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En participant au comité de pilotage de la section du continent latino-américain ainsi que la séance de conférences qui lui étaient consacrées, j’ai pu me rendre compte de l’importance que revêtait pour le continent sud américain le programme de l’UNESCO « Mémoire du Monde ». Ce programme vise en effet, à promouvoir la conservation des collections d'archives et de bibliothèque partout dans le monde et d'en assurer la plus large diffusion. Cependant, les conditions très sélectives du programme ont été mentionnées comme une limite à une action d’envergure ce que la consultation du site de l’UNESCO confirme aisément : http://www.unesco.org/webworld/mdm/fr/index_mdm.html.
La rencontre de collègues canadiens et particulièrement québécois m’a permis de me rendre compte de la structuration de leur réseau professionnel via une association comme l’ASTEED où des personnels permanents ont été recrutés. Parallèlement, j’ai suivi avec intérêt, en discutant avec des collègues français les échanges qui avaient eu lieu sur la professionnalisation des associations professionnelles. C’est dans cette perspective d’une inscription dans un réseau professionnel international que je suis devenue adhérente de l’AIFBD.
Enfin d’un point de vue plus personnel, la possibilité de découvrir de nombreuses bibliothèques italiennes et de rencontrer des collègues italiens après avoir travaillé sur l’histoire des politiques culturelles et des bibliothèques de notre voisin transalpin fût une façon de découvrir de visu ce que la lecture de nombreuses pages m’avait permis d’esquisser dans le cadre de mon mémoire à l’ENSSIB en 2008.
Brésil : Elisabet Maria Ramos de Carvalho : directrice de la bibliothèque publique de l’Etat de Rio. Secrétaire de la Division Latino-américaine et Caraïbe, ifalac@mls.com.br
Maria Isabel Cabral de Franca : Centre d’information et de documentation de la société Petrobras S.A mariaisabel@petrobras.com.br
Canada : Francis Farley-Chevrier, Directeur Général de l’ASTED : association pour l’avancement des sciences et des techniques de la documentation ffc@asted.org
Italie :
Rossana Moriello : Comité national de l’AIB - Associazione italiana biblioteche-
morriello@aib.it
Olimpia Bartolucci : Comité régional de l’Ombrie
Olimpia.bartolucci@tin.it
La participation au congrès satellite de Turin m’a permis d’écouter avec intérêt la conférence de Sharon L. Bostick intitulée Designing an academic library as a place and a space : How a robotic storage system will create a twenty-first century library design » que l’on traduira par « Concevoir la bibliothèque universitaire du vingt et unième siècle : l’enjeu d’un système robotisé des collections ». Directrice des bibliothèques universitaires de l’Université de Missouri Kansas City (UMKC), Sharon L. Bostick s’est retrouvée devant la difficulté suivante : la « Miller Nichols Library », bibliothèque regroupant les collections de Lettres et sciences humaines, mais aussi de sciences sociales, sciences de la vie et de la terre et d’informatique, est située dans un bâtiment construit en 1969, bâtiment surélevé d’un niveau en 1990 mais dont la capacité de stockage des collections parvient à saturation dès 1999 alors même que la bibliothèque laisse peu de place aux espaces de consultations et aux services de la bibliothèque. L’idée d’un nouveau bâtiment fait alors son chemin et le cabinet d’Architecte Sasaki and associates est choisi. Cependant, dans un contexte de réduction des fonds publics et privés à même de porter le projet, il apparaît très vite qu’il sera difficile de concevoir un bâtiment offrant toutes les possibilités toutes les possibilités d’une bibliothèque moderne et les espaces suffisants à l’accroissement des collections.
Dans cette perspective, la construction d’un silo éloigné de l’université, qui permet de stocker les collections les moins consultées est apparu au groupe de pilotage du projet comme un compromis peu satisfaisant en raison des contraintes économiques pesant sur le projet de construction. En effet, sur le plan de l’investissement, cette solution aurait impliqué un double projet (construction de la bibliothèque et construction du silo) et sur le plan du fonctionnement la mise en place d’un système de navette et un service aux usagers moins performant (délai de 48 heures pour la livraison des documents). C’est pourquoi, le groupe de pilotage s’est orienté vers l’étude des stockages automatisés des systèmes de recherche de documents (ASRS Automated Storage Retrieval System) envisagé comme la solution la plus efficace pour la gestion des collections et par voie de conséquence comme la possibilité de penser autrement les services offerts au public. Après une mise en concurrence des différents fournisseurs, c’est le système HK qui a été choisi en raison sans doute aussi de son expérience dans d’autres bibliothèques universitaires américaines. D’un point de vue architectural, la solution adoptée a été par conséquent de « vider » la bibliothèque de la plus grande part de ses collections (en laissant, cependant, les collections les plus consultées en libre accès soit environ 200 000 documents) tout en construisant une « boite » de 38 mètres de long, 18 mètres de large et 18 mètres de haut où serait installé le « robot » et la majorité des collections. Afin de contourner l’aspect de forteresse et de boite noire inaccessible à la lumière naturelle, le nouveau bâtiment a été conçu en articulation étroite avec les espaces de consultation par le biais de grandes baies vitrée où la lumière naturelle, tout en étant filtrée, permettra au public de voir le fonctionnement du robot et de donner ainsi l’impression d’être en prise directe avec le va et vient des documents. Du point de vue du fonctionnement, cette robotisation à grande échelle des documents a été conçue de telle sorte que l’usager est autonome et vient chercher dans un terminal de livraison prévu à cet effet le document recherché.
La possibilité de voir une bibliothèque fonctionnant avec un système similaire m’a été donnée lors du congrès de Milan par la visite de la bibliothèque universitaire de droit de Brescia organisée par l’entreprise HABITAT ITALIANA le 26 août. Installée dans un ancien couvent, la bibliothèque de droit de Brescia lors de sa rénovation en 2007 s’est orientée vers une robotisation de ses magasins en raison d’espaces extrêmement contraints et d’un bâtiment historique où de nombreuses fresques décorent les espaces de consultation. Dans cette perspective, le libre accès des documents est réduit à la portion congrue et la construction de magasins enterrés était une nécessité. La capacité de stockage des documents par un système automatisé est 12 fois plus importante qu’avec un stockage traditionnel et 7 fois plus qu’avec des compactus, ce qui s’explique dans la mesure où la hauteur des magasins n’est pas limitée par son accessibilité à des agents mais opérés par le robot. Cependant, la résistance au sol doit être aussi beaucoup plus grande que pour un magasin traditionnel (4500 kg au mètre carré). Enfin, le gain en personnel a été chiffré pour la bibliothèque de Brescia à 5 équivalents temps plein. Le robot a coûté 1 300 000 €. L’espace de 100 mètres carrés et 18 mètres de hauteur permettra à terme de stocker 120 000 ouvrages. Des caisses de livres, rangés par taille afin d’optimiser la place et parvenir au meilleur rangement, sont disposées les unes sur les autres. Le robot met 2 à 5 minutes à remonter au terminal de livraison 3 caisses au sein desquelles se trouve dans chacune un document demandé par l’usager. Fonctionnant sur la technologie de la RFID, le projet a demandé un rééquipement complet de ses collections dont sont chargés les étudiants qui, dans le cadre de leur cursus universitaire, ont une obligation de service de 150 heures au sein de l’université. A la différence du projet de l’UMKC, le terminal de livraison est situé à côté de l’accueil et ce sont les bibliothécaires en service public qui sont en charge de la remise des documents aux usagers et ce, afin de réguler au mieux les flux de documents ou les marges d’erreurs des étudiants. La maintenance du système est assurée par l’entreprise installée à Brescia. Au moment de la visite, le contrat de maintenance pour l’année à venir était en phase de négociation et devait se situer autour de 28 000 € selon le directeur de la bibliothèque.
A écouter la conférence Sharon L. Bostick et suivre cette visite organisée par le commercial de l’entreprise, l’enthousiasme pour une solution robotisée des magasins était par conséquent sans mélanges ouvrant la voie à une bibliothèque si ce n’est sans livres, du moins où les livres sont, pour la plus part, dissimulés au regard. L’idéologie d’une bibliothèque du libre accès aurait-elle vécu ? Ce qu’il est certain, c’est que le coût de la construction permet d’orienter des projets de bibliothèques vers la robotisation des magasins mais aussi vers une nouvelle répartition entre magasins et libre accès où la part laissée aux magasins est importante en regard du libre accès. Ainsi, plus les espaces de la bibliothèque auront tendance à se transformer, les forets de rayonnage laisseront la place à des espaces de convivialité et de formation. Cependant, rien ne dit que ce « modèle » ne se développe et ne se généralise. S’il semble, par exemple, extrêmement bien adapté à un centre d’archives (notons au passage que les archives de Milan ont acquis auprès de la société HABITAT ITALIA un robot pour la somme de 7 500 000 €) ou pour des bibliothèques patrimoniales, il n’est pas certain que cette solution soit rentable et /ou souhaitable pour de nombreux projets de bibliothèques universitaires. Tout dépend bien entendu de l’importance des collections, de la politique documentaire choisie par l’institution et de la conception que l’on peut se faire des espaces de consultation.
Pour plus d’informations :
Pour la bibliothèque de l’Université du Missouri Kansas City : http://library.umkc.edu/newmnl
www.hksystems.com
Sharon L. Bostick: responsible de l’UMKC :
bosticks@umkc.edu
Pour la bibliothèque de droit de l’Université de Brescia : www.rails-asrs.it,
progetto@rails-asrs.it
le directeur de l’université :Eugenio Pelizzari : pelizzar@eco.unibs.it
La matinée organisée conjointement par la section Management et Marketing et la section Bibliothèques Universitaires et de Recherche a sans doute frappé ceux qui y ont assisté moins en raison des informations données que de la façon dont elles étaient données. L’IFLA express en a d’ailleurs rendu compte dans un article intitulé « les bibliothèques du futur » faisant ressortir les points clefs des interventions de Klaus Ceynowa (Bibliothèque d’Etat de Munich) et d’Eppo Van Nispen, directeur de la bibliothèque publique d’Amsterdam : la bibliothèque de demain est un service pleinement intégrée aux agrégateurs de contenu et un lieu à l’architecture et au design éblouissants. Mêlant photographies humoristiques et vidéo, les propos des deux interlocuteurs cherchaient à montrer la rapidité de l’évolution technologique et des usages qu’ils impliquent par une stratégie de communication propre à vivifier l’attention de l’auditoire. On notera néanmoins une nuance entre les deux conférenciers, le premier, se référant à une enquête mené pour prouver la diminution de 10% de la fréquentation des sites web de bibliothèques entre 2005 et 2007 au profit de la fréquentation croissante des outils du Web 2.0, le second dans la perspective de communication qui était la sienne se contentant de citer des chiffres sans citer les sources sur la diminution de la fréquentation des bibliothèques ou le caractère très perceptif de la communication ( «92% feeling, 3% speaking, 3% reading). Mon propos ne sera donc pas de répéter ici ce qui a été dit mais de porter l’attention sur le débat qui a suivi et particulièrement sur le lien qui eût semblé curieux, il y a encore quelques années, mais semble aujourd’hui d’actualité, entre téléphone portable et bibliothèque.
Si le téléphone portable a concentré nombre de questions, c’est sans doute qu’il est aujourd’hui à la fois l’objet devenu indispensable vers lequel convergent de nombreuses technologies et usages : téléphone, mais aussi appareil photo, scanner de code barres, et surtout mini ordinateur connecté à Internet. De nombreuses diapositives des deux conférences mentionnées ci-dessus, évoquaient cette idée que le téléphone était l’objet que l’on consulte vraiment n’importe où. De plus, on le sait, pour de nombreux pays qui n’ont pas de réseaux suffisamment structurés, le téléphone portable permet une connexion Internet que le réseau filaire sur ordinateur ne permet pas. Par conséquent si l’on consulte son téléphone portable vraiment n’importe où, la question de l’utilisation du téléphone portable en bibliothèque se pose et ce dans une double perspective : celle de l’usage du portable dans la bibliothèque en tant qu’espace dédié – zone de bruit relatif- et celle du téléphone portable comme support possible de services offerts aux usagers. On le sait, les bibliothèques universitaires françaises commencent à se poser la question d’un espace de détente où le téléphone portable est désormais toléré. Pensons par exemple au SCD d’Angers dont le blog a rendu compte d’une délimitation des espaces en différentes zones de silence et de bruit mais aussi à la bibliothèque Robert de Sorbon à Reims où l’espace presse est un lieu de rendez-vous des étudiants où le téléphone portable est toléré. Dans l’aménagement des espaces de la bibliothèque centrale de l’UPEMLV aujourd’hui en construction, un espace de détente, intitulé « téléphonoir » a été ainsi prévu à cet effet comme un lieu de détente intégré au sein même de la bibliothèque.
La matinée consacrée à l’avenir des bibliothèques a permis aussi d’évoquer des questions de ressources humaines. Notons par exemple l’importance d’un recrutement masculin dans les bibliothèques publiques alors même que l’emploi féminin est souvent prédominant dans ces dernières. Nous évoquerons, quant à nous, la question de l’emploi étudiant qui est plus que d’actualité dans les bibliothèques universitaires françaises dans le cadre de l’extension des horaires demandées par le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Le recrutement étudiant était l’un des points de la communication d’une collègue italienne de l’Université de la Bocconi, prestigieuse université de gestion et d’économie de Milan lors de la cession sur le Knowledge Management du jeudi 27 août. La participation, semble-t-il obligatoire, des étudiants italiens au sein des différents services de l’université a permis d’entreprendre une professionnalisation de l’emploi étudiant. Considérant leur travail en bibliothèque comme un stage, Manuela d’Orso, responsable du service public à la bibliothèque a envisagé les étudiants tout à la fois comme des employés et des usagers à qui il était possible de demander un regard extérieur sur l’activité en bibliothèque.
Liste de contacts :
Directeur de la bibliothèque publique d’Amsterdam Eppo Van Nispen tot Sevenaer : e.vannispen@dok.info
Les conférences qui ont portées sur l’action culturelle en bibliothèques auxquelles il m’a été donné d’assister étaient intégrées au programme des conférences qui se sont tenues à Turin. J’évoquerai ici rapidement la communication de Damien Wang, bibliothécaire au département de la programmation et des expositions de la Bibliothèque nationale de Singapore. Souhaitant mettre en œuvre au sein de la bibliothèque une action culturelle qui cherche à penser la bibliothèque, l’équipe du département est parvenue à l’idée d’un nouveau concept, la Non Bibliothèque au sein de la bibliothèque. Pour ce faire, suivant une méthodologie de management de projet, il a été fait appel à un metteur en scène, chargé de réunir autour de lui des étudiants d’école d’art qui ont dû travailler sur l’univers de l’artiste. L’exposition et les animations qui ont été le résultat de ce travail sont étonnants à plus d’un titre car ils ont permis d’inscrire l’évènement qui s’est déroulé sur une saison au sein des espaces de consultation de la bibliothèque d’art : nouveau mobilier présentant la bibliothèque idéale du metteur en scène et happening au sein de la bibliothèque. Le projet d’exposition de collections thématiques menées par la médiathèque du Val d’Europe en France, présenté avec un mobilier spécifique qui se superpose aux rayonnages traditionnels de la bibliothèque n’est pas sans faire penser à ce type de démarche. Il s’agit d’un décloisonnement des espaces et des pratiques qui créent un changement visuel au sein des espaces de consultation et donne sans doute un nouvel élan à la notion d’exposition en bibliothèque.
Listes de contact :
Damien_wang@nlb.gov.sg
La diffusion de ce rapport fera sans doute l’objet d’une communication au sein de l’équipe du SCD de l’Université de Paris-Est Marne-la-Vallée. La professionnalisation de l’emploi étudiant est aussi une préoccupation et un projet au sein du SCD comme au sein de l’Université. Le rapport est susceptible une fois accepté par le CFI, d’être diffusé sur un blog personnel en construction. L’information sur ce blog, qui pourrait être temporaire et ne rendre compte que de cette participation à l’IFLA. .
Lors de mon congrès de l’IFLA, j’ai eu le plaisir de rencontrer une collègue française, boursière du CFI, avec qui l’idée a émergé lors de la conférence de Turin de travailler ensemble sur une communication possible, lors d’un prochain IFLA sur téléphone portable et bibliothèque. Cette collaboration devrait voir le jour pour un prochain article.
Enfin, après avoir participé comme observatrice à la section XX sur les constructions de bibliothèques, j’aimerais pouvoir présenter ma candidature au sein de cette section.