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Nous avons choisi cette année de retenir la thématique de l´accès (démocratique) à l´information et de l´illustrer par une sélection de cinq communications proposées lors de la 70ème conférence générale de l´IFLA à Buenos Aires. Nous traiterons ce sujet sous l´angle de l´accompagnement des citoyens à l´information, des conditions d´accès à celle-ci ou de la caractérisation de l´offre informationnelle. En effet, diverses minorités identifiables et caractérisables dans le monde ont des besoins d'information, des problèmes d'accès à celle-ci et deviennent également des enjeux pour les principaux fournisseurs d´information (périodiques en ligne, etc..) ou les systèmes politiques. Nous avons également choisi cinq communications qui renvoient à des secteurs d´activité, des domaines d´exercice, des cultures différentes : les États-Unis d´Amérique, l´Amérique du Sud, le Québec, Europe.
Permettre d´accès à l´information
Les représentants de l´Unesco au congrès ont rappelé les grands principes fixés par l´Unesco dans le domaine de la Société des Connaissances. En effet, l´Unesco a rappelé particulièrement que l´éducation constitue la clef de voûte fondamentale de la lutte contre la concentration des médias. Lors de la conférence de Genève de la SIMS, on pouvait remarquer que 75 points sur les 150 énoncés concernaient les missions et actions de l´Unesco.
Un ensemble de domaines d´intervention ont été cités :
Outre le rappel des grands champs d´action, M. Abid a mis l´accent sur la nécessité de s´organiser mondialement pour une éducation informationnelle (Information literacy -IL) des citoyens adultes et des plus jeunes. L´Unesco envisage d´ailleurs de lancer une campagne mondiale d´information. L´IL est un moyen de donner à chaque individu les possibilités d´apprendre de lui-même.
Afin de développer la diffusion de l´IL, un ensemble d´objectifs ont été présentés :
Les actions engagées progressivement seront à suivre au plus près dans les mois à venir.
Retrouver l´information perdue
Les éléments qui ont été communiqués lors de cette prise de parole n´étaient pas forcément d´actualité, mais ont fait partie de moments forts de ce congrès par la force des propos et le courage certain de Mme Sinay, à faire face à la situation chilienne des 30 dernières années.
L´intervenante à travers un rappel historique de la prise de pouvoir d´Augusto Pinochet en 1973, a analysé les effets du pouvoir dictatorial militaire sur la gestion et la fonction sociale des bibliothèques.
Les personnels de bibliothèques n´ont pas été épargnés par les arrestations et les disparitions. Des collections entières ont été détruites par les militaires sur des critères hasardeux et injustifiables. Par exemple, tout auteur de nom d´origine russe, slave, etc.. a été sorti des rayonnages et détruit sur la lancée. Les personnels des bibliothèques se sont souvent organisés afin de protéger les collections de telle destruction massive, d´autant que la plupart des responsables ont été des civils et non des militaires à la différence d´autres administrations.
Un autre temps a marqué cette période noire : celui de l´autocensure dans les politiques d´acquisition afin de pouvoir continuer de fonctionner le plus normalement possible. Parallèlement, les usagers se sont énormément limités dans leurs habitudes et leurs besoins d´information, sachant que toute trace de lecture pouvait être épiée, dénoncée, sanctionnée. Il s´agit là d´une autocensure de l´usager et des publics plus largement. Conjointement, le système politique tentait de maîtriser la situation en imposant aux responsables des bibliothèques des titres à acquérir.
Pendant une troisième phase sous cette dictature, a disparu la production éditoriale nationale, puisque les « intellectuels et auteurs » avaient ou bien péri ou s´étaient exilés. La chute sensible de la production livresque a entraîné d´une certaine manière un contrôle des acquisitions faites par les bibliothèques.
Actuellement, avec le retour de la démocratie, un projet baptisé « la Bibliothèque des retrouvailles » consiste à récupérer l´ensemble des titres publiés par les auteurs chiliens hors du Chili, pendant la dictature. Une partie importante des archives a été récupérée, notamment celles des états civils. Petit à petit, se reconstitue la mémoire collective du pays. Des fonds d´archives sur les droits de l´homme produites par diverses ONG ont également été regroupés. Les bibliothèques nationales dépositaires répondent dans l´ensemble présentes pour fournir au moins un exemplaire des publications des auteurs chiliens. La mise en place de la démocratie passera également par la récupération et la reconstitution de ces fonds.
Financer et évaluer l´accès à l´information
De nombreuses bibliothèques et, plus largement, de nombreux systèmes d´information s´interrogent sur l´offre d´accès en ligne à des périodiques électroniques, sans fondamentalement étudier les coûts engrangés par de tels choix. C´était la problématique centrale de ces trois communications, qui ont révélé des appréhensions variables de la situation actuelle en bibliothèques universitaires.
M. Kay a orienté son étude en observant au plus près l´université de Drexel (USA). En comparant les coûts entre le périodique classique et le périodique électronique, il semblerait selon lui, que le plus économique des deux soit la version électronique. Parmi les données présentées, on retiendra que le coût moyen d´un périodique papier serait de l´ordre de 17,50$ contre 1,85$ pour le périodique électronique. De la même manière, le coût de la consultation en ligne reviendra selon M. Kay à 5 fois moins que l´équivalent en version papier. Ces données devraient à terme avoir une incidence sur les choix d´acquisition des responsables des BU et plus largement des universités. Ce qui notamment rend le périodique électronique moins cher, c´est le nombre de connexions par année universitaire. Dans son observation de diverses universités, Virginie, Connecticut, etc, le chiffre moyen est de 270 000 connexions par année universitaire. La croissance moyenne actuelle pour les BU américaines est de + 5% de titres en plus par année universitaire. On peut parler de régulière progression mais pas d´explosion. Il semblerait également, qu´individuellement, l´accès à une version électronique permette une propension à consulter les collections de périodiques : effet direct sur la consultation des usagers. Toutefois, ce type d´argument oblige les responsables de BU à s´associer davantage avec les usagers afin de repérer les titres les plus prisés et attendus par eux. M. Kay a cité deux études de référence, récentes. L´une de George Machovec de la Carl University et l´autre, signée de J. Sack de janvier 2004.
In fine, pour M. Kay, les coûts initiaux paraissant souvent très élevés pourraient s´avérer beaucoup plus raisonnables qu´il n´y paraît, une fois confrontés aux pratiques de lecture et de consultation.
Le binôme de chercheurs composé de Ann Okersson et de Roger Schonfeld, a proposé une approche différente de celle de M. Kay, en utilisant la méthode dite de « l´analyse des cycles de vie ». Selon eux, il ne faut pas omettre que l´arrivée des périodiques électroniques génère de nouveaux coûts. Les coûts dits « associés » seraient lourds : nouveaux espaces, accroissement de workstations et, bien entendu, des coûts supplémentaires directs sur la masse salariale générale.
Leur étude porte sur 11 académies, et ils ont tenté de prendre en considération le plus grand nombre possible de coûts « indirects » avec notamment les masses salariales considérées. Par contre, et aussi surprenant que cela puisse paraître, les coûts de connexion n´ont pas été retenus (sans explication particulière d´ailleurs).
Les auteurs ont montré que les universités les plus importantes accusent les coûts les plus lourds également. Donc d´une certaine manière, l´accès aux périodiques électroniques pénaliserait les plus grandes universités.
Grâce à l´analyse « par cycle de vie », les auteurs ont fait la démonstration que les coûts s´accumulent au fur et à mesure que passe le temps, au moins les 3 premières années. Ce sont essentiellement des coûts de catalogage, de suivi du produit, etc.
Par contre, des coûts incompressibles sont difficilement supportables pour les petites BU qui voient au fil des mois des coûts indirects s´ajoutaient pour le suivi des collections et leurs accès. Le principe commercial du « zéro dollars » après achat est fondamentalement faux.
L´intervention du docteur Roswitha Poll portant entre autre sur la notion de « Cost accounting », rappela la difficulté d´évaluer les coûts de gestion de tels produits d´information. La tendance selon elle, consiste à négliger des coûts qui, pourtant, sont partie prenante de ces nouveaux supports. Il ne faut pas omettre en plus, que les bibliothèques offrant des services électroniques, sont capables d´avoir des retours d´investissement : revente d´informations à une université privée, retour d´investissement sur l´usager qui consulte, etc. A l´issue de cette communication, l´auditoire était convaincu d´une chose : l´évaluation des coûts directs et indirects sont particulièrement difficiles à appréhender avant de faire un choix économique rationnel et fonctionnel.
Proposer l´information spécialisée
Cette recherche qui vient de s´achever, a été menée auprès de la communauté des physiciens de l´université de la UBA (Universidad (Publica) de Buenos-Aires). Ce travail longitudinal mené sur 3 années portait sur la place qu´occupe actuellement une bibliothèque universitaire dans les pratiques de lecture et de recherche d´information des enseignants-chercheurs en science physique. Un premier constat est que les physiciens qu´ils soient en activité ou en train de mener leur doctorat utilisent et se déplacent de moins en moins en bibliothèques universitaires. Ils envisagent de faire appel aux professionnels des bibliothèques en cas de difficultés particulières non résolues au sein des pairs ou du laboratoire d´appartenance.
Leurs attentes en matière de politiques d´acquisition sont que les littératures proposées en bibliothèques universitaires soient de type « donnée scientifique nouvelle, innovante » et non pas littérature d´opinion du scientifique sur un sujet, ce que l´on retrouve encore trop souvent dans les rayonnages des BU.
Pour finir son exposé, Mariana Weissmann va jusqu´à émettre l´hypothèse que les BU scientifiques n´ont d´autre avenir, que d´être des lieux de conservation et lieu d´informations généralistes, au lieu d´apporter des réponses aux scientifiques, ce qui est de moins en moins le cas à la vue des données recueillies lors de cette recherche.
Découvrir l´information :
Cette année deux sections avaient choisi de s´associer pour parler des pratiques culturelles de lecture des plus jeunes. La communication du professeur Lebrun [1] de l´UqàM a attiré notre attention. À partir d´un croisement de méthodes pour recueillir les données, essentiellement par entretien par Focus Group et grilles d´entretiens individuels, Mme Lebrun a tenté de faire un état des lieux des principaux comportements de lecture des adolescents (du Québec).
Elle a d´abord pris soin de revenir sur ce concept d´ « Information Literacy » et a insisté sur le fait que les adolescents apprennent par les situations d´enseignement formel mais également, grâce à leurs pratiques de lecture personnelles. Dans ses pratiques personnelles de lecture, les bibliothèques jouent un rôle central, notamment dans la découverte des oeuvres classiques. La plupart des jeunes connaissant mieux les oeuvres classiques sont inscrits et fréquentent régulièrement les bibliothèques (municipales).
De la même manière, les enfants fréquentant des écoles possédant une bibliothèque scolaire active en offre de lecture, ont tendance ensuite à fréquenter davantage les bibliothèques de lecture publique. Parmi les 1737 jeunes interrogés, dont l´âge est compris entre 12 et 16 ans, on notera un ensemble de principes communs:
Moins convaincante fut la dernière partie de l´exposé de Monique Lebrun qui a essayé de présenter une typologie des principaux comportements de lecture des garçons et des filles (cf. article en ligne).
Pour conclure, nous souhaiterions mettre l´accent sur le fait que ce 70ème congrès, le premier en Amérique du Sud de l'histoire de l´IFLA, a été l'occasion de donner la parole à des conférenciers du continent sud-américain et de montrer des approches différentes voire contestataires des approches des pays les plus riches.
Vincent Liquète
[1] Monique Lebrun, vient de publier sous sa direction : Les pratiques de lecture des adolescents québécois. Editions Multimondes, 2004. Isbn : 2-89544-049-2
Ma participation au Congrès a été particulièrement centrée sur mon domaine d´activités. En effet, je suis membre élu du Comité permanent des bibliothèques pour l´enfance et la jeunesse qui réunit sous la présidence d´Ivanka Stricevic (Croatie) 18 bibliothécaires de différents pays (Pays-Bas, Singapour, Corée, Japon, Danemark, Suède, Norvège, France, Russie, USA, Allemagne, GB, Italie) ainsi qu´une dizaine d´observateurs. Ce Comité est très actif et travaille toute l´année grâce aux échanges via Internet entre ses membres. Une réunion de travail intermédiaire s´était tenue à Paris en février 2004 pour préparer le Congrès de Buenos Aires. Voici un état des actions en cours.
Je n´évoquerai que brièvement certaines des communications auxquelles j´ai assisté, en effet, on peut les lire sur IFLANET (entre autres les cessions n°144, 152 et 158). Concernant le public enfants, un certain nombre d´interventions ont présenté le rôle des bibliothèques jeunesse par rapport à la Convention des droits de l´enfant, ce qui semble être une préoccupation prioritaire, notamment dans les pays nordiques. L´UNICEF souhaite d´ailleurs s´associer aux travaux du Comité par rapport à la question des Droits des enfants. Plusieurs exemples de pratiques de diffusion du livre pour la jeunesse ont également été présentés de Colombie, de différents pays d´Afrique, Canada etc., que le livre soit diffusé dans des mallettes portatives, sous tente, etc. Parmi les intervenants argentins, on peut souligner la qualité de l´intervention de l´écrivain Mempo Giardinelli, également animateur et créateur d´une association très active dans le nord de l´Argentine pour que les jeunes accèdent au livre et au plaisir de lire ou de la psychologue Emilia Ferreiro sur la relation que les bibliothécaires entretiennent avec les nouvelles technologies.
Les bibliothèques publiques de Buenos Aires connaissent beaucoup de difficultés et ont très peu de moyens - elles ont également été très touchées par la crise économique de 2002. Notre Comité a pu heureusement visiter, grâce à Viviana Quinones de la Joie par les livres, deux lieux particulièrement dynamiques, même si les conditions matérielles y sont très difficiles. Nous avons été accueillis dans une bibliothèque scolaire également ouverte aux familles du quartier par un bibliothécaire (enseignant de formation et conteur professionnel) qui l´anime avec talent pour donner le goût de la lecture. Nous avons également découvert un Centre de ressources exceptionnel : La Nube, qui joue à la fois le rôle de centre de documentation sur le livre pour enfants et tout ce qui a trait à la culture des enfants (marionnettes, jeux etc.) et de lieu de lecture pour les jeunes. C´est également un lieu de conservation de livres pour la jeunesse. Constitué à partir de la collection personnelle de son directeur, ce centre va déménager dans 3000 mètres carrés dans un complexe qui regroupera également un théâtre pour la jeunesse et d´autres activités culturelles destinées aux enfants. La collection est internationale et ils accueillent également étudiants et chercheurs.
Il a été difficile de se rendre compte de l´état de l´édition pour la jeunesse argentine, car nous n´avons pas eu d´exposé sur le sujet, même si nous avons pu rencontrer un éditeur « novateur », Colihue. J´ai pu acheter quelques ouvrages intéressants dans la librairie de la Nube et en visiter plusieurs autres dont une située dans un ancien théâtre présentant une sélection d´ouvrages intéressante.
Il est difficile de résumer en quelques pages une semaine très intéressante et dense qui a permis de nombreux échanges avec les collègues des différents pays. Les documents produits par le Comité sont accessibles sur IFLANET. N´hésitez pas à me contacter au sujet des différents projets du Comité des bibliothèques pour enfants.
Viviane Ezratty
conservatrice en chef de l´Heure Joyeuse
heurejoyeuse@free.fr
« Ou Comment organiser le chaos ? »
Lors de la section plénière organisée par le section : « Acquisition et développement des collections » , le constat d´une fracture numérique entre les pays nantis et ceux qui n´ont rien a été rappelé ; De plus les difficultés économiques de l´Argentine sont toujours réelles alors pour survivre, il n´existe qu´en seule possibilité : la coopération.
L´exemple de « BIREME» : centre latino américain et carribéen d´information scientifique médicale » (créé en 1967) illustre bien cette nécessité de travailler en réseau pour faciliter l´accès à un grand nombre de revues (dans le domaine de la santé) mais aussi pour permettre des programmes d´acquisitions partagées ainsi que des échanges. En effet dans les pays latino américains, les collections de périodiques sont très fragmentaires et il est difficile pour chacune des bibliothèques de construire une politique d´acquisition compte tenu des restrictions budgétaires et des difficultés de survie du secteur de l´édition.
L´un des objectifs de BIREME a été de créer un portail de revues : Virtual Health libray (VHL) , donnant accès au catalogue mais proposant également des liens vers les sites des revues ou vers le texte intégral des articles.
D´autres projets voient le jour dans les années 1990 comme le projet SciELO (Scientific Electronic Library Online) qui permet d´accéder à des collections nationales de revues en libre accès. (http://www.scielo.org)
Comme l´a bien expliqué Rosane Taruhn (Sao Paulo, Brésil) dans son intervention intitulée : « Cooperative developement of journals collections in Health in Latin America and the Carribbean », la technologie est indispensable pour la constitution d´un tel réseau mais l´essentiel reste le travail coopératif
La section « Serials publications and other continuing resources » a elle aussi insisté sur ce travail en réseau et lors de sa séance plénière, elle a présenté divers projets issus tous de pays latino américains (mexicain, argentin, brésilien)
Ainsi le système d´information Latindex, créé en 1995 et regroupant 10 pays d´Amérique latine a accru la mise en valeur des publications scientifiques régionales et nationales alors qu´une nouvelle intervention sur le réseau ScieLO mais du point de vue du Chili insistait sur l´accessibilité à des revues locales et sur la mise en place d´indicateurs pour les évaluer et pour améliorer leur qualité scientifique ; le but étant de publier en local des revues scientifiques de bonne tenue mais également d´assurer leur visibilité au niveau international. (http://www.latindex.org)
B) Donc acquisitions partagées,travail en coopération mais comment organiser techniquement l´accès à l´usager ?
Tel était le thème de la section : « Information technology », pour sa conférence plénière.
Lyn Norris, (Eduserv, London) a centré sa communication sur le système de gestion d´accès : Athens d´Eduserv, permettant un accès plus facile aux ressources électroniques.
Ce système est utilisé en Grande Bretagne et donne accès grâce à un système d´authentification et d´autorisation à des ressources électroniques académiques pour des utilisateurs dans et hors campus. (http://www.athensams.net)
Mariane Afifi (Director of electronic resources & special projects development, University of Southern California) a proposé un autre projet : Shibboleth don´t le but est de développer « une solution ouverte et normalisée adaptée aux besoins des institutions en matières d'échanges d´informations concernant leurs usagers, selon des protocoles sécurisés » . Les bibliothèques, les éditeurs, les fournisseurs souhaitent tous des accès validés et protégés ; quant aux chercheurs, ils veulent que leurs propres données soient respectées et Shibboleth permettra de créer des groupes d´utilisateurs clairement identifiés et d´harmoniser ainsi les modes d´accès(http://www.shibboleth.internet2.edu)
La troisième intervention concernait l´Argentine qui a du trouver une solution face à une mosaïque de petits réseaux et aux mesures d´austérité drastiques, depuis 2001. En fait c´est une décision politique qui est à l´origine du portail argentin du savoir scientifique ; cette véritable bibliothèque électronique créée de toute pièce par le Secrétariat de la science, de la technologie etde l´innovation technique en décembre 2002 donne accès à plus de 3600 textes intégraux ; 50 insitutions sont membres et elle fonctionne avec des standards reconnus (adresses IP, authentification) ; des politiques de conservation et d´archivages sont également prises en compte (http://www.biblioteca.secyt.gov.ar)
C) De telles bibliothèques
numériques ont un coût (acquisition des bases, des bouquets mais également
mise en oeuvre de portails) et la « Section Statistics and
evaluation » en commun avec la section « university
libraries » avait justement
organisé sa session plénière autour de la thématique suivante :
« Prix de l´accès à l´infomation.
Ann Okerson (Yale University) a comparé
les coûts de gestion des périodiques électroniques et des périodiques papier et
elle a beaucoup insisté sur les coûts « cachés » qui peuvent être
différents selon le support
Pour les revues papier : prendre en compte les coûts de stockage, de reliure de personnel
Pour les abonnements électroniques : penser aux coûts de négociations, des licences, de l´accès (voire maintien) aux ressources et elle conclut en précisant qu´il ne faut pas oublier les archives et même si un certain nombre d´initiatives existent en ce domaine, nous ne savons pas aujourd´hui quel sera le prix à payer pour assurer la disponibilité à long terme des ressources électroniques acquises
Autre intervention intéressante, celle de Roswitha Poll (University and regional Library, Münster, Allemagne) qui dépasse le coût de la documentation électronique pour aborder le concept de comptabilité analytique considérée en fonction des missions et objectifs de la bibliothèque, et toujours en liaison avec les mesures de qualité.
D´ailleurs, lors une intervention précédente dans un Groupe de discussion sur la qualité, elle a introduit cette notion de qualité, insistant sur la performance qui doit être le but de tout service bibliothéconomique. Dans cette même session, elle a dégagé plusieurs concepts : globalité, » durabilité », conformité, validité, rapidité de l´information, tous à mettre en relation avec différents acteurs tels que nos usagers, nos tutelles financières, le personnel.
En effet nous devons savoir ce que pensent nos usagers d´une part et d´autre part analyser les besoins actuels et futurs de ceux ci afin de définir des buts précis, sachant que la qualité n´est pas une « notion figée » mais un concept dynamique et que le but final est de bien faire à tout moment.
Miguel Duarte (Spanish perspective) dans ce même groupe de discussion a parlé de l´expérience de la région Andalousie. Il a présenté le modèle d´évaluation propre aux universités de cette région, précisant que ce modèle est adapté du monde économique ; ce projet a donné naissance à un guide de la qualité, qui repose sur les notions suivantes : politique et stratégie, mise en oeuvre, pilotage, travaux multiples sur les usages, le personnel, les autorités administratives, financières
Et comme R. Poll il a conclu en disant que rien n´est définitif, qu´il faut sans cesse comparer nos résultats avec d´autres bibliothèques et a repris cette phrase de Shakespeare : « Comparaisons are odorous ».
Il serait intéressant que le modèle français de Couperin puisse faire l´objet d´un e communication et je vais prendre des contacts avec Louis Klee
En 2006, la thématique sera la même mais nous prenons des contacts avec la section : « Acquisition et développement des collections » pour organiser une session commune, axée plutôt sur le plan de développement des collections, lié aux publications en série.
Par intérêt personnel ou pour élargir mes connaissances :
Visite de la Bibliothèque publique et universitaire de La Plata (Encart de 1000 signes prévu dans le prochain numéro du bulletin de l´ABF)
Participation aux travaux de l´IFLA
1. Une problématique vivante :
Les communications proposées par les différents intervenants ont fait une large place à l´éducation en général, et à l´éducation à l´information (ou à l´alphabétisation informatique). Le problème de l´accès de tous à l´ensemble des contenus disponibles sur le web a été fréquemment abordé : la session proposée par la FAIFE (Accès libre à l´information et liberté d´expression) nous a permis d´écouter Clara Budnik Sinay, qui a retracé de manière précise et sensible à la fois les difficultés rencontrées par les bibliothécaires sous la dictature chilienne. Son exposé faisait écho à celui de Mempo Giardinelli, auteur et bibliothécaire argentin.
2. Définir des compétences informationnelles :
Plus directement exploitable dans le cadre de la formation à l´information, la session de la section Information literacy a permis de réfléchir sur les problèmes méthodologiques liés aux apprentissages documentaires, sur la définition des contenus d´un cursus en information-documentation ainsi que sur les techniques d´évaluation et de validation des acquis dans ce domaine. L´exposé de Jesus Lau (Université de Mexico) a bien éclairé le débat. Les compétences doivent couvrir différents domaines, qui correspondent à des compétences particulières. Ainsi :
Enfin, Jesus Lau a clairement mis en évidence de l´atout que constitue l´insertion de ces apprentissages informationnels dans les cours « traditionnellement » inscrits dans le cursus des élèves, même si d´autres dispositifs peuvent à défaut être mis en place : cours spécifique à l´intérieur du cursus, cours hors cursus (non obligatoire), ateliers ou séminaires indépendants, cours pour les enseignants universitaires, l´essentiel étant de commencer ! Les travaux de cette section seront très certainement à suivre avec attention dans l´avenir.
3. La place de la lecture dans cet apprentissage
Emilia Ferreiro s´est recentrée davantage sur le rôle spécifique des bibliothèques dans la nécessaire alphabétisation numérique de l´ensemble des enfants d´aujourd´hui. Selon elle, cette alphabétisation ne doit pas être distinguée de l´apprentissage de la lecture en général : lutter pour l´accès au web ne peut se faire sans lutter pour l´accès au livre. Il ne s´agit donc pas d´alphabétiser pour l´ordinateur, mais d´apprendre aux enfants à se servir de l´internet, ce qui peut faciliter en soi l´apprentissage de la lecture. Ici, le bibliothécaire (pourrait-on ajouter l´enseignant documentaliste ?) peut faire entendre une voix personnelle : il est en effet plus serein que les autres partenaires par rapport aux nouvelles technologies. Il peut donc former l´esprit critique et proposer un savoir qui ne soit pas destiné à mourir. (pour élargir : FERREIRO Emilia, L´écriture avant la lettre, Paris : Hachette Education, 2000. 253p)
La lecture des jeunes adolescents est un problème qui traverse nombre d´interventions, en particulier bien sûr lors des sessions proposées par la section Bibliothèques scolaires. L´enquête de Monique Lebrun sur plusieurs universités canadiennes montre que de les jeunes lisent surtout des romans (d´amour pour les filles, d´aventure pour les garçons) et des BD, que l´influence des bibliothécaires dans le choix des lectures reste faible au regard de celle des amis et des professeurs. Des profils de lecteurs se dessinent, qui sont intéressants à connaître pour prendre en compte la variété des lecteurs, car faire lire beaucoup de jeunes reste un défi pour les bibliothécaires : à cette compréhension fine de leurs attentes, il faut ajouter un goût pour se mettre en scène soi-même, des stratégies diversifiées visant à attirer ces lecteurs, un travail pour développer la coopération avec les professeurs. (pour référence : Lebrun, M. . Les pratiques de lecture des adolescents québécois. Sainte-Foy: Éditions MultiMondes, 2004. 328 p.)
4. Entre coûts et volonté politique
Roswitha Poll (Université de Münster, Allemagne) s´est exprimée sur les coûts de l´accès à l´information. Son approche est que le management consiste à établir un rapport le plus favorable possible entre coût et efficacité. Dans les coûts, il faut prendre en compte : le coût initial de l´information (achat, abonnement), les coûts liés à la planification, les coûts liés aux activités de contrôle. La distinction doit donc être faite entre dépenses (factures, salaires) et coûts (factures, salaires, mais aussi coûts des services en général). Comment augmenter l´efficacité, c´est à dire soit réduire les coûts à service égal, soit augmenter les services à coût égal ? En calculant les honoraires de services ou prix (quel coût pour une remise express ? achat de services par les différents services ?), par la tertiarisation (ou externalisation) comme dans le cas de la sous-traitance, en négociant des accords, en menant des études comparées (quel coût pour une référence ?), en planifiant de nouveaux services. Quelle que soit sa qualité, ce travail d´analyse et de réflexion sur les coûts ne permet pas à lui seul de définir ce que doivent être les missions d´une bibliothèque ou centre de ressources. Les injonctions d´ordre éthique ou politique, la définition du rôle de ce lieu spécifique avec une clientèle spécifique doivent être prises en compte au même titre que les contraintes économiques. Pour la citer : « Cela peut coûter cher d´être trop économique ». On doit s´interroger sur le niveau de qualité que l´on veut atteindre et proposer des investissements pour le futur (développement de services).
Cette approche est presque directement applicable dans les établissements scolaires : quels investissements ont été faits (ont-ils porté leurs fruits, et si la réponse est négative, pourquoi ?) ? quels investissements sont à faire pour proposer une meilleure efficacité des CDI de collège et de lycée ?
Riche congrès donc, et participation très stimulante : la réflexion associative ici et maintenant rejoint bien celle de l´ensemble du monde professionnel de l´information (documentalistes, bibliothécaires).
Voici pour terminer un choix (forcément subjectif et parcellaire car il est impossible de suivre l´ensemble des communications proposées) de communications qui m´ont semblé particulièrement intéressantes parmi celles qui sont disponibles en français sur le site du CFI :
Isabelle Fructus
L'Internet a considérablement modifié le processus de communication scientifique en accélérant la diffusion de l'information des producteurs vers les lecteurs. Des outils simples de production et de diffusion étant désormais disponibles, la sphère universitaire s'est mobilisée pour prendre une part active à la valorisation de la littérature scientifique sans recours aux éditeurs scientifiques traditionnels. Les prépublications, par exemple, sont devenues des pratiques communes dans certaines disciplines. De même, les bibliothèques, au-delà de l'offre des grands bouquets de revues électroniques proposés par les éditeurs, peuvent être un acteur de ce circuit et notamment participer à la description des documents diffusés, à leur organisation et à leur conservation. Cette évolution du rôle des bibliothèques est fondamentale dans la période actuelle de transition où la documentation électronique occupe une place grandissante.
Le cas des thèses est exemplaire. Il s'agit de documents scientifiques, validés par les pairs, produits dans un cadre universitaire, conservés par les bibliothèques et pourtant rarement valorisés et édités dans leur intégralité. Dans le cadre de cette session, des expériences conduites par des services documentaires d'universités afin de produire, de diffuser et d'archiver sous forme électronique les thèses de leurs établissements sont présentées. L'enjeu principal est de voir de quelle manière les bibliothèques se positionnent dans le circuit actuel de diffusion de la production scientifique et dans quelle mesure leurs compétences sont valorisées.
Les thèses électroniques et la publication en ligne : un positionnement stratégique pour les bibliothèques universitaires . Jean-Claude Guédon, Université de Montréal, Canada.
Jean-Claude Guédon débute la session et présente les enjeux politiques sous-jacents à la question de la diffusion électronique des thèses. À ses yeux, discuter de la diffusion électronique des thèses universitaires offre une excellente opportunité de parler plus généralement du mouvement pour l'accès ouvert. L'existence d'une thèse imprimée est rythmée par trois grandes étapes : sa rédaction, sa soutenance et enfin sa « mort » après avoir été cataloguée et rangée pour conservation dans les magasins de la bibliothèque universitaire. Le nouveau docteur qui poursuit ses recherches sera appelé à produire désormais d'autres types de travaux universitaires. Cet « enterrement » des thèses est particulièrement dommageable. En effet, les thèses, au même titre que les articles, sont de la littérature scientifique et ont été soumises à la validation des pairs. Les institutions universitaires disposent donc de volumes conséquents de documents scientifique sans les valoriser.
Parallèlement à cela, la documentation électronique s'est imposée comme une ressource indispensable mise à disposition par les bibliothèques. La rapidité de diffusion et la facilité d'accès aux contenus sont autant de services de qualité appréciés des chercheurs. Mais, il convient de souligner le caractère paradoxal de la situation actuelle : les chercheurs produisent des documents, ces documents sont édités dans des revues avec des comités d'experts et les éditeurs commerciaux revendent sous forme électronique ou imprimée ces revues aux bibliothèques des institutions universitaires d'appartenance des chercheurs. Les producteurs d'information doivent donc assumer les coût d'abonnement élevés pour pouvoir accéder à leur propre production.
Ce circuit traditionnel de la communication scientifique est en train de changer. En effet, les institutions universitaires et de recherche utilisent l'Internet pour diffuser des documents de nature scientifique et mettent en place des réservoirs de documents. L'objectif est de permettre aux chercheurs de mettre en ligne leurs travaux non encore validés et de les diffuser largement. Ce système de plus en plus courant permet de mettre en place, au sein de la communauté scientifique, de nouvelles habitudes de diffusion de l'IST. Cependant, il rencontre une limite importante : les documents ne sont pas soumis à évaluation et en conséquence, leur valeur scientifique n'est pas avérée.
Jean-Claude Guédon souhaite proposer une stratégie aux institutions universitaires :
L'objectif de cette stratégie est de constituer progressivement un nouveau corpus de revues écrites par des chercheurs, diffusées par les institutions universitaires et de recherche et validées par les pairs. Ces revues deviendront à leur tour des « revues de base » auxquels la communauté scientifique pourra accéder sans contrainte financière écrasante.
Les universités doivent investir ce terrain de l'édition en pleine rénovation. Il s'agit d'un projet de longue haleine dont les enjeux politiques et économiques sont considérables. Comme l'a montré PloS (http://www.publiclibraryofscience.org/), ce type de projet peut fonctionner. Il convient d'avoir une stratégie claire, d'utiliser les outils libres de mutualisation comme OAI et d'avancer progressivement afin de changer les habitudes prédominantes pour privilégier une diffusion très large de l'IST.
Cyberthèses-Cyberdocs : Principes politiques et techniques du projet par Jean-Paul Ducasse, Université Lumière Lyon 2, France
Cyberthèses-Cyberdocs est un programme financé par les institutions inter-gouvernementales francophones. La plate-forme Cyberthèses-Cyberdocs est principalement utilisée comme plate-forme de traitement, de diffusion et d'archivage des thèses par de nombreuses institutions francophones ou non à travers le monde. Elle permet de structurer des documents issus de traitements de texte et de les publier sur l'Internet, à l'aide de la norme XML et de la DTD TEI Lite. Le programme Cyberthèses initié en 1998 a évolué. La nouvelle appellation Cyberdocs signifie que la plate forme d'édition électronique peut traiter tout document structuré qu'il soit conforme ou non à la DTD TEI Lite.
L'objectif de l'intervention est de présenter les options techniques qui ont été retenues et mises en oeuvre dans le cadre de ce programme. Il est essentiel de souligner le caractère instrumental de la technique et sa subordination aux enjeux politiques. En effet, le choix de l'open source, de normes et de standards permettent une mutualisation des développements, une large utilisation de l'outil sans contrainte financière et un fonctionnement en réseau.
Le programme a débuté en 1998 avec la création d'une plate-forme de production de documents structurés et l'utilisation des normes et de standards pour garantir au mieux l'interopérabilité. Deux éléments structurant fondaient ce programme :
En 2003-2004, de profonds changements sont initiés. En effet, une composante de la plate-forme était produite par une société privée (Omnimark) qui avait désormais décidé de vendre à un coût élevé les scripts permettant la conversion des documents en SGML. Cette situation empêchait toute implantation de la plate-forme dans les institutions partenaires francophones aux moyens financiers limités et ainsi remettait en cause un des fondements du programme. De plus, le format XML s'est imposé comme format pivot pour la pérennité des données. Les initiateurs du programme ont convenu de faire évoluer la plate-forme et de l'enrichir de nouvelles fonctionnalités. On parle désormais de Cyberdocs.
Schématiquement, la plate-forme Cyberdocs fonctionne de la manière suivante :
En prenant pour exemple le programme Cyberthèses-Cyberdocs et son évolution depuis 1998, il est possible de définir les contours d'un nouveau « modèle écologique documentaire » qui s'inspire de celui du développement durable.
Ce modèle s'articule en 3 phases principales :
Adresses :
le site collaboratif pour le développement de la plate-forme Cyberthèses-Cyberdocs : http://sourcesup.cru.fr/projects/cyberdocs/ et http://sourcesup.cru.fr/cybertheses/fr/Cyberthèses : Organiser un réseau au Chili et en Amérique Latine par Gabriela Ortuzar Université du Chili, Santiago, Chili
Le programme de diffusion électronique des thèses a débuté en 1999 à l'Université du Chili avec une analyse des solutions techniques existant et une définition de la stratégie à mettre en oeuvre pour garantir la réussite du projet. La plate-forme Cyberdocs a été retenue car elle se fonde sur le document structuré, elle repose sur des outils libres et des standards et elle permet la mutualisation des métadonnées (conforme à l'OAI). En plus de la version imprimée, il a été décidé de rendre obligatoire le dépôt électronique des thèses pour tous les doctorants de l'université.
Cette base étant définie, les activités de production et de diffusion des thèses ont débuté en 2000 avec l'aide de l'Université Lumière Lyon 2 et de l'UNESCO :
L'Université du Chili est partie prenante de différents réseaux internationaux d'institutions impliquées dans la diffusion électronique des thèses. En premier lieu, il s'agit bien évidemment du réseau Cyberdocs qui regroupe des institutions à majorité francophone qui utilisent la plate-forme de traitement des thèses : http://mirror-fr.cybertheses.org/. Également, l'Université du Chili est membre du NDLTD (Networked Digital Library of Thesis and Dissertations) :http://www.ndltd.org/
Grâce au soutien de l'Open Society Institute et l'Unesco, l'Université du Chili est à l'origine d'un réseau en Amérique Latine. L'objectif d'un tel projet est d'aider les institutions universitaires latinoaméricaines à valoriser leur production scientifique en diffusant en tout premier lieu les thèses sur l'Internet. Actuellement, 18 universités d'Argentine, de Bolivie, du Chili et du Pérou sont des membres actifs de ce réseau. Ce réseau est ouvert gratuitement à tout établissement d'enseignement et de recherche souhaitant valoriser les thèses. Seule importe la motivation des institutions membres afin d'enrichir l'IST diffusée sur l'Internet.
Le protocole OAI est utilisé pour mutualiser les thèses des différents partenaires. Un portail commun permet d'interroger par le biais du protocole OAI environ 27 000 thèses, dans des formats hétérogènes, en texte intégral de plusieurs universités et de réunir différents réseaux de producteurs de thèses électroniques.
Le portail http://www.cybertesis.net/ donne accès aux thèses produites par : 9 universités nord-américaines ; 13 universités latino-américaines ; 6 universités européennes. Il est en cours d'élargissement en Colombie, au Venezuela, au Guatemala et au Mexique.
En tant que membre de la section Préservation et Conservation, j'ai suivi principalement cette année les conférences organisées par cette section. Une session avait été organisée en collaboration avec la section Audiovisuel autour de la conservation des documents sonores et audiovisuels en Amérique du Sud. Au Chili par exemple, il existe de nombreuses institutions qui conservent des documents sonores et audiovisuels : des institutions publiques, comme la Bibliothèque nationale (Archives de la parole / Département de la Musique / Archives de la littérature orale et des traditions populaires), l'Université du Chili (Musique folklorique et traditions populaires / Cinémathèque), le Ministère de l'Education, et des institutions privées, comme les archives privées de la télévision, ou la fondation « Images en mouvement ». La méconnaissance de ces fonds et de leur état de conservation, l'existence d'institutions privées, ainsi que la nécessité d'établir des politiques communes ont poussé à la création de MINGACO, Corporation pour le Patrimoine audiovisuel et cinématographique. Le but est d'unir les forces et de constituer un réseau d'archives sonores, afin d'assurer leur développement, leur conservation et leur promotion. Dans un premier temps, MINGACO s'attache à répertorier les fonds sonores dans les différentes institutions, et à évaluer leur état et les besoins en conservation, pour déterminer les actions à mener en priorité pour assurer la sauvegarde de ces collections.
En Uruguay également, de nombreuses institutions ont la charge de conserver des images et des sons, comme les Archives nationales de l'image, créées en 1912, qui conservent à la fois des images fixes (75 000 plaques de verre, 25 000 négatifs) et des images animées (5000 films et 1500 vidéos), le Musée de la Parole, qui conserve les voix des personnalités du pays, la Bibliothèque nationale, avec notamment sa section des documents spécialisés, ou encore les Archives photographiques de Montevideo. Parmi les expériences intéressantes, on peut signaler que cette dernière institution a mené récemment une campagne publicitaire destinée à recueillir des photographies anciennes de Montevideo auprès du grand public : les personnes qui détenaient ce genre de documents dans leurs archives familiales étaient invitées à les prêter aux Archives afin que celles-ci puissent en faire des copies.
Au Brésil, les Archives nationales mènent actuellement une campagne de conservation des films cinématographiques. Une banque de matrices pour plus de 150 000 films est encours de création. Les films sont inspectés, et leur état de conservation est analysé. La priorité est de les stabiliser en les conservant sous climatisation contrôlée.
Toujours au Brésil, le réseau de télévision « Red Globo de Television », qui est l'un des plus importants du pays, organise l'archivage de sa production depuis de nombreuses années. Pour les séries télévisées, les films sont stockés, et toutes les recherches documentaires sont intégrées à une base de données, pour pouvoir être réutilisées. Les images d'information sont également archivées : la News Images Library, créée en 1976, possède aujourd'hui plus de 98 000 cassettes, renfermant plus de 750 000 documents, qui sont également analysés et indexés dans une base de données.
Cette série de conférences a permis de donner un bon panorama de la situation en Amérique du Sud et des nombreuses actions qui sont menées dans le domaine des documents sonores et audiovisuels, tant dans les institutions publiques que dans des institutions ou fondations privées.
Une deuxième session était consacrée à la prévention des catastrophes dans les bibliothèques nationales, suite à une enquête menée par le programme Préservation et Conservation de l'IFLA. En dépouillant les réponses, il s'est avéré que les bibliothèques qui avaient un plan d'urgence solide, testé et régulièrement mis à jour, n'étaient pas systématiquement situées dans un grand pays industrialisé. Les raisons invoquées pour ne pas avoir de plan d'urgence varient, mais sont surtout liées au manque de moyens (en personnel ou financiers) et à l'absence de plan-type. D'où il ressort qu'il s'avère nécessaire de sensibiliser à l'importance de la prévention des catastrophes, ce qui devrait faire partie des priorités, même dans les bibliothèques ayant un budget limité. « Peu de risques » est une raison supplémentaire avancée pour ne pas se doter d'un plan d'urgence, mais il faut réfléchir au fait qu'un pays n'est jamais totalement à l'abri d'une catastrophe. Certains pays qui se sentent totalement à l'abri ont rapporté qu'ils avaient souffert de catastrophes (inattendues certes !) au cours des 10 dernières années. Quant aux plans, il faut bien souligner la nécessité de produire un plan-type et des recommandations (ou de réviser et mettre à jour ceux déjà existants)ainsi que l'importance de tester les plans et de les mettre à jour régulièrement : un plan non mis à jour et non revu intégralement au moins une fois par an perd de son efficacité. La coopération entre institutions doit être encouragée spécialement, mais pas exclusivement, lorsque il s'agit d'institutions à petit budget. Enfin on ne saurait trop insister sur le fait qu'il est indispensable de désigner un membre du personnel responsable en cas de catastrophe, la coordination étant le facteur essentiel pour assurer l'efficacité des opérations.
Cette analyse globale a été complétée par la présentation d'actions concrètes menées par les bibliothèques nationales du Chili et d'Australie. En Australie notamment, trois thèmes de réflexion sous-tendent l'approche de la Bibliothèque nationale face à la gestion des catastrophes : la prévention, la gestion des risques et l'intégration. En 1985, la Bibliothèque fut victime d'un incendie rapidement maîtrisé mais qui répandit de la fumée et de l'eau à travers une grande partie du bâtiment. Peu de documents furent brûlés mais beaucoup furent mouillés, et de nombreux volumes furent endommagés par la fumée et par la suie. Cet incident démontra le manque de préparation de la bibliothèque.
Se remettre de cet incident de quelques heures prit plus d'une année et coûta plusieurs centaines de milliers de dollars. Pourtant ce ne fut qu'un incident mineur, à peine visible si on le compare aux grandes catastrophes survenues au cours des années précédentes dans les bibliothèques, archives ou musées. Ce fut une chance pour la bibliothèque de recevoir un tel avertissement. Cela lui permit de réfléchir aux capacités destructrices des catastrophes et la conduisit à prendre immédiatement les mesures qui lui auraient permis de prévenir un tel événement ou qui du moins auraient facilité sa remise en état et auraient rendu l'expérience moins traumatisante.
Depuis, la bibliothèque a donc développé des outils et des procédures pour la prévention et la gestion des catastrophes :
Toutes ces précautions ont doté la Bibliothèque nationale d'Australie d'un niveau élevé de préparation aux catastrophes, préparation qui doit cependant être testée et mise à jour en permanence.
Sarah Toulouse
Trois milles professionnels de l'informations issus de 118 pays se sont déplacés à Buenos Aires pour la 70ème conférence de la Fédération internationale des associations de bibliothécaires et d'institutions (IFLA) [1] . Ce premier congrès en Amérique du Sud a connu une participation plus faible qu'en 2003 à Berlin, mais elle dépasse toute fois les prévisions du comité d'organisation. Ce dernier a réussi son pari, organiser le congrès malgré la crise économique et la dévaluation du Peso. Le seul aperçu des difficultés fut lors de la séance d'ouverture au théâtre Colon où les revendications salariales ont rendu particulièrement difficile le discours de la présidente. S'interrompant, elle nous livrait alors ces paroles : «Pour ceux parmi vous des pays du Nord c'est un choc, mais dans le Sud c'est notre quotidien ». Malgré cet incident, les deux sites ont offert des installations remarquables pour permettre aux 120 exposants, institutions, associations, éditeurs, fournisseurs de matériels pour bibliothèques de présenter leurs produits et conférenciers dont sept français de présenter leurs communications.
S'ouvraient ensuite cinq jours de conférences autour du thème « Bibliothèques : des outils pour l'éducation et le développement » l'occasion pour des professionnels étrangers d'échanger et de travailler ensemble.
L'IFLA s'organise autour de programme d'action, se structure en division et section thématique ou régionale et est dirigée par un comité exécutif et une présidente élue.
Kay Rateroka est aujourd'hui la présidente de l'IFLA. Née en Afrique du Sud, elle a débutée comme bibliothécaire assistante en 1969 et a gravi les échelons jusqu'à la direction de la bibliothèque universitaire du Botswana. La bibliothèque sous sa direction est alors passée de 60 000 à un demi-million de volumes et propose des services de références et de diffusions d'information tant pour les étudiants que pour les chercheurs. Membre active de l'IFLA, elle est élue en 1987 présidente de la section Afrique puis de la division des pays du tiers monde et rejoint le comité exécutif de l'association en 1997.
Son mandat est marqué par la volonté indéfectible de défendre la place des bibliothèques au sein de la société. Les bibliothèques au coté de l'école oeuvrent pour le droit des enfants à l'éducation tant pour les sociabiliser, les informer des risques sanitaires que pour leur permettre un jour d'entrer dans la vie active. La présidente a aussi a coeur la collecte et la valorisation de patrimoine oral et la préservation des langues vernaculaires. Elle insiste sur le rôle des bibliothèques dans la construction de l'individu et remercie les professionnels qui respectent, préservent et innovent pour permettre à tous de s'enraciner dans leur culture locale. À l'occasion du Sommet mondial pour la société de l'information (SMSI) [2] de Genève en 2004 Kay Rateroka a représenté les bibliothèques. Son intervention a permis de définir le rôle des bibliothèques et d'insister pour que leurs places soient reconnues dans la future société de l'information. Car elle contribue à défendre l'égalité d'accès à l'information des usagers et à lutter contre l'illettrisme. L'ensemble des textes votés fait aujourd'hui explicitement références aux bibliothèques. Le SMSI proposait aussi aux délégués d'échanger avec leur représentant politique [3] . Les bibliothécaires africains à cette occasion ont pu partager avec leurs élus leur volonté de se former et de collaborer pour recueillir leur patrimoine communautaire.
La présidente a remercié les suisses et le groupe francophone de l'IFLA pour leur appui et soutien dans la préparation du SMSI. Les participants français se sont retrouvés à Buenos Aires autour du Comité français IFLA [4] . Son objectif est de favoriser la francophonie au sein de l'IFLA. Pour cela il a proposé dix-sept bourses aux professionnels français et douze bourses aux francophones africains. Il a organisé la traduction des communications du congrès, aujourd'hui disponibles sur iflanet [5] . Afin d'accroître la présence francophone au sein des sections et de renforcer la coopération et le soutien aux pays du Sud, le comité et les francophones de l'IFLA ont poursuivi les travaux du groupe de travail pour la création d'une association des bibliothécaires francophone [6] .
Ce congrès a été l'occasion de découvrir les bibliothèques d'Argentine et d'Amérique du Sud.
Les élus argentins, ministre de l'éducation, maire de Buenos Aires, soutiennent l'action des bibliothèques dans leur pays. Ils insistent sur la mobilisation de la classe politique des pays du Sud, à l'heure de la mondialisation des échanges, pour garantir un accès universel égalitaire et gratuit à l'information. Face à une situation économique et sociale difficile, l'édition locale et les bibliothèques sont des piliers pour l'accès à la culture et à la lecture. Les bibliothèques aident à combattre la crise et la pauvreté et permettent l'existence d'une démocratie. En suscitant l'amour du livre et en luttant contre la fracture numérique, elles contribuent au développement de l'individu, de la société et par conséquent du pays. 2500 bibliothèques populaires maillent le pays et proposent des collections et un service d'information aux citoyens. Ces sections d'association locales ont pour objectif le loisir et l'éducation des habitants, la gratuité, les larges horaires d'ouverture et les difficultés financières les caractérisent aujourd'hui. Ainsi, à Buenos Aires le réseau se constitue de 27 bibliothèques populaires largement ouvertes de 42 à 100 heures hebdomadaires. Les 421 051 documents dont 12% de livres pour enfants constituent une maigre collection peu actualisée et fréquemment en accès indirect. Alors que l'achat d'un livre devient un luxe, la demande populaire se massifie, l'inflation réduit le pouvoir d'achat des bibliothèques, d'autant que 80% de la production est importée. La Commission nationale de protection des bibliothèques populaires créée en 1870 par l'État pour reconnaître leur travail, redistribue aussi des aides financières depuis 1986. Depuis 2000 elle est aussi chargée de réduire la fracture numérique, mais l'implantation d'infrastructure de télécommunication et d'ordinateur est coûteuse et seul 10% des bibliothèques proposent un accès Internet.
La situation dans la capitale colombienne est très différente. Actuellement Bogotà possède le réseau de bibliothèques publiques le plus développé de Colombie, avec environ 105 bibliothèques. Ce réseau qui accueille annuellement plus de six millions d'usagers est caractérisé par un niveau technologique élevé, fondé sur une infrastructure sophistiquée allant de l'équipement moderne en serveurs et logiciels bibliothéconomiques, avec des connexions internet, des collections électroniques, jusqu'aux services audiovisuels bien équipés et aux services adaptés aux publics présentant différents handicaps physiques.
L'expérience chilienne faisait l'objet de plusieurs conférences. Le comité pour la liberté d'information et d'expression (FAIFE) [7] et la section « Histoire des bibliothèques » ont présenté comment 27 années de dictature ont affecté la vie intellectuelle et institutionnelle du pays. Ainsi il était interdit aux bibliothèques de faire circuler ou d'offrir des ouvrages pouvant être définis comme contraire au régime. Elles étaient en grande partie pourvues en personnel par les sympathisants de Pinochet. Depuis le retour de la démocratie d'importantes démarches sont entreprises pour récupérer les ouvrages produits à l'extérieur du pays pendant ces années. Les bibliothèques publiques luttent pour améliorer les conditions de vie des habitants, de nombreuses constructions de structures modernes proposent des collections adaptées et des animations. Elles témoignent d'une part de la volonté politique et de l'aide de la fondation Bill & Melinda Gates [8] pour implanter les NTIC dans les bibliothèques chiliennes. Pour répondre aux demandes des usagers, et pérenniser ses investissements les professionnels défendent leur financement, la formation des personnels et s'attache à la création de contenus locaux.
D'autres conférences ont donné la parole aux bibliothèques métropolitaines qui cherchent à mieux répondre aux attentes de leur public potentiel. La bibliothèque d'Oslo par exemple, afin de donner sa place aux différentes communautés, propose la production et la diffusion de contenus culturels en son sein. Les médiathèques de Singapour soucieuses de fidéliser les adolescents, les ont associés à la création de leur espace et le leur ont confié en autogestion.
La question de l'illettrisme et de la résorbtion de la fracture numérique ont été au centre de nombreuses communications. La section bibliographie a mis en valeur les enjeux de la formation et de l'autonomisation des usagers dans leur recherche d'information, avec l'exemple du programme scolaire de recherche documentaire russe et d'une enquête américaine révélant l'importance de la compétence pédagogique dans le recrutement des bibliothécaires (50% des offres en 2003). Alors que le comité s'occupant du copyright et des questions juridiques invite toute la corporation des professionnels de l'information à se mobilier pour défendre l'utilisation des oeuvres tombées dans le domaine public et les droits des usagers a accéder à l'information. Car face à la non-indexation des droits d'usage sur le niveau de vie d'un pays, un grand nombre d'oeuvres sont légalement hors de portée d'une partie de l'humanité.
Un grand nombre de conférences sont maintenant disponibles en ligne et en français pour vous permettre de retrouver les informations transmises lors des différentes sessions et les travaux en cours.
[1] Iflanet : http://www.ifla.org
[2] SMSI : site web http://www.itu.int/wsis/index-fr.html
[3] Site de la délégation française : http://smsi.internet.gouv.fr/
[4] http://cfi.ifla.free.fr : le comité français ifla : objectifs, organisations, bourses
[5] Textes de la conférence en ligne http://www.ifla.org/IV/ifla70/index.htm
[6] http://bibliodoc.francophonie.org/ : Site web du regroupement des bibliothécaires francophones de l'IFLA : les statuts et le questionnaire pour la création d'une association des bibliothécaires francophones y sont disponibles
[7] IFLA Committee on Free Access to Information and Freedom of Expression (FAIFE) http://www.ifla.org/FAIFE
[8] Fondation Bill& Melinda Gates. : www.gatesfoundation.org/
Victoria Courtois
Élue dans la section Éducation et Formation en 2003, le 70ème congrès de Buenos Aires est mon premier congrès l'IFLA et cette année j'ai réellement pu concrétiser ma participation au sein de cette section. Je vais donc retracer en quelques lignes mon travail durant ce congrès.
Je rappelle que cette section a pour finalité d'améliorer l'éducation en sciences de l'information et de renforcer le lien entre la formation initiale et continue ; cette année l'accent portait sur la situation de ces enseignements dans les pays en voie de développement.
Après avoir rappelé la situation des formations en sciences de l'information dans des pays comme l'Ouganda, le Mexique, Taiwan ou l'Inde, en soulevant un certain nombre de problèmes comme le petit nombre d'associations, le manque de qualification des professionnels, la nécessité d'homologuer les diplômes, il est apparu nécessaire de définir des curriculums avec des objectifs communs. La coopération est donc un élément essentiel pour pour élaborer des programmes d'enseignement et le dialogue est favorisé par des organisations comme l'ALISE, l'EULID ou l'IFLA. Un guide des formations en bibliothéconomie sciences de l'information est à l'étude depuis plusieurs années et devrait se concrétiser en 2005.
Je rappelle que d'autres sections comme celle des Bibliothèques scolaires ou celle de l'Education à l'information offrent des champs de réflexion complémentaires dans la mesure où sont abordées les formations des usagers.
La réflexion menée au sein de cette section est à relier au travail de formation de futurs professionnels de l'information que sont les enseignants-documentalistes des lycées et collèges dans la mesure où il s'agit de développer une culture de l'information commune.
Elle a proposé un atelier autour de l'évaluation des formations. Dans ce cadre les compétences de base ( nécessaires pour accéder à l'information, la traiter et la communiquer) ainsi que les modèles d'apprentissage ont d'abord été définis (modèle de Brisser, Slavin etc.) puis la question des procédures d'évaluation (diagnostic, formative, sommative) a été longuement abordée sans être résolue tant il est difficile de déterminer des indicateurs.
Cet atelier a défini la notion de qualité dans le secteur des bibliothèques tant du point de vue des professionnels que des usagers. Il ne faut pas oublier que la qualité est un concept économique lié au management et au marketing. Après avoir exposé les missions des bibliothèques les intervenants ont détaillé les différents critères nécessaires pour mesurer la qualité d'un service.
« Les bibliothèques chiliennes pendant et après la dictature » par Clara Budnik Sinay
La situation des bibliothèques durant la dictature de Pinochet a été dramatique puisqu'une partie du patrimoine a été détruite et l'accès à l'information censuré. Clara Budnik Sinav a exposé avec beaucoup d'émotion ces années difficiles et le travail de reconstruction en cours.
Ce premier congrès m'a permis de trouver mes marques car la structure d'une fédération comme l'IFLA est complexe et durant ces journées si denses j'ai pu établir de nombreux contacts. Je pense donc être plus opérationnelle l'an prochain dans la mesure où j'ai pu rencontrer les autres membres de ma section qui m'ont associée à leurs projets futurs ( préparation du congrès de Séoul en 2006).
Le 20/09/2004 par Jacqueline Dussolin
Mes centres d'intérêt m'ont naturellement amenée à assister aux conférences concernant les bibliothèques de recherche et leur application des nouvelles technologies. Les préoccupations de nos collègues concernent finalement les problèmes de visibilité de ressources électroniques pour l'usager, préoccupations d'autant plus vives que les ressources sont onéreuses.
Depuis 1972 [1] , la distorsion entre le nombre d'articles scientifiques produits, en augmentation de 3,3% par an en moyenne, et le nombre de bases de données de signalement de ces articles, en augmentation exponentielle, est énorme. Depuis 1999, cependant, le nombre de bases de données lancées sur le marché chute de 5% par an. Depuis cette même année 1999, les universités américaines consacrent une part de plus en plus faible à la documentation, au regard des dépenses d'infrastructure.
Ce double constat s'explique à la fois par une révolution des pratiques des chercheurs, qui développent de nouveaux besoins sans pour autant suivre la transformation de l'offre, ou inversement. Des études menées par Elsevier sur les universités américaines, il ressort que les interfaces proposées par ces bases de dépouillement ne répondent pas au besoin de clarté exprimé par les étudiants et les chercheurs : à une complexification croissante de la production académique doit répondre une simplification croissante des méthodes de recherche et de signalement de cette production, tout en préservant le contrôle de la qualité et de la fiabilité de ces informations.
À cet égard, les réticences sont toujours grandes quant à l'accès libre (open access) de la littérature grise sans validation par des pairs, validation qui assure une reconnaissance en amont, indispensable à l'auteur, et une garantie de fiabilité en aval, tout aussi indispensable au lecteur.
Aux bibliothèques donc de proposer des points d'accès à l'information [2] , quitte à rendre la bibliothèque « invisible » - c'est l'objectif avoué du directeur de la bibliothèque universitaire d'Amsterdam.
La question de cet accès se pose en termes d'autorisation et d'authentification des accès : si la bibliothèque est invisible, les lecteurs le sont tout autant. Des solutions déjà éprouvées ont été présentées lors de cette conférence, je cite Athens [3] , ce système permet de contourner les problèmes de sécurité liés au système de reconnaissance des postes par numéro IP et propose au contraire un mode d'authentification des lecteurs, où qu'ils soient, par des mots de passe dont la durée de validité est limitée. Une seule authentification est nécessaire par session, pour l'accès à toutes les ressources offertes par la bibliothèque (« single sign on », ou SSO), l'enregistrement est semi-automatique, et la charge de gestion est moindre pour la bibliothèque. La notion du respect de la confidentialité des données relatives au lecteur est également au coeur des préoccupations de nos confrères.
Une solution d'accès simplifiée aux ressources constitue un premier point positif pour la mise en valeur des ressources.
Une fois l'accès réalisé, encore faut-il retrouver de façon fiable les documents utiles : les travaux de l'ICABS (alliance IFLA- CDNL pour les normes bibliographiques), ont largement insisté, tant dans l'introduction des métadonnées [4] et l'instauration de protocoles d'identification des ressources, dans les processus de moissonnage des pages Internet dans un but d'archivage pérenne [5] que dans les travaux poursuivis sur l'Unimarc, sur l'urgence et l'absolue nécessité d'aboutir à des outils normalisés et partagés. Diverses expériences sont menées dans cet objectif, on peut souligner tout particulièrement l'investissement de la bibliothèque nationale d'Australie à Canberra dans les travaux sur le moissonnage du web.
Se pose enfin la question de la sélection des ressources, dans une perspective d' « écologie documentaire », pour reprendre l'expression de Jean-Claude Guédon. L'image est suffisamment parlante pour que l'on comprenne que, lors de la première conférence de l'IFLA tenue en Amérique du Sud, les nécessités de la collaboration et du travail en réseau rejoignaient sans distorsion les préoccupations statistiques de nos confrères d'outre atlantique [6] , préoccupations nourries tout autant par les nécessités budgétaires que par une habitude culturelle de justification de l'usage fait des deniers communs. On citera le projet Scielo [7] , dont l'objectif premier était de se substituer au PEB, compte tenu des difficultés et des coûts d'acheminement des documents. Aujourd'hui, Scielo constitue une véritable bibliothèque virtuelle coopérative dans la région sud-américaine, et a initié d'autres projets complémentaires tels que la mise en place d'un campus numérique dédié aux sciences de l'information [8] . La condition sine qua non de la réussite de telles initiative réside dans la souplesse d'administration des outils permettant la mise en ligne des données, à ce titre, on se rapproche des préoccupations des membres de l'équipe Cyberdocs (Lyon 2) / Cybertesis (Chili) [9] , pour qui l'interopérabilité de fonctions et les possibilités de mise à jour dynamique et partagée des données sont indispensables.
Les préoccupations des professionnels de l'information rejoignent donc celles des usagers : on aspire à la simplicité, la souplesse, l'adaptabilité du début à la fin de la chaîne documentaire alors que parallèlement, le paysage éditorial gagne en complexité, et que la distinction entre producteur et diffuseur d'information tend à devenir de plus en plus subtile.
[1] D'après la conference de John Regazzi, Managing Director, Market Development/CEO Elsevier, Inc. : « Future Directions for STM Publishing: Evolution or Revolution? »
[2] Voir ALF@NED, a new way of offering services to the scholarly community, par MARTIN BOSSENBROEK (Koninklijke Bibliotheek, La Haye, Pays Bas)
[3] Voir : http://www.ifla.org/IV/ifla70/papers/086f_trans-Norris.pdf et, sur Shibboleth : http://www.ifla.org/IV/ifla70/papers/055f_trans-Afifi.pdf
[4] Voir : http://www.ifla.org/IV/ifla70/papers/008f_trans-Howarth.pdf et surtout la conférence sur le projet Paradigma mené aux Pays-Bas : http://www.ifla.org/IV/ifla70/papers/009f_trans_Nuys.pdf
[5] Voir : http://www.ifla.org/IV/ifla70/papers/026f_trans-Gatenby.pdf
[6] Voir les interventions de Brinley Franklin, BU Connecticut : http://www.ifla.org/IV/ifla70/papers/098f_trans-Franklin.pdf et d'Ann Okerson (BU Yale) : http://www.ifla.org/IV/ifla70/papers/098f_trans-Franklin.pdf
[7] Voir « SciELO y el movimiento de open access / SciELO and open access » par ABEL PACKER (BIREME/OPS/OMS, Brasil) et « SciELO, un componente del sistema nacional de información científica / SciELO, a module of a National Information System » par ANNA MARIA PRAT (CONICYT, Chile), http://www.scielo.br/scielo.php/lng_en. Voir aussi le projet de bibliothèque virtuelle en sciences : http://www.ifla.org/IV/ifla70/papers/056e_trans-Flores.pdf
[8] Voir le projet mené par le Conseil latino-américain des sciences sociales (CLACSO), dans l'objectif de donner des qualifications professionnelles supplémentaires à des bibliothécaires et éditeurs à l'échelle du continent : http://www.ifla.org/IV/ifla70/papers/054f_trans-Babini.pdf
[9] Voir http://www.ifla.org/IV/ifla70/prog04.htm les interventions de Jean-Paul Ducasse et Gabriela Ortuzar
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