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Pour témoigner de l’actualité de la question, plusieurs conférences et ateliers ont traité de sujets connexes : les législations nationales sur la propriété intellectuelle, le dépôt légal des publications électroniques et leur recensement dans les bibliographies nationales, les archives du web, et les relations avec les éditeurs. Les informations sur les expériences nationales et les solutions envisagées furent très riches.
Une première session, « Dépôt légal et droit d’auteur : comment faire concorder la législation avec les missions des bibliothèques nationales », a traité des difficultés grandissantes que rencontrent les bibliothèques nationales pour remplir leurs missions dans le contexte juridique national et international.
La complexité est de définir, dans le contexte électronique, les « documents » objets du dépôt et la coordination nécessaire entre la loi sur le droit d’auteur et sur le dépôt légal. En effet, la collecte des pages web par les bibliothèques nationales, même si elle fait l’objet d’un dépôt légal obligatoire, n’entraînent pas automatiquement l’autorisation donnée au public de les visualiser.
Il faut donc veiller à faire reconnaître une exception dans la loi sur le copyright (droit d’auteur) pour permettre aux bibliothèques nationales de mener à bien leurs missions de conservation et de mise à disposition au public des documents numériques en ligne (copies de sauvegarde, accès sur place et à distance).
Pour illustrer cette problématique, les politiques menées en Afrique du Sud et Namibie, en Australie et en Europe pour collecter, archiver et préserver l’accès aux publications électroniques au niveau national, représentent des expériences intéressantes sans toujours attendre un changement de la loi.
Dans le cas de l’Afrique, la loi sur le dépôt légal des publications électroniques existe depuis 1996 et 1997 mais son application pose des problèmes en moyens humains et technologiques. L’avenir devra compter sur le partenariat avec les pays développés.
En Australie, la Bibliothèque nationale réalise depuis 1996 une collecte sélective des publications électroniques en ligne et leur archivage [1], mais sans fondement juridique pourtant nécessaire. D’une part, l’extension du dépôt légal à ce type de documents donnerait un cadre légitime aux relations avec les éditeurs. D’autre part, l’amendement de la législation sur le copyright permettrait la reconnaissance, aux bibliothèques dépositaires, du droit de copie et d’accès public.
Le projet européen appelé The European Library (TEL) est un consortium de bibliothèques nationales dont l’objectif principal est la mise en place d’un cadre coopératif permettant l’accès aux principaux corpus de textes en ligne. Ce projet est basé sur le consensus avec les éditeurs. Les principes généraux en sont :
Le but de TEL est de démontrer les intérêts conjoints des deux parties de la chaîne du document : les éditeurs profitent de l’archivage numérique de leurs publications, du signalement dans les bibliographies qui représentent une plus-value de l’information qu’ils produisent. En contrepartie, les institutions dépositaires assurent un accès permanent aux archives numériques qui constituent une part du patrimoine national.
Pour illustrer l’importance de l’enjeu, l’accord entre Elsevier Science et la Bibliothèque nationale des Pays-Bas a été rendu public le 20 août à Glasgow. Selon les termes de cet accord, la Koninklijke Bibliothek devient le premier organisme de dépôt et de conservation des périodiques édités sur la plate-forme Science Direct, soit 1500 titres de périodiques dans les domaines scientifique, technique et médical. L’accès à ces archives sera possible à tous les lecteurs de la bibliothèque.
À l’occasion de la session « Combler le fossé entre l’industrie éditoriale et les bibliographies nationales », l’exemple du Royaume-Uni et de l’Irlande décrit une situation entre mythe et réalité. En effet, la loi sur le dépôt légal ne concerne encore que l’imprimé. Mais des accords avec une centaine d’éditeurs, basés sur un «schéma volontaire », existent pour le dépôt des documents électroniques hors ligne (environ 800 monographies et 850 titres de périodiques) ; néanmoins la consultation en reste limitée. Des négociations avec les éditeurs concernant l’accès aux archives sont en cours afin de modifier la loi du Copyright Act datant de 1911 qui gère le dépôt légal. La collecte des publications en ligne (« capture » d’une centaine de sites sélectionnés selon des critères définis) est au stade expérimental.
Sur la question sensible d’une nécessaire collaboration entre éditeurs et bibliothèques nationales à l’ère numérique, d’autres sessions et ateliers se sont déroulés autour des questions des méthodes de collecte, du contrôle bibliographique et du recensement dans les bibliographies nationales : « Contrôle bibliographique ou chaos : comment traiter les ressources électroniques en ligne dans les bibliographies nationales ? » « La capture du web : expériences des bibliothèques nationales ».
Aux États-Unis, une société à but non lucratif, Internet Archive, archive systématiquement depuis 1996 tout le web. Les expériences des bibliothèques nationales scandinaves sont également avancées.
Le Danemark possède une nouvelle loi sur le dépôt légal depuis 1998 qui concerne tous les médias d’information « pérennes », ce qui comprend certaines publications sur Internet, ainsi recensées dans la bibliographie nationale. La mise en place de ce programme n’est possible que si elle est basée sur la coopération avec les éditeurs.
La Norvège bénéficie d’une loi couvrant également les publications des réseaux.
La Bibliothèque royale de Suède a conclu des accords avec les éditeurs afin qu’ils leur remettent les versions complètes des livres électroniques, et l’information bibliographique correspondante. En contrepartie, les notices bibliographiques sont présentes dans le catalogue collectif national. Parallèlement, la Bibliothèque engrange les sites web depuis 1997 à l’aide de programmes automatiques (126 000 sites en 2001) avec une couverture géographique estimée assez fidèle à la réalité.
Le projet d’accès aux archives nordiques du Web est mené par les bibliothèques nationales des cinq pays nordiques. L’objectif est la création d’un système d’accès commun pour un archivage du Web à grande échelle.
La synthèse sur les problèmes juridiques posés par l’archivage du web fut très clairement exposée dans l’intervention « Archiver le web : perspectives juridiques » par A. Kavcic-Colic de la Bibliothèque nationale de Ljubljana, Slovénie (session n°163).
L’ensemble de ces contributions reflète la complexité des nouveaux défis pour la communauté internationale que représentent la collecte des données diffusées sur le web, l’accès aux archives et la conservation, tant sur le plan légal que technique. La participation à la conférence de l’IFLA est une opportunité extraordinaire de connaître les programmes engagés dans les différentes parties du monde sur des sujets d’une telle importance pour les professionnels de l’information.
Parmi les nombreuses visites proposées, j’ai pu suivre celle de Glasgow Caledonian University Library [2], construite sur un campus moderne au centre ville. La bibliothèque a elle-même bénéficié d’une extension toute récente. Deux aspects m’ont particulièrement frappée : à l’extrémité de la bibliothèque, l’existence du Learning Café, cafétéria doté d’une batterie de micro ordinateurs avec écran plat côtoyant tables et chaises, permettant un mode convivial d’apprentissage coopératif et d’échanges. Autre espace vaste dédié aux utilisateurs, l’Information Services Support Point où cinq personnes peuvent sur rendez-vous former les étudiants, par exemple organiser des sessions à l’heure du déjeuner, sur des thèmes aussi variés que la recherche documentaire, les ressources électroniques , la préparation aux oraux, la prise de notes, etc.
Pour tous ces contacts et découvertes, je remercie sincèrement le Comité français de l’IFLA qui m’a permis de bénéficier d’une bourse pour le Congrès 2002 à Glasgow.
Agnès Colnot
SCD Université de Rennes 2
[1] PADI : Preserving Access to Digital Information
[2] http://www.caledonian.ac.uk
[3] http://www.lib.gcal.ac.uk
Section Éducation et Formation par Claude Morizio
Ce qui semble avoir marqué l’orientation des travaux de la section cette année, outre le suivi des projets à long terme comme la réalisation d’une nouvelle version d’un guide international des formations en bibliothéconomie-sciences de l’information, c’est le souhait d’engager des partenariats avec d’autres sections. Dans cette optique, toutes les manifestations proposées par la section pour le congrès de Berlin vont être co-organisées : avec la section Management pour le pré-séminaire, (avec l’appui de plusieurs écoles francophones), avec la section de l’Audiovisuel et Multimédia, pour la session ouverte, et avec la section des Bibliothèques scolaires, pour l’atelier, chacune de ces sections apportant leur regard spécifique sur la formation des professionnels de l’information, en termes d’objectifs, de contenus et de méthodes.
Cette orientation semble d’autant plus pertinente, qu’on s’aperçoit facilement, à travers les différentes communications proposées, qu’une réflexion est engagée à tous les niveaux sur l’évolution des métiers de l’information, en lien avec les tendances économiques des pays développés, et avec des attentes sociales nouvelles. En suivant les travaux particuliers de trois sections, concernées par la formation des professionnels, et celle de l’usager, dans et hors l’école, j’ai pu dégager deux tendances fortes qui apparaissent de façon transversale à ces sections et qui interpellent nos collègues et leurs formateurs sans ambages. La première de ces tendances est le renforcement, dans les missions des bibliothécaires, des actions de formation de l’usager. La seconde, qui concerne également le citoyen, est la mise en place, qui semble devenir systématique, de diverses procédures d’évaluation pour apprécier l’efficacité de l’action des professionnels, comme de leur formation.
Le bibliothécaire, un enseignant ?
Ce titre évocateur, qui se trouve avoir été choisi par la table-ronde sur la formation de l’usager, résume à lui seul la problématique sous-tendant les communications qui nous ont été proposées lors de la session ouverte. Il est d’ailleurs à remarquer que la première des communications n’aurait pas été déplacée dans un institut de formation des enseignants, puisqu’on y a présenté un panorama des réflexions actuelles menées en pédagogie sur la façon qu’ont les individus d’apprendre, toutes connaissances que Sharon Markless, consultante indépendante au Royaume-Uni a présentées comme indispensables pour l’exercice du métier de bibliothécaire aujourd’hui, ce qui pourrait être l’objet d’un large débat http://www.ifla.org/IV/ifla68/papers/081-119f.pdf. Sans doute plus pertinentes, dans l’état actuel de l’implication des bibliothécaires dans la formation des usagers, ont été également évoquées les différences fondamentales existant entre les individus, notamment pour ce qui concerne l’attrait pour les nouvelles technologies. Même si l’âge est un facteur bien connu, les jeunes étant plutôt fascinés par les ordinateurs et délaissant l’écrit papier, les adultes adoptant un comportement inverse, une formation raisonnée demande au bibliothécaire de trouver les moyens de convaincre de l’intérêt de chacun des supports et des modes d’accès.
Dans les bibliothèques universitaires, la formation de l’usager ne peut se limiter à un accompagnement au coup par coup, et l’implication du corps enseignant dans la construction de modules de formation spécifiques, conçus en partenariat avec les bibliothécaires, apparaît comme une nécessité vitale, mais le chemin semble encore long. Cerise Oberman, conservateur en chef de la bibliothèque de l’Université Plattsburg de New York, a présenté les grandes lignes d’une action soutenue par l’ALA (American Library association), pour garantir la qualité et l’efficacité des formations à la maîtrise de l’information en milieu universitaire. On constate que les points-clés sont l’articulation raisonnée avec les enseignements académiques et un dispositif d’évaluation intégré au cursus global de l’étudiant, dans le souci de l’équiper de compétences au service de la formation tout au long de la vie http://www.ifla.org/IV/ifla68/papers/082-119e.pdf.
Bien évidemment, dans les bibliothèques scolaires, cette question se pose avec encore plus d’acuité, et de flou à la fois, certains pays considérant les bibliothécaires prioritairement comme des enseignants, d’autres comme des professionnels de l’information, ce qui a un impact considérable sur les actions de formation des élèves. Derrière un joli titre comme “ Du bourgeon à la fleur ”, on comprend comment le bibliothécaire scolaire peut et doit participer à la construction des savoirs et au développement intellectuel de l’individu http://www.ifla.org/IV/ifla68/papers/027-097f.pdf. Mais déjà, derrière les exhortations et les justifications des différentes formes de formation de l’usager, et quels que soient les publics, pointe la question récurrente de l’efficacité. Former oui, mais en s’appuyant sur quelles modalités pour évaluer l’efficacité de son action ? En s’inscrivant dans un système de crédits, dans le supérieur, en décernant des diplômes, dans le secondaire ? L’efficacité n’est-elle pas liée dans certains pays, et dans certains milieux professionnels, tout simplement à la survie ?
J’évalue, ils évaluent...
Mesurer la performance est une procédure courante dans le domaine économique, et depuis de nombreuses années déjà, les bibliothèques se sont préoccupées de travailler sur des indicateurs qui permettent de quantifier et qualifier leurs actions. Le champ de l’éducation, par contre, est sollicité plus récemment, pour mettre en place des dispositifs d’évaluation systématique. Dans la section des bibliothèques scolaires, Elizabeth Scott, documentaliste au lycée Menzieshill de Dundee, a proposé une réflexion sur l’analyse de la performance du centre documentaire de l’école, dans une perspective d’auto-évaluation, et en s’appuyant sur des critères objectifs. Il est vrai que les bibliothécaires scolaires, souvent seuls dans les établissements, ne font pas une priorité de cette recherche de qualité et que certains peuvent la trouver lourde à opérationnaliser, gourmande en temps au niveau du recueil des données, comme à leur analyse, mais Elizabeth Scott donne quelques pistes simples pour mieux organiser des actions déjà menées, et pour en garder des traces exploitables. Elle pose cependant le problème de l’évaluation des activités pédagogiques, conduites par le bibliothécaire auprès des élèves, qui demanderait l’intervention de chercheurs en pédagogie http://www.ifla.org/IV/ifla68/papers/028-097f.pdf.
Car, en effet, au-delà d’un légitime souci de travailler efficacement pour une communauté se dessine un avenir incertain pour les bibliothécaires scolaires, dans les pays développés où la libéralisation du système éducatif est très avancée. Dans la mesure où le chef d’établissement décide des personnels qui sont nécessaires au bon fonctionnement de la structure qu’il pilote, dans un souci de “ rendement ”, quoi de plus logique que de se séparer de ceux dont le rôle, déjà mal défini, n’apparaît pas comme essentiel. L’exemple du Québec, longtemps considéré comme un modèle, où ces personnels qualifiés sont en diminution, comme celui du Royaume-uni, évoqué ici, où seulement 40 % des établissements ont un poste de bibliothécaire scolaire, nous interpellent avec acuité dans une phase de profonde mutation à venir de notre propre système éducatif.
Cette frénésie d’évaluation s’applique également au cursus de formation eux-mêmes. Toujours au Royaume-Uni, un vaste programme d’évaluation a été mis en place, sous la responsabilité de la QAA (Quality Assurance Agency), pour ce qui concerne l’enseignement supérieur. Ceci touche en conséquence les programmes de formation en bibliothéconomie-sciences de l’information des universités britanniques. Plusieurs témoignages d’enseignants-chercheurs impliqués dans ce vaste dispositif, nous ont permis de comprendre comment chaque formation se trouvait désormais “ classée ” dans un hit-parade de performance. La recherche dans ce domaine de connaissances a aussi fait l’objet d’une évaluation, dans le cadre du RAE (Research Asessment Exercice), en 2001. J’ai pour ma part regretté que les conférenciers insistent davantage sur les procédures mises en œuvre, que sur les items évalués, et surtout, sur l’impact de ces dispositifs sur les enseignements eux-mêmes, et sur les comportements de ceux qui les assurent. Sans doute est-ce pour cette raison que dans les pays anglo-saxons, dont les contributions à ce congrès ont été prégnantes, on insiste sur le rôle spécifique des associations professionnelles, en termes de définition et de certification des compétences. Dans l’atelier organisé par la section Education et Formation, où ces dispositifs britanniques ont été présentés, Peter Enser, représentant le CILIP (Chartered Institute of Library and Information Professionals), nous a fait part de la réflexion associative sur ces questions, en nous communiquant les éléments d’un outil d’accréditation qui permet également de qualifier les formations dispensés dans les différentes structures habilitées, et une collaboration avec le QAA est envisagée, pour garantir la qualité des formations, et leur adéquation avec les besoins de la société et du marché de l’emploi.
En conclusion, les communications que j’ai entendues lors de ce 68e congrès de l’IFLA à Glasgow ont suscité chez moi deux interrogations. La première est la délimitation, ou la répartition des rôles entre les enseignants, quelle que soit leur discipline ou le niveau d’enseignement, et les professionnels de l’information, dans et hors les structures d’enseignement. La seconde est ce qui attend ces professionnels, qui travaillent en milieu éducatif, si l’on se met en tête d’évaluer leur efficacité, alors qu’en France, très peu de recherches sont menées sur les relations entre apprentissages et compétences informationnelles.
L’IFLA fêtait son 75ème anniversaire avec
pour thème principal « Les bibliothèques pour la vie : diversité, démocratie, service » et un fil rouge : « Construire sur le passé investir dans le
futur ».
Le déroulement du congrès en Écosse était un retour aux sources puisque la création de l’IFLA a eu lieu à EDINBOURG en 1927.
J’assistais pour la deuxième fois au congrès qui cette année réunissait 4000 participants de 150 pays.
Exerçant dans une bibliothèque intercommunale en milieu rural, j’ai privilégié les communications concernant les bibliothèques publiques, et me suis particulièrement intéressée aux séances de la section 10 : Bibliothèques pour enfants et jeunes adultes et surtout de la section 9 : Bibliothèques pour publics défavorisés, que je résumerai..
Lundi 19 août
Bibliothèques pour enfants et jeunes adultes. N°92 : Enfants et adultes acquis à la bibliothèque pour la vie.
Mardi 20 août
Section des bibliothèques pour publics défavorisés. N° 121 :
Services de bibliothèque pour les plus anciens : une obligation pour nos
bibliothèques :
Trois bibliothécaires scandinaves spécialistes du sujet sont intervenus en relatant des expériences concrètes de services ou animations mises en place pour les personnes âgées.
Gyda Skat Nielsen des bibliothèques publiques de Sollerod au Danemark a présenté les services de bibliothèques du Danemark à destination des personnes âgées vivant à domicile.
Le Danemark est un pays ayant une longue tradition de services à destination des personnes âgées ou handicapées.
La loi sur les bibliothèques stipule que les bibliothèques publiques ont l’obligation de servir tous les citoyens. Partant de ce principe, les bibliothèques publiques ont développé des services de prêt de documents à domicile. L’expérience peut sembler ordinaire à notre époque mais elle force l’admiration par le fait qu’elle concerne toutes les personnes âgées qui en ont besoin et que son organisation est remarquable tant dans par la variété des services offerts que dans la conception et la promotion du projet.
Dès les années 60 ces services ont été mis en place sous l’appellation « le livre chez vous » ou « la bibliothèque arrive » ; Gyda Skat Nielsen a
été une des premières à mettre en place un tel service au Danemark.
- Accès au service :
Ce service gratuit est proposé aux personnes qui ne peuvent se déplacer pour des raisons diverses : problèmes physiques ou mentaux, de façon temporaire ou permanente. Certaines personnes peuvent se déplacer à la bibliothèque mais ne sont pas en mesure de porter les livres ; elles viennent les choisir à la bibliothèque et ils leur sont livrés à domicile.
- Organisation du service :
Lors d’une première visite un contact personnel est établi entre le bibliothécaire et la personne âgée souhaitant bénéficier de ce service. Cet échange est destiné à connaître ses centres d’intérêt afin de mieux la servir. Il est important que ce soit toujours le même bibliothécaire qui suive la personne, pour créer un lien. Après cette première visite, qu’il n’est pas toujours possible de renouveler fréquemment faute de temps, le contact se poursuit par téléphone ou par courrier. Une relation chaleureuse se noue souvent. A Solleröd, les livres sont portés une fois par mois selon un calendrier établi pour trois mois.
- Choix des documents :
Les documents sont choisis soit par le bibliothécaire en fonction de la première visite, soit par l’usager à partir des collections de la bibliothèque : les sélections sont faites d’après des bibliographies régulièrement fournies par la bibliothèque. Les goûts des usagers sont variés : romans mais aussi histoire, philosophie, et les livres en langues étrangères sont en développement. 50 % des usagers empruntent des livres sonores et magazines sur cassettes en complément ou à la place des livres en grands caractères. Un choix de revues historiques, culturelles et sur l’art complète les livres sonores. De la musique et des vidéos sont également proposées.
132 villes danoises sur 275 produisent un journal municipal sonore pou les
personnes ayant des problèmes de vue ou physiques. La plupart de ces revues
sonores sont publiées par les bibliothèques publiques et diffusées gratuitement
sur cassettes, les cassettes sont ensuite renvoyées aux bibliothèques.
Enfin certaines bibliothèques dont celle de Sollerod, proposent un service de lecture à voix haute pour les déficients visuels, comprenant l’enregistrement d’articles, de courrier personnel, de modes d’emploi, etc.
- Promotion de ce service :
Une publicité régulière est indispensable au moyen des :
Des animations sont aussi organisées pour les usagers des services à domicile (spectacles et rafraîchissements).
Un partenariat existe avec les services sociaux
et régulièrement la bibliothécaire accueille les infirmiers et aides à domicile pour les informer des services que la bibliothèque met à disposition des personnes dont elles
s’occupent.
La bibliothèque doit faire le premier pas vers l’extérieur pour informer les personnes âgées menant souvent une vie retirée et se déplaçant peu.
Une fois que la bibliothèque a acquis une bonne visibilité sur l’extérieur, il est
plus facile de convaincre les élus de soutenir ces services. Ils se rendent
même compte que cela réduit les dépenses de santé !
Travailler avec les personnes âgées est parfois considéré comme dévalorisant, mais c’est un service qui engendre beaucoup de satisfactions en retour.
La deuxième intervenante, Birgitta IRVALL travaille à la Swedish library of Talking Books and Braille. Elle a présenté une expérience de service aux personnes âgées
vivant en résidences médicalisées.
Des bibliothèques sont installées dans ces résidences et s’adressent aux résidents
et au personnel soignant, leur proposant aussi des livres de médecine.
- Des animations pour tous :
De nombreuses animations sont proposées aux résidents ainsi qu’au
personnel :
Stages de lecture à voix haute organisés par les bibliothécaires. Des groupes de lecture avec un comédien, des expositions culturelles, des choix de livres autour d’un café…
Il est intéressant de remarquer que l’aide des personnes âgées est également
sollicitée pour le rangement des documents.
Enfin Oddgeir Synnes de la Hordaland County Library à Bergen, Norvège nous a fait partager un projet d’atelier d’écriture mis en place avec des personnes âgées. Il se base sur l’expérience de vie des personnes et leurs capacités. Écrire les valorise et les aide à se souvenir. Si les participants sont parfois réticents au début, ils sont ensuite fiers de leurs productions.
La découverte d’auteurs de poésie est utilisée pour cet atelier. Beaucoup de participants ont ensuite emprunté à la bibliothèque des textes d’auteurs dont ils s’étaient inspirés. Ils ont perçu l’intérêt de la bibliothèque autrement que pour lire des choses simples.
L’atelier réuni 10 participants encadrés par 2 professeurs tous les 15 jours. Chaque
séance dure 3 heures. Il n’a aucun but thérapeutique.
Des publications sont envisagées ainsi que la création d’un site Internet.
L’enthousiasme des intervenants et la qualité des expériences relatées est une source de motivation importante pour transposer ces expériences dans la bibliothèque où je travaille, tout en apportant des éléments concrets aux questions que je me posais sur la mise en place d’un service de portage à domicile.
Le congrès 2002 m’a permis de suivre les conférences de deux sections (Information and technologie et Public library) et d’une table ronde (mobile library).
Cette année pour la première fois j’ai participé aux réunions de travail de la table ronde sur les bibliothèques mobiles. Cette année je vais rejoindre la table ronde bibliothèque mobile (lettre à envoyée)
Afin de rendre compte des travaux de l’IFLA aux professionnels français j’ai rédiger deux articles l’un sur le travail de la table ronde sur les bibliothèques mobiles. Cet article sera aussi publier dans la revue de l’ADBDP Transversale. Le second article présentera le travail du workshop auquel j’ai participé et sera publié dans le prochain numéro du bulletin du groupe Île de France de l’AGF.
Cet été se tenait à Glasgow la 68ème conférence annuelle de l’IFLA. La table ronde sur les bibliothèques mobiles a pu se réunir lors de réunions de travail, de conférences et du rassemblement des bibliobus.
La table ronde cherche à promouvoir des services particulièrement innovants et à faire connaître les différents usages des bibliobus pour proposer des accès équitables à l’information.
Tout d’abord, elle se donne pour mission de collecter et d’évaluer les études sur les services mobiles dans les pays en voie de développement. Un séjour d’étude a permis à la table ronde de rassembler les données nécessaires à la publication des Recommandations pour les bibliothèques mobiles sans moteurs. Des collègues ont ainsi étudié les bibliothèques utilisant des pirogues, des ânes, des éléphants ou des chameaux pour apporter les documents. Ensuite la table ronde recense mondialement les pratiques remarquables pour le fonctionnement des bibliothèques mobiles. Cette année la table ronde souhaite devenir une cellule de veille sur l’utilisation des technologies embarquées. Elle recensera les expériences pour ensuite informer les professionnels. Afin de diffuser les informations le groupe se dote d’une lettre d’information dont la nouvelle édition paraîtra quatre fois par an. La première sera publiée après le congrès.
Le congrès a permis à nos hôtes de dresser un panorama des bibliobus écossais Un exposé enthousiaste nous a fait voyager à bord du Book boat Repos qui à Bergen en Norvège part pour une tournée d’un mois avec un équipage composé d’un commandant, un matelot, un cuisinier deux bibliothécaires, et un à deux artistes. Ensemble ils contribuent à offrir des livres la journée et des animations culturelles en soirée à des populations très isolées. L’intervention dynamique du collègue suédois Christ Caris présentait des bonnes idées glanées lors de voyages d’étude. Il a fait l’état des bibliobus australiens dont certains semi-remorques triplent de largeur à l’arrêt grâce à des caissons rétractiles, ainsi que de divers aménagements de bibliobus : une à deux entrées, une ou deux sections avec des marches séparatrices, des OPAC sur écran plat et même un bus de ville en deux parties avec une salle de formation et dix postes de consultation Internet. Enfin une dernière intervention présentait le vade-mecum du parfait organisateur de rassemblement de bibliobus attirant l’attention des participants sur les objectifs, la communication, la signalétique, le choix stratégique du lieu mais aussi la taille des routes et l’état du parking.
Pour la première fois la table ronde des bibliothèques mobiles organisait une réunion de bibliobus : 39 véhicules européens (anglais, écossais, gallois, hollandais, suédois) étaient réunis. Le concours récompensait le véhicule le mieux entretenu, le mieux décoré, le plus novateur et la médaille du public. C’est sous une pluie battante que les congressistes ont pu participer au cours d’élégance des bibliobus. Quelques éléments ont retenu notre attention :
Idées venues d’ailleurs
La section bibliothèque publique a organisé une journée de réflexion sur la formation aux nouvelles technologies en bibliothèques. Après la lutte contre l’illettrisme et l’analphabétisme , la formation aux technologies de l’information est la clé d’une intégration de l’individu dans la société de l’information. L’ensemble des expériences montrait comment les politiques confortaient les bibliothèques dans leur rôle de formateur.
Mondialement les formations se recoupent, l’ensemble des bibliothèques commence par le maniement de la souris, la navigation sur Internet, la recherche d’information et la bureautique. Certains pays poursuivent les formations jusqu’à la création de sites web, l’apprentissage de logiciels spécialisés ou les langages de programmations. La discussion qui a suivi à pointer du doigt l’importance de la formation des personnels, et la multiplicité des missions dévolues aux bibliothèques aujourd’hui.
Victoria Courtois
BDP du Val d’Oise
ROTNAC est une structure particulière au sein de l’IFLA : c’est une table ronde, dont les membres sont presque tous des sociétés commerciales ou des associations. Les membres en sont en effet les organismes qui fournissent, dans un certain nombre de pays, des services centralisés aux bibliothèques, publiques, universitaires ou autres (au 1er juillet 2001, 15 membres originaires de 13 pays). Le président de ROTNAC, M.B. JENSEN, est le directeur du Centre danois de services aux bibliothèques ; le secrétaire E. DUIJKER, le directeur de Biblion (Pays-Bas).
Les pays représentés sont essentiellement européens, l’Allemagne, les Pays-Bas, le Danemark, la Suède, la Norvège, la Finlande, la Hongrie, la Suisse, la République tchèque. Israël et l’Australie sont également membres. La France, absente depuis de nombreuses années du groupe, est à nouveau membre de par l’adhésion du Service technique des bibliothèques de la Ville de Paris.
Les services fournis aux bibliothèques (clientes ou adhérentes, selon les cas) par les sociétés commerciales ou les associations membres de ROTNAC sont, pour une large part, identiques : information éditoriale sur tous les supports (livres, phonogrammes, vidéogrammes, cédéroms, etc.), organisation de la sélection, commandes, catalogage, équipement des documents, livraison aux bibliothèques, avec un suivi de « compte » pour chaque bibliothèque. NBD et Biblion, par exemple, travaillent avec 85% des bibliothèques néerlandaises.
Ces sociétés sont par ailleurs à la recherche :
Il m’a semblé évident que le Service technique des bibliothèques de la Ville de Paris se devait d’être en contact avec ces différentes structures nationales, soit par l’intermédiaire de ROTNAC, soit en direct, afin de se tenir informé des pratiques actuelles et futures et avec l’objectif d’offrir aux établissements municipaux parisiens un service plus efficient et de meilleur qualité. C’est la raison pour laquelle le STB a adhéré à la table ronde ROTNAC en 2001. Cependant, sa participation aux travaux du groupe n’aura été que de courte durée, puisque la réorganisation structurelle de l’IFLA et la suppression des tables rondes a abouti à une « privatisation » de Rotnac.
Je précise : les « tables rondes » de l’IFLA (10 en 2002), structures intermédiaires entre des sections (structures pérennes) et des groupes de discussion (structures ponctuelles ou provisoires, dont la création et la disparition suivent l’évolution du domaine et du métier) se sont vues dans l’obligation de changer de statuts. La plupart d’entre elles ont choisi de se transformer en section (8 sur 10). L’Intamel hésite encore sur son futur statut. ROTNAC a préféré devenir une association, jouant un rôle de conseil auprès de l’IFLA, et occupé une position proche de celle de la Conférence des directeurs des bibliothèques nationales. L’adhésion à l’association sera réservée aux sociétés commerciales de service aux bibliothèques. ROTNAC ferme donc ses portes aux membres institutionnels, qui, il faut en convenir, sont des clients effectifs ou potentiels. Les stratégies commerciales ne se discutent qu’en privé ! Il est fort regrettable pour le STB que cette précieuse source d’information se soit tarie brusquement, car il était intéressant de se trouver de l’autre côté du miroir et d’apprendre incidemment, par exemple que :
De multiples présentations de professionnels du Royaume-Uni, des visites de bibliothèques, la présence de nombreux stands institutionnels et commerciaux sur le salon professionnel ont permis aux congressistes de découvrir les bibliothèques du pays-hôte.
Lors de l’open session proposée par la section des bibliothèques publiques de l’IFLA dimanche 18 août, Jacqui Campbell, du groupe des bibliothèques publiques du CILIP, a dressé un état des lieux de la situation des bibliothèques publiques d’Angleterre et du Pays de Galles (« Raising the standards : current issues and developments in public libraries in England and Wales »
De 1995 à 2001, la fréquentation des bibliothèques publiques anglaises a décru (- 17%), les prêts de documents ont chuté (- 25%), les crédits d’acquisition se sont considérablement réduits (-22%), les heures d’ouverture ont diminué, alors que parallèlement les dépenses de fonctionnement augmentaient. Plus de la moitié des bâtiments sont mal situés et en mauvais état. Une situation dramatique pour un pays qui a longtemps été un modèle de développement pour les bibliothèques publiques européennes.
Par le biais d’un certain nombre de mesures et de plans de développement, par l’élaboration de normes, que Jacqui Campbell a exposés, le gouvernement anglais a décidé de redresser la barre. Les financements sont multiples : collectivités territoriales, État, fondations, etc. Il est bien évidemment trop tôt pour évaluer l’impact de l’effort consenti, mais il conviendra de suivre avec attention cette entreprise de sauvetage des bibliothèques publiques anglaises.
Sur le stand d’OCLC, au cœur du salon professionnel, j’ai demandé une présentation des services offerts par la NetLibrary, la plus grande bibliothèque électronique du monde.
La NetLibrary d’OCLC (http://www.netlibrary.com), ce sont 45 000 titres d’ouvrages de fiction et de documentaires accessibles à distance et téléchargeables. Seules les bibliothèques donnent accès à cette bibliothèque virtuelle, les lecteurs privés n’ayant pas la possibilité d’accéder aux prestations. Pour en bénéficier, il convient donc de s’inscrire dans une des bibliothèques membres de la NetLibrary.
Les bibliothèques paient un forfait à NetLibrary, établi en fonction du nombre de titres qu’elles souhaitent proposer en version électronique à leurs adhérents (une collection minimum de 100 titres est exigée pour faire partie du réseau). OCLC s’acquittent des droits d’auteur. Les titres choisis par la bibliothèque sont alors intégrés dans le catalogue de la bibliothèque.
À partir de son ordinateur, le lecteur, qui accède gratuitement au service, fait son choix dans le catalogue des livres électroniques, télécharge les titres qui l’intéressent, en dispose en ligne pendant la « durée d’emprunt » fixée la bibliothèque « prêteuse ». Au terme de cette période, le titre disparaît de l’ordinateur de l’usager. Entre temps, l’usager aura lu, sélectionné l’information, copié, collé, envoyé des données à ses correspondants, etc. dans les limites du « fair use » fixées par NetLibrary. À Glasgow, j’ai ainsi eu l’opportunité de construire mon guide de voyage idéal pour découvrir l’Écosse, en sélectionnant les chapitres qui m’intéressaient dans des guides divers : le libre choix de l’usager au sein d’une offre documentaire riche et souple.
En tant que boursière du Comité Français IFLA, j’ai pu cette année poursuivre mes activités au sein de la section statistiques dont j’ai été élue Secrétaire-Trésorière en 2001 après en avoir été officiellement membre depuis 1999.
Tout d’abord, je mettrai en exergue les points forts du programme organisé par la section, puis j’attirerai l’attention des collègues francophones sur les présentations marquantes auxquelles j’ai pu assister pendant la conférence.
La section des statistiques, dont le nom vient d’être transformé en section « Évaluation et statistiques » pour mieux correspondre à l’élargissement de son champ d’action, a organisé une pré-conférence de trois jours à l’université de Lougborough (proche de Birmingham en Angleterre). Celle-ci est dotée d’un département des sciences de l’information reconnu au niveau international pour la qualité de ses études statistiques appliquées aux bibliothèques, aux musées et aux archives.
Un atelier, réservé à une cinquantaine de personnes, s’est déroulé une journée entière le jeudi 22 août sur le site même de la conférence. Son organisation avait été confiée à Sandra Parker, de l’université de Northumbria (Angleterre) et Wanda Dole, de l’université de Washburn (Etats-Unis) et présidente de la section statistiques. Les orateurs ont présenté les études d’impact et de résultats réalisées dans leurs différents établissements.
J. Blixrud, représentante de l’Association of Research Library (ARL) aux Etats-Unis, a fait le point sur l’avancement du programme Libqual qui rassemble aujourd’hui près de 170 bibliothèques nord-américaines, parmi les plus importantes en termes de moyens. Cette étude très précise sur les services offerts par les bibliothèques membres comprend notamment 25 mesures de qualité qui permettent à chaque institution de se comparer par rapport aux autres et de connaître ainsi ses forces et ses faiblesses en fonction d’un environnement donné (cf. www.arl.org/libqual).
Les Britanniques ne sont pas en reste grâce au projet Jubilée chargé de définir des critères de satisfaction et d’évaluation des services offerts par le consortium JISCC - réseau fédératif d’abonnement à des ressources électroniques entre les grandes bibliothèques du Royaume-Uni. Ce type d’étude peut être riche d’enseignement pour les bibliothécaires français confrontés au même souci d’évaluer des ressources électroniques qui représentent désormais une part considérable des budgets d’acquisition.
Dans le cadre d’une vaste étude sur l’analyse des coûts et des usages en bibliothèque, quatre bibliothèques américaines spécialisées en santé ont mené une enquête électronique de 1999 à 2002 pour déterminer quels sont les usagers et les usages des ressources électroniques et en quoi l’accès à ces données contribue aux programmes de recherche subventionnés. Ont été présentés successivement le champ de l’étude, puis la méthodologie adoptée et enfin les principales conclusions. Il en est ressortit notamment que :
- la plupart des usagers accèdent à ces ressources électroniques à distance, sur les campus mais pas dans les locaux de la bibliothèque ;
- les usagers distants qui utilisent de manière intensive ces services se caractérisent par leur statut de chercheurs impliqués dans des programmes subventionnés ;
- les demandes de documents portent avant tout sur les collections de revues.
La méthodologie mise en œuvre dans ces bibliothèques peut être un exemple utile pour des collègues désireux d’entreprendre des démarches similaires dans leur propre pays.
Pour les bibliothèques de l’université de Minnesota, spécialisée en sciences de l’ingénieur, F. Elliott a adopté une toute autre méthodologie pour connaître les pratiques documentaires des enseignants-chercheurs et plus largement leurs modes de recherche. Afin d’obtenir des informations très précises et comparables, il a procédé à l’interview d’une cinquantaine de personnes en se concentrant sur une liste de données qualitatives et des échelles d’évaluation. À l’issue de ces travaux, il a constaté qu’un dialogue bénéfique à long terme avait pu s’instaurer entre la bibliothèque et la communauté universitaire proprement dite. Le questionnaire utilisé présente l’avantage d’être transférable dans le contexte d’autres bibliothèques universitaires et il est même impressionnant de constater tout au long de cet atelier la similitude des préoccupations des bibliothécaires et chercheurs dans les différents pays, tout au moins européens et nord-américains.
Quant à K. de Jager, de l’université de Cape Town en Afrique du Sud, elle s’est efforcée de prouver aux autorités de tutelle la contribution de la bibliothèque au succès des étudiants aux examens en faisant des corrélations entre l’intensité d’utilisation des services de la bibliothèque (collections, formation des usagers, prêts, etc.…) et la réussite universitaire.
Une partie de la journée a été consacrée à une réflexion en petits groupes sur la notion de satisfaction des usagers. Quels que soient les groupes et l’origine géographique des participants, un consensus est apparu sur le fait qu’il s’agit d’une donnée tout à fait nécessaire qu’il convient toutefois de manier avec précaution. A titre d’exemple, les attentes des usagers diffèrent clairement entre les différents types d’usagers des bibliothèques universitaires (étudiants de DEUG, étudiants avancés, chercheurs) au point parfois d’être concurrentes. Les résultats de ces études de satisfaction apportent des informations précieuses aux gestionnaires des bibliothèques mais ne suffisent pas à elles-seules pour prendre des décisions relatives à l’amélioration de la gestion d’ensemble des services.
Parmi les conférences auxquelles j’ai assisté durant la semaine, j’ai pris le parti pris d’en sélectionner quatre qui m’ont paru particulièrement informatives pour les bibliothécaires français parce qu’elles recoupent largement nos préoccupations quotidiennes dans la gestion des établissements.
Éducation des usagers – N° 119 : Former les bibliothécaires en tant qu’enseignants
Ce thème est tout à fait intéressant pour les bibliothécaires français qui participent au développement de la formation des usagers, fonction nouvelle qui a récemment pris de l’ampleur dans les bibliothèques universitaires sous l’impulsion du Ministère de l’Éducation nationale. Bien des points communs existent entre les bibliothèques citées en exemple lors de cette session plénière et les bibliothèques françaises. Les communications n’étant pas disponibles actuellement sur IFLANET, en voici une bref résumé.
S. Markless (Royaume-Uni) a insisté sur la nécessité de former les bibliothécaires, mais aussi les enseignants, à devenir de véritables pédagogues, prenant en compte sérieusement les caractéristiques de leur auditoire et s’adaptant à ses besoins. C. Oberman, au nom de l’Association of Research Library (ARL, Etats-Unis), a poursuivi en faisant état des dernières mises à jour relatives aux recommandations (Best Practices) en matière de formation à la recherche documentaire qui seront disponibles sur le site Internet de l’ARL à l’automne prochain. Enfin, D. Herron, de l’université suédoise Karolinska très réputée en médecine, a su capter l’attention de la salle en montrant avec humour comment une équipe de « quelques enthousiastes », en l’absence d’un service officiel de formation inscrit dans l’organigramme de la bibliothèque, a créé un programme des formation en trois modules pour les étudiants avancés :1) introduction à la bibliothèque 2) récupération de données dans les principales bases de données en médecine 3) bases de données avancées et internet. Ces actions qui représentent pour la bibliothèque 7 équivalents temps plein et implique près de 40 correspondants visent à diffuser de nouvelles méthodes pédagogiques et méthodes de travail en partenariat avec les départements d’enseignement. Des supports de formation sont disponibles également en ligne.
Bibliothèques universitaires et marketing – n° 106 : L’impact du changement sur les employés des bibliothèques universitaires
Ce sujet, au premier plan dans la littérature professionnelle française, est également d’un intérêt majeur pour nos collègues au niveau international.
Deux bibliothécaires australiens (T. Wildin et S. Jones) ont présenté non sans humour les points de vue d’un « manager » (l’équivalent d’un directeur) et d’un employé bibliothécaire face aux transformations que vit l’organisation. Après avoir dégagé quatre profils de personnes plus ou moins résistantes aux changements, ils ont énuméré les conditions appropriées pour mettre en place selon eux une nouvelle organisation de travail et créer un esprit d’équipe. De manière pragmatique, ils ont précisé les attentes réciproques raisonnables tant de l’équipe dirigeante que du personnel. Ce dialogue à deux voix a été suivi par un exposé plus théorique de M. de Miribel (France) qui a porté un diagnostic sur les différents types de conflits dans les bibliothèques (relationnels, organisationnels, culturels) et présenté quelques techniques pour les gérer.
Par bien des aspects, cette problématique du changement liée notamment à la prégnance de plus en plus forte des nouvelles technologies dans les établissements, était complémentaire de la session organisée par la section sur la gestion des associations de bibliothèques.
Gestion des associations de bibliothèques – n° 94 : Visions pour le futur : un changement radical pour les associations professionnelles de bibliothèques et de documentation
Les associations professionnelles de nombreux pays doivent faire face quant à elles à un changement d’ordre humain : une nouvelle génération de professionnels apparaît dans tous les pays, même si le contexte est diamétralement différent entre les pays du Nord et les pays du Sud compte tenu de la démographie respective de ces nations.
U. Müller, à travers l’exemple de la bibliothèque de l’université de Bochum, a montré par quels moyens elle était parvenue à introduire de nouvelles méthodes de travail tout en intégrant le facteur déterminant d’une pyramide d’âge vieillissante des employés. Le contraste était frappant avec le Sénégal où les associations de bibliothèques s’efforcent de recruter de nouveaux adhérents alors que le pays a formé récemment de nombreux jeunes bibliothécaires qui rencontrent des difficultés pour trouver un emploi qualifié et correctement rémunéré, au risque de se réorienter vers d’autres secteurs. Sans nul doute, les campagnes de marketing qu’il convient d’envisager pour renouveler une génération d’adhérents qui vont prochainement partir à la retraite dépendent singulièrement du contexte propre à chaque pays.
Services de références – n° 128 : la mondialisation et les services de référence.
Outre le développement des activités menées par OCLC, la Bibliothèque du congrès et différentes bibliothèques principalement anglo-saxonnes autour du service de référence « Questionpoint », l’intervention des collègues de la Bibliothèque Nationale du Canada présente d’autant plus d’intérêt pour nous que la nouvelle interface expérimentale mise en place en 2001 (Virtual Référence Canada, VCR) a été conçue pour répondre aux besoins des usagers dans les deux langues officielles du pays. Des échanges d’expériences pourraient donc à l’avenir être particulièrement fructueuses.
Quelque séduisant soit le projet d’un service de référence à l’échelle mondiale, les différentes interventions ont prouvé l’importance de tenir compte des spécificités nationales et des contextes dans lesquelles évoluent les bibliothèques et leurs usagers. Afin de donner un large écho à ces travaux novateurs, toutes les communications scientifiques de cette section ont été mises sur le site internet de l’IFLA et ont fait l’objet d’une traduction en français.