureau of Library, Information and Documentation Associations), ils doivent être rédigés dans la langue du pays concerné et leurs clauses doivent être harmonisées au niveau international (action de l'IFLA).

La fourniture de documents numériques implique de nouvelles compétences au sein des bibliothèques. Dans ce cadre, il est recommandé de faire une veille sur le droit d'auteur et d'envisager des actions de lobbying. L'exposé suivant a évalué le poids du copyright/"fair use", créé dans l'environnement analogique, par rapport aux licences, répondant à des règles de droit privé, appliquées dans l'environnement numérique. Le point est fait sur la situation aux États-Unis où les tensions entre les deux systèmes s'exacerbent ainsi que sur les points clefs des licences et leurs implications.

Droit d'auteur

Le droit de prêt

Les pays d'Europe centrale et orientale candidats à l'Union ( Le droit de prêt public en Europe centrale et orientale, Kalju TAMMARU, Tuula HAAVISTO www.ifla.org/IV/ifla66/papers/043-104f.htm, doivent harmoniser leur législation avec celle de l'Union Européenne. La directive "droit de prêt" prévoit un système de rémunération au bénéfice des auteurs adapté aux objectifs culturels de chaque pays et qui permet d'exempter certains établissements. Les choix peuvent être variés tant en ce qui concerne la nature des bibliothèques exemptées, des auteurs et des œuvres concernés, des organismes payeurs, des destinataires ou de la base de rémunération. Une enquête (projet CECUP) permet de connaître les systèmes de droit de prêt existant ou prévus dans ces dix pays où les moyens financiers des bibliothèques sont très faibles.

Les auteurs israéliens sont rémunérés selon le nombre de prêts de leurs ouvrages en bibliothèques publiques. Le gouvernement a accepté de subventionner cette action dans un objectif de promotion de la littérature autochtone. Le calcul est établi en fonction du nombre d'emprunts d'ouvrages d'auteurs vivant en Israël, enregistrés par un échantillon représentatif de bibliothèques. Une étude similaire a été réalisée dans le secteur arabe.

Les exposés sur le droit de prêt dans les pays européens nordiques et les pays du Commonwealth ont mis en exergue des situations totalement variées, tant au niveau de l'apparition de ce droit, de l'objectif poursuivi, des sources de rémunération, des destinataires, du type de documents, des négociations possibles ou non, du mode de calcul, de l'importance de la rémunération. Le droit de prêt serait examiné dans le cadre de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) et de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Droit d'auteur : une question d'équilibre

Les systèmes de droit d'auteur et de copyright (L'avenir de la gestion des droits d'auteur en Europe, Michèle BATTISTI, www.ifla.org/IV/ifla66/papers/140-184f.htm) qui avaient établi un équilibre entre les usagers et les ayants-droit de manière différente en Europe sont bouleversés par le développement de l'environnement numérique. L'appareil législatif s'accroît au bénéfice des ayants-droit, et crée, pour répondre à cet objectif, obéir aux préceptes anciens et au souci d'harmonisation entre des traditions juridiques différentes, des concepts juridiques complexes. La gestion du droit d'auteur offerte dans ce cadre sera multiforme et la liberté plus grande procurée par le domaine contractuel risque, si des précautions ne sont pas prises au niveau politique, de léser les utilisateurs et de freiner la circulation de l'information.

Aux États-Unis, le Digital Millenium Copyright Act (1998) laisse planer le doute sur l'information destinée à la formation à distance et les possibilités de contourner les systèmes de protection dans le cadre d'usages autorisés, la loi sur les bases de données protège également les données factuelles, et l'UCITA (Uniform Computer Information Transaction Act) organise la primauté du droit privé des contrats sur le copyright. La disparition du copyright impliquerait des transactions plus complexes, poserait des problèmes de protection de la vie privée et de clivage social. Il est de ce fait important de connaître l'impact des nouvelles lois, de faire valoir les droits à la formation des usagers, d'être actif dans les négociations de licences et d'adopter de nouvelles stratégies dans le respect des règles du droit d'auteur.

L'examen des implications du droit d'auteur pour les bibliothèques (L'avenir de la gestion du droit d'auteur. Le point de vue des bibliothèques, Nuria GALLART, voir le programme de Jérusalem, réunion 184 : atelier des BU) met l'accent sur le poids des licences et la normalisation de leur mode de gestion, car le secteur privé investit massivement dans ce domaine et les bibliothèques acceptent souvent un rôle de relais. Il est important de négocier et pour cela d'effectuer une veille en matière de droit d'auteur afin de préserver les usages loyaux autorisés par ce dernier et la vie privée de ses usagers. Mais les bibliothèques sont aussi des producteurs et des hébergeurs de services, ce qui les oblige à acquitter les droits pour insérer des documents dans leurs collections, voire d'agir au nom des droits des communautés non engagées dans des processus d'édition classique, de prendre le relais pour des documents non publiés ou ceux faisant partie du domaine public, ce qui correspond à leur mission de conservation du patrimoine. Des niches importantes existent. Aux bibliothèques d'en saisir toutes les opportunités !

Le droit d'auteur menacerait-il l'accès à l'information et la liberté d'expression ' S'il est nécessaire pour stimuler la création, l'équilibre entre les intérêts des ayants-droit et du public est mis en péril par l'accroissement des durées de protection retardant leur classement dans le domaine public et, dans l'environnement numérique, par l'érosion des exceptions au droit exclusif, la multiplication des niveaux d'autorisation et l'accroissement des possibilités de contrôle. Pour préserver un droit d'accès à l'information, indispensable à la circulation de l'information et à la création, des exceptions devraient, plus que jamais, être accordées aux bibliothèques et à leurs usagers.

Le droit d'auteur dans les pays d'Europe centrale et orientale (Tuula HAAVISTO (CECUP, Finland) www.ifla.org/IV/ifla66/papers/040-140f.htm)

Des actions de formation avaient été organisées en Europe occidentale pour les bibliothécaires (programme ECUP - European Copyright User Group-). Dans les pays d'Europe centrale et orientale, le programme CECUP (Central and Eastern European Copyright user Platform) a sensibilisé les bibliothécaires au droit d'auteur dans l'environnement numérique, engagé le dialogue avec les ayants-droit, défini des codes de bonne conduite. Un dialogue fructueux a pu s'instaurer et les bibliothèques ont acquis une meilleure visibilité. Le projet CELIP (Central and Eastern European Licensing Information Platform) poursuivra cette action dans le domaine des licences.

Les bibliothèques et l'OMC

L'IFLA a publié un manifeste répondant à l'OMC qui, pour favoriser les investissements, prône l'absence de toute mesure discriminatoire en faveur d'un secteur, la spécialisation au détriment de toute activité marginale peu lucrative, préjudiciable aux activités des secteurs public et culturel. L'IFLA milite pour l'exclusion des bibliothèques des accords général sur le commerce des services. Dans le domaine du droit d'auteur, l'accent est mis par l'OMC sur l'innovation technologique, l'emploi, la valeur de l'information et la baisse du coût des produits et services. Ainsi, les exceptions au droit exclusif de l'auteur sont remises en question, et l'information publique ainsi que les services de fourniture de l'information risquent d'être privatisés. Non seulement la défense des droits des utilisateurs, l'utilisation non commerciale et l'équilibre des intérêts, qui s'imposent encore plus fortement pour les pays du Sud, ne sont pas des arguments recevables par l'OMC, mais les bibliothèques sont perçues comme des concurrents au secteur privé et l'on peut craindre de voir réapparaître les bibliothèques privées du passé.

Liberté d'accès à l'information et liberté d'expression

Accès équitable et universel à l'information : les défis

La sensibilisation à la censure varie dans le temps ou selon les pays et les communautés, pose des problèmes linguistiques dus, entre autre, à la variété des dénominations. Elle implique les notions de secrets commerciaux ou politiques dont l'extension et la privatisation des services publics limitent la possibilité d'accès aux documents.

La base de données Alexandrina, disponible en 2001, permettra de consulter les documents sur la censure et des ouvrages ou articles censurés dans l'histoire. Des relations seront é établies avec une base similaire développée aux États-Unis.

L'étude menée au Kosovo sur la destruction des bibliothèques permet de rappeler que les obstacles à l'accès à l'information peuvent aussi résider dans des fonds obsolètes, des systèmes de gestion démodés, des compétences non développées, et que la sensibilisation doit être envisagée dans un sens large, englobant les milieux politiques, le public et les professionnels.

Une autre intervention (http://www.ifla.org/III/clm/copyr.htm) a mis l'accent sur les interactions entre l'économie et la création artistique. L'impact de la religion est évoqué ensuite avec le cas Rushdie, résolu grâce au recul pris par le protagoniste et ses défenseurs et à une redéfinition de la négociation sur le plan politique et non religieux. Il est important que la création soit à l'abri d'influences commerciales, politiques et religieuses. Et les bibliothécaires ont un rôle à jouer dans ce cadre.

Michèle Battisti ( mbattisti@adbs.fr )

GROUPES DE TRAVAIL « ISBD (CM) » « ISBD » « INTERNET ET MÉTADONNÉES », par Pierre-Yves Duchemin

GROUPE DE TRAVAIL « ISBD (CM) »

J'ai été convié à participer à un groupe de travail pour la révision de l'ISBD (CM) en 1998 lors de la Conférence d'Amsterdam puisque j'ai participé à la révision de l'ISBD (CM) en 1987 et j'en ai assuré la traduction française publiée par la Bibliothèque nationale de France. Le but de cette révision est de rapprocher l'ISBD (CM) et l'ISBD (ER) pour le traitement bibliographique des documents cartographiques électroniques, que ce soit sous forme de fichiers informatiques, de disques optiques compacts, de pages Web ou de tout autre support technique. En effet, il est notable que les documents cartographiques sont parmi les plus nombreux à apparaître désormais sous la forme de documents numériques « natifs », l'édition papier n'étant presque parfois plus qu'un produit.

Le second projet de l'ISBD (CM) révisé a été rendu disponible sur le site IFLANET de la section afin de susciter des commentaires reçus jusqu'à fin juillet 2000. Pendant la Conférence de Jérusalem, le groupe de travail s'est réuni trois fois pour finaliser le projet, avec l'assistance du Groupe de révision des ISBD.

Parmi les commentaires reçus, figurent plusieurs remarques de cartothécaires des États-Unis qui mettent en avant le fait que la nouvelle version de l'ISBD (CM) ne respecte pas les AACR2 ! Il s'agit là d'une erreur d'interprétation qui ne sera pas prise en compte : les AACR, les normes AFNOR et les normes allemandes, russes, etc. sont des interprétations nationales de l'ISBD, et non l'inverse ! La plus grosse difficulté à résoudre tient au fait que l'ISBD (ER) étant lui-même en révision, il va nous falloir attendre la fin de ces travaux afin d'assurer une parfaite cohérence des deux ISBD.

Il reste à achever la mise en forme du texte et à ajouter des exemples espagnols (à recevoir cet automne), allemands et russes. Le texte une fois finalisé sera traduit en français par mes soins et présenté sur le site IFLANET de la section.

GROUPE DE RÉVISION DES ISBD

John Byrum (Bibliothèque du Congrès et animateur du groupe) m'avait inscrit en 1999 sur la liste de discussion du groupe de révision des ISBD et je suis avisé de l'avancement des travaux. Parmi les préoccupations du groupe, il est intéressant de noter que la réflexion semble dorénavant se porter vers une révision globale des ISBD à travers la révision de l'ISBD (G), réflexion qui, à terme, pourrait aboutir à la création d'un ISBD « intégré  » qui pourrait gérer tous les types de documents. La décision n'est pas encore prise mais tout laisse à penser qu'elle le sera dans un avenir proche. La réflexion sur les « spécifications fonctionnelles » se poursuit.

GROUPE DE DISCUSSION « INTERNET »

Dans le cadre du sous-groupe « métadonnées » du groupe de discussion Internet, le groupe a recensé les normes ou standards nationaux ou internationaux existant sur ce sujet. Avec l'émergence de XML, des « meta-tagged data » et l'utilisation grandissante du Dublin Core, la question peut se poser ainsi : « comment les bibliothécaires peuvent-ils s'engager à promouvoir et utiliser ces normes ' » Sur ce plan, il apparaît clairement qu'une organisation telle que l'IFLA devrait s'intéresser plus profondément à la question et publier, si ce n'est un texte qui pourrait à terme devenir une norme internationale, du moins des recommandations quant à l'utilisation du Dublin Core. La conclusion du groupe est de présenter une résolution demandant à la Section « Technologies de l'information » de se pencher concrètement sur la question et de l'inscrire à son programme de travail, en liaison avec la section « Catalogage » et le programme fondamental « Universal Data-flow and Telecommunications ». Entre chaque Conférence générale de l'IFLA, le lien et la discussion entre les membres du sous-groupe sont maintenus grâce à l'ouverture d'une liste de discussion spécifique sur le serveur IFLANET.

GROUPE DE DISCUSSION « MÉTADONNÉES »

Ce groupe tenait sa première réunion cette année et la réunion inaugurale a été l'occasion d'établir une liste de questions qui seront ultérieurement traitées par des groupes ad hoc. Ont été ainsi mis en avant les grands principes suivants :

GROUPE DE DISCUSSION « BIBLIOTHÈQUES NUMÉRIQUES "

Créé sous l'égide de la section « technologies de l'information », ce groupe de discussion tenait lui aussi sa première réunion à Jérusalem. Comme il fallait s'y attendre, ce sujet a suscité un grand intérêt et la salle dévolue à cette réunion s'est très vite révélée incapable d'accueillir l'assistance. Il s'en est suivi un exode massif vers l'auditorium dans lequel, quelques heures plus tard, se tenait la séance inaugurale !

De très nombreuses questions ont fusé et, tout de suite, selon l'intérêt des participants, se sont créés quatre sous-groupes dont les conclusions ont été synthétisées par quatre rapporteurs. Les thèmes principaux qui ont été débattus concernent la constitution des collections d'une bibliothèque numérique, le catalogage, la normalisation des formats numériques, les échanges, la gestion des droits, et le public auquel on s'adresse en proposant une bibliothèque numérique.

À noter la mauvaise humeur des représentants de certaines sections devant la création de ce groupe de discussion transverse... Dans l'organisation actuelle de l'IFLA, un thème aussi large ne peut être traité complètement par une seule section et doit impérativement faire l'objet d'une coopération.

La section « technologies de l'information », pilote du groupe de discussion, va mettre en place une liste de diffusion spécifique via IFLANET.

Pierre-Yves Duchemin

SECTION GESTION ET MARKETING. Défis et gestion du changement, par Laurence Fioux

La Séance plénière organisée par la Section Gestion et Marketing avec les Sections Technologies de l’information et Bibliothèques de sciences sociales comportait plusieurs interventions autour des thèmes : « Compétences pour construire le changement, en management et marketing, pour l’ère de l’information » et « Changements de structures et de procédures de travail en bibliothéconomie ». Certaines interventions d’autres sections (Bibliothèques scientifiques et techniques, Acquisitions, Technologies de l’information) ont révélé des préoccupations voisines mais avec des éclairages différents.

L’interrogation dominante qui s’est dégagée de toutes ces interventions riches de contenus divers et des débats qui les ont suivies, pourrait se formuler ainsi : quels sont les défis et les directions nouvelles auxquels doivent se confronter et que doivent suivre les bibliothèques et leurs personnels, quelles peuvent être les réponses adaptées et les compétences requises pour conduire le changement, évolution ou révolution '

Les interventions se sont organisées autour de deux axes :

Deux interventions plus théoriques ont tenté d’analyser le contexte actuel, le monde en mutation dans lequel se situe la bibliothèque.

Pour Madame Tatiana Ershova (directeur de l’Institut russe de l’information), nous sommes entrés dans l'Ère de l’information, le capital intellectuel devient le facteur essentiel de la croissance de cette société de l’information, ou encore société du savoir, fondée sur la connaissance. La connaissance est devenue une force agissante du développement social, la demande d’information et de connaissance est en augmentation constante. Composantes essentielles de cette société, les bibliothèques sont confrontées à de nouvelles représentations de la connaissance, à de nouveaux mécanismes d’appropriation des textes, à de nouvelles formes d’échanges intellectuels et culturels ainsi qu’à l’évolution du système d’apprentissage : réalité transversale, polymorphisme, métalecture, hypertexte, multimédia,... Ce changement tout autant socioculturel que technique pose la question de la place des bibliothèques dans cette société émergente où elles se doivent pourtant d’occuper une fonction clé dans l’accès à l’information pour le plus grand nombre.

Pour Madame Tang Shanhong (Centre d’information de la Défense chinoise), absente à Jérusalem mais dont l’intervention a été résumée, cette économie du savoir se caractérise par une gestion intensive de l’information et de la connaissance qui nécessite une nouvelle méthode de gestion : la gestion des connaissances qui est à la fois gestion de l’innovation (théorique, technique, organisationnelle), gestion du contrôle de l’information, de l’application des connaissances et des ressources humaines. L’environnement est donc devenu complexe, le contexte est qualifié « d’hybride », il s’agit d’organiser l’interface entre des documents imprimés et des ressources traditionnelles d’une part et la bibliothèque numérique en développement d’autre part. Dans ce contexte de migration vers la bibliothèque numérique, les intervenants ont dans un premier temps relevé les défis et obstacles notamment techniques qu’affrontent les bibliothèques dans leur processus de changement.

Pour M. John Akeroyd (South Bank University, Londres) le premier défi qui se présente est celui de la diversité des accès, de la difficulté de leur intégration. La bibliothèque hybride doit composer avec la pluralité des ressources électroniques souvent pourvues d’interfaces différentes ainsi qu’avec des missions traditionnelles, et donc développer une grande quantité de services personnalisés qui se doivent d’être intégrés. Ce premier défi que note aussi M. Chris Rusbridge (Glasgow University), dans une autre intervention faite au sein de la Section Technologies de l’information, est donc celui de la complexité et de la diversité de tous les aspects de la chaîne de l’accès à l’information, des barrières techniques qui font obstacle au développement de la bibliothèque numérique.

Les défis sont également d’ordre différent : défis économiques et juridiques liés à l’augmentation du coût de la documentation électronique et aux négociations de licences ; défis liés aux nouveaux modes d’assistance et de guidage des lecteurs face à l’explosion documentaire ; repérage et évaluation d’une information de qualité notamment sur Internet ; formation des usagers y compris par des programmes en réseau, des « didacticiels » sur le web. (Mme Kate Sharp, Bristol University).

Pour Madame Nurit Roitberg (Technion-Israel Institute of Technology, Haifa, Section des bibliothèques scientifiques et techniques), les défis sont également d’ordre organisationnel. L’évolution des modes de travail requiert un réexamen constant de la gestion des ressources humaines. Travailler dans des conditions de continuels changements, s’adapter à de nouvelles missions, de nouveaux partenaires, de nouvelles technologies, et accomplir toutes ces tâches avec souvent la même équipe pose un problème organisationnel crucial.

Laurence Fioux

MARKETING ET COMMUNICATION POUR LES BIBLIOTHÈQUES : Atelier de Haifa (8-11 août 2000), par Anne-Hélène Rigogne, BnF

Cet atelier a été organisé par la section Marketing et Management de l’IFLA, et plus particulièrement par Réjean Savard son président, par ailleurs enseignant à l’EBSI (École de Bibliothéconomie et des Sciences de l’information) de l’Université de Montréal.

Participants : 22 stagiaires et 9 intervenants de nombreux pays : Afrique du Sud, Angleterre, Bénin, Botswana, Brésil, Équateur, Espagne, France, Ghana, Hollande, Indonésie, Italie, Kenya, Népal, Québec, Sénégal, Suède, Suisse, Thaïlande, USA.

L’atelier s’est déroulé sur trois journées. Cet atelier traitait plus particulièrement du marketing et de la communication des bibliothèques nationales, universitaires ou spécialisées.

Des cours magistraux ont permis de présenter les principes de base du marketing.

Qu’est ce que le marketing appliqué aux bibliothèques ' Il s’agit de montrer que les services doivent être conçus en direction de l’usager : identifier ses besoins, élaborer des stratégies pour les satisfaire, clarifier ce que l’on fait, pour qui on le fait, et pourquoi on le fait.

Les bibliothèques doivent définir clairement leurs missions. Les réponses dépendent des caractéristiques de leurs usagers, de l’analyse des forces, faiblesses, des opportunités, et des menaces concernant leurs collections, leurs infrastructures, leur personnel et leur image. Des exemples d’énoncés de mission ont été présentés que ce soit pour des bibliothèques nationales ou universitaires.

Recueillir des données (existantes, enquêtes), définir des publics cible, utiliser le « marketing mix » avec ses cinq éléments : les services offerts, le prix, la localisation, la promotion et le personnel, évaluer sa démarche marketing, autant d’éléments de méthodologie qui ont été explicités.

La communication marketing est un élément important du marketing et comprend différents éléments : la publicité bien sur, mais aussi les relations publiques avec les médias, les mécènes, les élus, le public, le marketing direct par mailing, la promotion des services existants.

Du rapport annuel qui doit être explicite et concis, à la semaine d’amnistie (médiatisée) pour les retours de documents (plus agréable qu’une amende et plus efficace pour récupérer les documents non restitués !). Des exemples variés de promotion nous ont été montrés. Par exemple, quand le maire de Denver participe à l’heure du conte à la bibliothèque municipale, les journalistes sont là également.

L’American Library Association n’hésite pas à utiliser des vedettes (stars !) pour vanter l’utilisation des bibliothèques. Les campagnes faites par les bibliothèques suédoises sont également assez convaincantes, et pleines d’humour.

Le service auprès des usagers est un élément de communication évident. Sheila Webber de l’université de Sheffield en a présenté les aspects du point de vue du marketing. L’usager est un client ce qui implique un échange. Sa satisfaction se mesure par le service rendu comparé à son attente. Les bibliothèques doivent se donner les moyens de bien connaître ces attentes et de donner la bonne réponse. Le service rendu ne peut être simplement un accueil agréable du lecteur. La difficulté de définir les services est illustrée par les enquêtes. Par exemple : pour les étudiants du Queensland les attentes sont pour les quatre premières : une collection adéquate, une accessibilité aux documents, un catalogue commode, des heures d’ouvertures fonctionnelles, etc. Les points forts de l’existant sont.. l’accueil équitable du personnel, la propreté de la bibliothèque, le professionnalisme du personnel, la gentillesse.

Les activités de service sont mal aisément mesurables, variables, surtout car production et consommation du produit sont confondues. Le personnel doit être évidemment partie prenante de la démarche, qui doit s’appuyer sur une méthodologie précise, sur les expériences professionnelles connues.

La formation des utilisateurs fait également partie de la communication marketing, et en Suède la priorité est donnée à une approche pédagogique de la bibliothèque. Un travail suivi avec les enseignants, des cours d’initiation à la bibliothèque, un guide de la bibliothèque sur Internet font partie du quotidien. Mais à l’Université de Malmö présentée par Christina Tovoté, le directeur de la bibliothèque est également directeur de l’université de nouvelle technologie, les bibliothécaires participent à l’évaluation des étudiants. Les usagers ou clients de la bibliothèque sont soit des nouveaux étudiants, soit des personnes qui reviennent en formation à l’université ou qui suivent un enseignement à distance et les bibliothécaires suivent par leur offre ces évolutions.

Durant l’atelier, l’accent a été mis sur les présentations d’expériences du terrain : campagnes de promotion publicitaires, présentation d’exemples de cartes de lecteurs, de logos, expériences de partenariat, promotion par les expositions.

Pour ce qui est des cartes de lecteurs, des logos, a été réaffirmée la nécessité si possible de travailler avec des professionnels, et de définir son capital d’image de l’établissement. ( Marielle de Miribel)

Tom Wilde a présenté les différentes possibilités de récupération de fonds (contexte nord-américain !)

Présentation des expositions de la BnF qui sont facteur d’élargissement du public d’une bibliothèque patrimoniale (présentation des chiffres, des enquêtes de public), outil d’affirmation d’une identité de l’établissement (pour la BnF par la valorisation des collections, le souci de transmission du savoir, le choix de l’encyclopédisme, la valorisation des personnels impliqués dans les expositions)et outil de communication pour l’image de la bibliothèque (présence dans les médias, collaboration avec d’autres établissements, image d’ouverture à un public plus large)

Les stratégies de distribution physique ont été détaillées : localisation, signalétique, site Web.

La localisation des bibliothèques fait partie de la stratégie marketing également. Christie Koons de l’Université de Floride, nous a présenté les possibilités d’analyse des implantations de bibliothèques, travail qui doit bien sur être fait en amont du choix d’implantation : analyse des distances à parcourir pour le lecteur, analyse des populations, caractéristiques.

Une bonne signalétique est de toute évidence un élément indispensable de la stratégie marketing. Les grands principes nous en ont été rappelés : diriger, orienter, trouver, expliquer comment ça marche….

L’information à distance est donnée par le site Web, celui de la Bibliothèque nationale du Québec nous a été présenté. Ce site offre quelques particularités, numérisation de livres d’artistes, et les très populaires cartes postales.

Les questionnements à propos du paiement des services d’information ont été soumis par Sheila Webber de l’Université de Sheffield. Pourquoi donner un prix, que recouvre-t-il ' Il est nécessaire d’examiner le contexte du point de vue de l’offre aux utilisateurs (incitation, exigence plus grande), du personnel, des coûts induits (gestion du paiement), de l’environnement.

Le prix fait partie intégrante de la démarche globale du marketing, c’est à dire du service aux usagers.

Enfin Réjean Savard a conclu par des éléments de méthodologie pour l’élaboration d’un plan marketing.

Éléments théoriques et concrets ont alterné durant ces trois jours très denses. La diversité des intervenants et participants, les différences de leurs cultures professionnelles ont permis à tous d’avoir une vision de la démarche marketing, et de sa progression dans le milieu des bibliothèques.

Anne-Hélène Rigogne, BnF

SECTION DES ACQUISITIONS ET DU DÉVELOPPEMENT DES COLLECTIONS, par Marie-Joëlle Tarin (INRP)

1. Activités

La nouvelle édition de la bibliographie concernant les acquisitions et intitulée : « Acquisition and collection development bibliography » est disponible en ligne sur le site IFLANET. Elle regroupe environ 1200 notices, classées par ordre alphabétique d’auteur. Ce travail a été piloté par Tatiana Afanasieva (mko@rsl.ru). Une nouvelle édition (et non une mise à jour) du Handbook for the international exchange of publications aux éditions Saur est prévue pour 2002. 2. Séance plénière de la section : Le thème était le suivant : « Les bibliothèques et la documentation électronique ». Deux axes ont été développés :

  1. l’accès à l’information,
  2. la mise en place de nouvelles structures telles que consortium…

Une première intervention de J. S. M. Savenije et de Natalia Grygierczyk (Utrecht University, Netherlands) : « Libraries without resources : towards personal collections » a insisté sur les nouvelles fonctions des bibliothèques : assister les usagers dans la construction de leur collection personnelle. En fait, la bibliothèque aura un rôle de portail d’accès à des informations emmagasinées ailleurs mais alors se pose la question de l’accès aux sources. L’information étant stockée ailleurs voire n’importe où, comment garantir l’accès à celle-ci '

La bibliothèque doit dépasser son rôle de fournisseur de documents primaires. Elle devient invisible et c’est l’usager qui prend le rôle du bibliothécaire en décidant quelles données sélectionner, en organisant une collection « taillée sur mesure » avec l’aide d’outils proposés par la bibliothèque. La notion de développement des collections acquiert donc une nouvelle dimension, liée à la mesure de l’utilisation des collections.

Cependant, l’accès pour tous à l’information se fera avec des coûts différents et Yafan Song (library of Renmin University, China) dans son intervention : « Toward worldwide resource sharing – Collection development in china higher educational institutions » insiste elle aussi sur cette nouvelle qualité de service et sur les nouvelles fonctions des bibliothèques de recherche en Chine qui en plus de leur rôle de lieu de stockage physique des collections se doivent de fournir l’accès à tout type d’information via les réseaux créés depuis 1997 (Chinanet, Cernet…), et comme dans l’intervention précédente, elle conclut en expliquant que la construction de cette bibliothèque virtuelle ne pourra se faire qu’avec l’aide des fournisseurs, des chercheurs et des opérateurs dits « intelligents ».

Diann Rusch-Feja (Max Planck Institute for human development, Berlin, Germany): « Some consortial models for acquiring electronic resources in Germany » termine cette session en proposant quelques modèles pour acquérir des ressources électroniques en Allemagne, pays où il n’y a pas d’unité centrale mais une puissante structure fédérée. Chaque État présente des situations financières différentes et il existe un grand nombre de facteurs de concurrence voire de prestige entre les différents Länder. En fait, elle développe 4 modèles de consortia :

  1. modèle de regroupements de bibliothèques universitaires régionales, regroupant parfois plusieurs États (ex : Bade-Würtemberg, Bavière, Hesse…) ; plutôt pour la fourniture électronique de périodiques,


  2. modèle de regroupements de tous types de bibliothèques également par régions (ex : Berlin-Brandenbourg…). Une des bibliothèques du consortium est choisie pour conserver l’édition papier des revues et


  3. plusieurs contrats sont proposés (par licence, d’association…).


  4. regroupement de bibliothèques d’institutions de type « quasi » commercial et implantées sur des sites divers (ex : Max Planck Institute, Goethe institute…). Accès aux revues électroniques mais également possibilité d’archives. Il s’agit de systèmes d’accès hybride et il faut négocier avec des instituts de taille et d’intérêt différents (ainsi l’Institut Max Planck regroupe 81 établissements).


  5. Consortium supra régional, voire national regroupant tous types d’institutions. Ce modèle n’existe pas en Allemagne car les Länder résistent.

Quel que soit le modèle choisi, l’auteur insiste sur les difficultés des négociations : parfois à cause des éditeurs, parfois dues aux clauses des contrats (durée, annulation des éditions papier, accès à distance…), parfois dues aux conditions financières, aux choix des thématiques. En conclusion, elle rappelle qu’il ne faut jamais perdre de vue les usages.

3. Atelier

Il avait pour pour thème : Comment réorganiser nos collections dans un environnement électronique ' Larry Alford (Deputy University librarian at the University of North Carolina, US), auteur de la première communication a centré son propos sur l’impact des ressources électroniques sur l’organisation des collections. L’acquisition de ces nouveaux types de documents implique pour les professionnels une parfaite connaissance des contenus, une analyse des coûts (rapport qualité-prix), une adéquation entre les différents produits proposés et les besoins des utilisateurs ainsi qu’une grande coopération. En effet, l’acquéreur aujourd’hui ne peut plus travailler seul dans un environnement électronique. De plus il doit également intégrer de nouvelles compétences techniques et d’expertise en questions juridiques pour pouvoir négocier avec les fournisseurs et éditeurs lors de la mise en place de consortia ; le but final pour la bibliothèque étant de donner le plus rapidement et le plus facilement possible l’information judicieuse à ses utilisateurs.

Jim Vickery (Director of collection development at the British library) a donné un exemple concret de cette réorganisation documentaire intégrant les nouvelles ressources numériques, à la British Library. Après un bref rappel de l’environnement, il a donné un emploi du temps détaillé de l’organisation de cette nouvelle structure puis il a décrit les différentes étapes du processus (sélection, contrôle budgétaire, stratégie de l’accès, licences, technologie de l’information, gestion, acquisition et catalogage, conservation et archivage) ainsi que la constitution de différents groupes de travail comme le Groupe de travail électronique, le Forum d’acquéreurs experts en documents électroniques. Enfin il a listé les différentes actions entreprises telles que la réalisation de fiches modèles, la création d’une base de données pour enregistrer les données pertinentes, la mise en place d’ateliers de formation, un budget spécifique ainsi que la création de nouveaux postes. Dans sa conclusion, il a insisté sur le rôle essentiel de la coopération interne mais aussi avec d’autres bibliothèques pour assurer la réussite d’un tel projet.

Yasar Tonta (Associate professor of Hacettepe University in Ankara) a repris cette idée de la coopération au sein des bibliothèques universitaires turques. Pourquoi devons nous coopérer '

Ce travail en réseau a permis de lister les doublons dans différentes bibliothèques et de dresser les coûts de la documentation dans chaque institution.

Ensuite Mr. Yontan a donné quelques exemples de consortia pour l’acquisition des documents numériques et a conclu sur la nécessité de coopération entre bibliothécaires, chercheurs, usagers pour que de tels projets puissent réussir.

Groupe de discussion : Licence d’exploitation de sources d’information électroniques

Frances Groen (McGill University for the Canadian National Site Licensing Project) a exposé la mise en place d’un projet pilote sur 3 ans, intégrant 64 institutions : « Canadian national site licensing project » (CNSLP). Un comité spécifique a été constitué et un calendrier des différentes phases a été mis en place. Pour plus d’information, contacter le site web : http://uottawa.ca/library/cnslp.

Elhanan Adler (Israel Inter-University Network, Jewish National and University Library, Jérusalem) a lui parlé du projet réalisé en Israël (3ème année en 2000) qui regroupe 8 universités et 2 collèges. Il intègre également d’autres institutions comme les bibliothèques d’hôpitaux. Le budget était au départ commun pour toutes les acquisitions d’abonnements électroniques mais des problèmes ont vite surgi comme le nombre d’abonnements par rapport à l’usage réel différent selon l’institution, la responsabilité de chaque bibliothèque dans le consortium, l’acquisition d’abonnement couplé électronique/papier ou non…

F. Lettenstrom (Academic Press, covering the territory of South Europe, Africa, South and Central America and Near/Middle East) a insisté sur la diversité de chaque pays (structure centralisée, décentralisée) et sur les divers types de consortia (ouvert, fermé…). Actuellement Academic press travaille sur les sujets suivants :

Marie Joëlle Tarin a présenté la création en France du premier consortium de bibliothèques universitaires : Consortium Universitaire des périodiques Numériques (COUPERIN): historique, mise en place et évolution.

Groupe de discussion sur les bibliothèques de dépôt et de stockage

Les intervenants ont tous insisté sur la nécessité de cataloguer les documents emmagasinés, ne serait-ce que pour le prêt entres bibliothèques. Dans le cas des documents électroniques, se pose le problème du copyright et de la volatilité de l’information sur le Web ; La différence entre dépôt et dépôt légal a été évoquée par Peter Lor (South Africa) qui propose 3 définitions pour le mot stockage :

En fait la question essentielle débattue au cours de la réunion de Jérusalem a été : Quelle valeur ajoutée peut on fournir avec la création d’une bibliothèque de dépôt '

Pascal Sanz (CTLES, France) a insisté sur les coûts engendrés par la mise en place d’une telle structure (coût par activité, coût par poste de travail, coût de construction…)

L’ensemble des intervenants ont également mis l’accent sur quelles collections préserver, combien d’exemplaires, quel type de document garder et faut-il conserver les documents électroniques dans leur forme originale ou bien les transférer sur un autre support.

En 2001, Le Canada et la Russie feront part à Boston de leur projet respectif et la John Hopkins University explicitera son travail visant à garantir les responsabilités des ressources stockées.

Marie-Joëlle Tarin (INRP)

SECTION DES PUBLICATIONS EN SÉRIES, par Catherine Omont

La traduction en russe du livre de J. Szilvassy « Basic Serials Management Handbook » est terminée ; elle a été relue par l’auteur et il reste maintenant à la publier. H. Walravens cherche une solution pour cette édition qui puisse permettre une diffusion gracieuse aux bibliothèques russes qui ne disposent pas de moyens pour l’acheter. La traduction française par C. Omont continue de progresser.

Le dépliant sur la Section des Publications en série a été remis à jour, en anglais. Une traduction française sera fait par C. Omont et il est aussi prévu d’en faire une en espagnol. Pour les objectifs à court terme, deux projets sont proposés :

H. Walravens se charge de rédiger la présentation de ces deux projets aux responsables de l’IFLA.

Le temps a manqué pour discuter du Programme à Moyen Terme pour les deux ans à venir. Un certain nombre de collègues, se retrouvant à Washington fin septembre, auront une réunion à ce sujet, et les propositions qui en découleront parviendront aux autres membres par e-mail.

La Bibliothèque du Futur

L'idée de bibliothèque, lieu unique où étaient rassemblés, classés, répertoriés toutes sortes de documents - et où se rendait un lecteur, chercheur ou étudiant - pour travailler sur des documents qui lui étaient réservés, peut paraître passéiste avec l'apparition des nouvelles technologies. On parle maintenant de Bibliothèque hybride ou de Bibliothèque sans-ressources ou bien encore de Bibliothèque virtuelle. Que sont donc ces nouvelles bibliothèques et que représentent-elles par rapport aux bibliothèques traditionnelles '

Tous les professionnels de l'information se disent un peu démunis devant l’ explosion de cette dernière, devant la multiplicité des sources possibles et la quantité d'informations disponibles. Ils sont concernés par la fourniture d'informations rapides mêmes si elles sont un peu grossières, mais aussi par la fourniture d’information suffisamment fine devant répondre aux besoins des publics spécialisés.

Bas Savenije et Natalia Grygierczyk (Utrecht) expliquent que dans la chaîne traditionnelle de l'information, les grandes fonctions étaient toujours séparées (production, diffusion, acquisition et consommation de l'information), tandis que dans la bibliothèque numérique, l'accès à l'information électronique doit être toujours possible, quelque soit l'endroit où elle se trouve. Alors que nous constatons une diminution des collections physiques de la bibliothèque, disent-ils, on voit en même temps un accroissement du nombre de références d'informations. La bibliothèque « sans ressources » devient pour les usagers le portail qui leur permet d'accéder aux informations. Le nouveau rôle de la bibliothèque, selon eux, tendrait à être un lien dans la chaîne de l'information et les tâches bibliothéconomiques seraient considérées comme des forces directement productives.

Pour Taly Sharon et Ariel Frank (Bar-Ilan University), les bibliothèques numériques se classent selon trois critères principaux :

Pour ces auteurs, comme cela a déjà été souligné précédemment, les moteurs de recherche exigent un énorme effort d'organisation et donnent souvent à l'usager trop d'informations grossières, mais en même temps, ils sont très utiles pour une information dont on a besoin rapidement. D’un autre côté, les bibliothèques numériques ont besoin d'être soutenues car elles donnent aussi à l'usager une information spécialisée de qualité, et ceci avec une grande facilité d'utilisation. Ces deux affirmations qui semblent contradictoires et exclusives ne le sont pas vraiment mais sont plutôt complémentaires, concluent-ils.

Chris Rusbridge (University of Glagow) et Brunbe Royan (CEO) eux aussi parlent des problèmes rencontrés par les professionnels de l'information pour fournir des services de haute qualité qui ne représentent pas seulement le monde des services de ce qu'on appelle la bibliothèque numérique. La complexité et la diversité de tous les aspects de la chaîne de l'accès à l'information pose problème aussi bien aux fournisseurs qui veulent offrir un service de qualité qu'aux utilisateurs qui cherchent à accéder à des sources pertinentes pour résoudre leurs problèmes informationnels. Pour ces deux auteurs la solution repose sur une bibliothèque hybride et leur communication souligne l'action entreprise par le JISC pour faire face à la diversité des ressources d'information en Grande Bretagne au niveau de l'Enseignement Supérieur. Deux actions sont à citer dans ce cadre :

Ces deux programmes tentent de se rejoindre avec l'orientation récente du JISC vers le développement des ressources numériques nationales réparties (DNER).

Le DNER se devait de répondre à deux objectifs :

Le DNER prévoit la mise en œuvre de portails orientés vers les utilisateurs. Ils sont conçus comme des interfaces web normalisées semblables aux interfaces de bibliothèque hybride du projet Agora, qui, rappelons-le fonctionne avec un partenaire commercial pour le développement d'une interface normalisée adaptée aux fonctions de la bibliothèque hybride et utilisant la norme Z 39.50. L'idée était d'intégrer plus de 40 bases utilisant cette norme. Ce projet qui n'a malheureusement pas été suivi du côté du partenaire commercial. Avec l'explosion sans arrêt croissante de l'information, il me semble que la bibliothèque du futur aura à jouer un rôle de tri, de réorientation et réorganisation de l'information en direction des différents publics qui en seront les usagers. Le rôle du bibliothécaire sera probablement dans un premier temps plus technique mais il gardera encore – du moins nous pouvons l'espérer – un rôle de guide et de conseil à la recherche, dans les domaines du numérique ou du traditionnel.

Catherine Omont