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Il semble acquis qu’une veille s’impose sur les grands projets de conventions ou de lois ainsi que sur des questions sensibles, comme la protection des données personnelles, sur toutes les limites susceptibles d’être instaurées qui impliqueraient une diminution de l’accès à l’information pour des raisons juridiques, techniques ou liées à des idéologies politiques et religieuses. Quant aux contrats de licences appelés à régir l’information sur support numérique, l’accent est mis sur le fait que les règles du droit d’auteur ne puissent être contournées par des dispositions contractuelles afin que soit préservé le souci d’équilibre qui a toujours prévalu, en matière de lois sur le droit d’auteur, entre ayants droit et usagers.
Contrat de licence et loi sur le droit d’auteur
La déclaration de l’IFLA relative au droit d’auteur a été commentée par James G. Neal (Université John Hopkins, USA). Il a rappelé que l’information est désormais numérique, que les règles du droit d’auteur, instables aujourd’hui, doivent être appréhendées au niveau mondial, que l’accès à l’information est menacé et que les bibliothèques, qui représentent l’intérêt public, ont un rôle important à jouer. Les traités internationaux on un impact sur les législations nationales, les clauses des contrats de licences, les "guides" pour les bibliothécaires . Quant aux systèmes de protection technique, ils sont de plus en plus agressifs. Des tensions très fortes sont progressivement apparues entre la loi sur le droit d’auteur et les contrats découlant de la nouvelle donne pour la protection des ayants droit. La déclaration de l’IFLA donne des arguments permettant de conserver les acquis par le maintien des exceptions traditionnelles. Le droit d’auteur doit, en effet, favoriser l’innovation et concurrence, le partage des ressources, et non créer de nouvelles barrières dans l’accès à l’information numérique. L’IFLA préconise des modèles qui n’impliquent pas une confiscation de l’information, un paiement à l’unité, la présence physique de l’usager dans une bibliothèque ou une menace relative à la vie privée des usagers. Elle propose des modèles de communication dans le cadre de la formation à distance, l’utilisation de licences permettant de s’adapter à des marchés flexibles. Le bibliothécaire a, dans ce cadre, pour rôle de procurer des sources d’information, de soutenir les intérêts du public au niveau politique et juridique, de former la communauté aux règles du droit d’auteur, de se ternir informé de l’évolution des lois sur le droit d’auteur, d’avoir un impact dans les négociations dans le cadre des contrats de licences, voire de promouvoir de nouvelles stratégies pour la propriété de la propriété intellectuelle.
L’IFLA a également défini une série de principes destinés à être utilisés par les bibliothèques lors des négociations des contrats de licences . Ann Okerson (Université de Yale, USA) experte dans ce domaine et Kjell Nilsson, (directeur d’un consortium de bibliothèques nordiques) tracent les grandes lignes des interactions entre la loi sur le droit d’auteur et les procédures contractuelles, appelées à être utilisées dans l’environnement électronique. Les caractéristiques et les usages des supports numériques étant différents et susceptibles d’évoluer rapidement, la licence, spécifique à chaque transaction, permet de détailler tous les aspects qui ne peuvent être prévus explicitement par la loi. Elle clarifie des transactions complexes, établies bien souvent à un niveau international et, lorsque les deux parties sont sur un pied d’égalité dans la négociation, permet une meilleure adéquation de l’offre et de la demande. Mais, insistent les auteurs de la communication, la liberté contractuelle ne doit pas permettre contourner la loi sur le droit d’auteur. La loi doit servir, en revanche, de point de départ dans les négociations. Il
est important de veiller à rédiger chaque contrat de manière claire et y prévoir tous les types de situations y compris la possibilité de désengager, à prendre de grandes précautions en matière de contrats non négociés de plus en plus fréquents (par clic d’ordinateur ou déchirement de l’enveloppe de protection des cédéroms) [voir encadré : UCITA]. Si le processus d’apprentissage des règles contractuelles commence à porter ses fruits, des progrès restent à faire, en particulier, sur la langue du contrat qui ne devrait pas être systématiquement proposé en anglais, la définition des usagers autorisés qui devraient être plus nombreux et plus variés, la possibilité de se voir accorder un prêt inter-bibliothèque et un accès perpétuel aux informations souscrites. Le prix reste toujours un point difficile à négocier. Quant à la formation aux techniques de négociation, elle s’impose .
Dédramatiser la licence, utilisée fréquemment dans d’autres contextes, mais également par les bibliothèques, tel a certainement été l’objet de la communication de Graham Cornish (Bristish Library, Royaume-Uni). Le contrat de licence correspond, en effet, à un droit d’usage, que l’on retrouve, par exemple, dans le prêt d’ouvrage. Une vision positive consiste à y voir une relation d’équilibre entre deux entités ou personnes. Graham Cornish effectue ensuite une analyse approfondie des risques potentiels présentés par l’utilisation de supports numériques en matière de copie, transmission, transformation, traduction et d'adaptation, sans oublier les risque pour l’intégrité et la paternité des œuvres, en examinant également les opportunités et les barrières nouvelles qui se présentent aux handicapés visuels. Il poursuit en analysant les autorisations données par la loi dans certains pays aux personnes handicapées et aux possibilités offertes, en fait à l’ensemble de la population, par les licences. Ces dernières permettent, relève-t-il aussi, de lever des incertitudes, de traiter sur un pied d’égalité avec les ayants droit, de permettre une meilleure rencontre de l’offre et de demande. En revanche, les délais de négociation peuvent être longs, on peut se heurter au refus de négocier, au risque de paiement supplémentaire, voire à un contournement des droits accordés par la loi. Si la licence offre de multiples possibilités sur lesquels il met surtout l’accent, elle doit être construite avec soin, reconnaît-il, sous peine d’avoir un impact négatif pour les deux parties.
La licence, enfin, a été présentée par Maja Zumer (bibliothèque nationale et universitaire de Slovénie), dans un environnement particulier, celui des bibliothèques d’Europe centrale et orientale. L’accent y est mis sur les réalisations du projet CELIP (Central and Eastern European Information Platform), financé par la commission européenne et coordonné par EBLIDA où, lors d’ateliers regroupant des bibliothécaires de dix pas différents, l’accent est mis sur les droits des usagers dans l’environnement électronique et la présentation de plusieurs modèles de licence. Les bibliothécaires peuvent recourir à un "point-focal " représentant un site web et une liste de discussion leur répondant à toutes leurs questions juridiques. Quant aux informations relatives aux accords de licences passées, elles sont largement diffusées et, à titre d’exemple, Maja Zumer présente les consortiums tchèques et le programme eIFL Direct de l’Open Society Institute ou Fondation Soros. Si la situation se présente différemment selon les pays, en fonction surtout du soutien que les bibliothèques ont pu obtenir de leur gouvernement, le manque d’expérience patent implique un effort de formation et une plus grande diffusion des accords déjà obtenus au niveau international.
Un exposé plus technique d’Hiroshi Kawamura (Japon), dans le cadre d’une stratégie à mettre au point pour donner accès à l’information numérique aux handicapés visuels, mais également aux personnes atteintes d’autres handicaps (dyslexie, handicap mental), a mis l’accent sur des recherches de normalisation faites par le Consortium DAISY (Digital Audio-based Information System) qui tente d’établir une norme internationale sécurisée pour la production, l’échange et l’utilisation du livre vocal numérique dans le respect des droits des titulaires de droits et des usagers. Les systèmes classiques de gestion des droits ont, en effet, une fâcheuse tendance à bloquer toute possibilité de reformatage, considérée comme une atteinte à l’intégrité de leurs données, indispensable pourtant à effectuer pour rendre l’information accessible aux handicapés qui devraient, après payé un prix identique à celui qui est demandé sur le "marché ", pouvoir effectuer ce type de transformation sans coût supplémentaire. L’adoption d’une telle norme, [gérée dans le cadre de licences ], permettrait de faciliter le travail des bibliothèques.
Protection de la vie privée - LIBERTÉ d’expression
La notion de vie privée dans l’histoire, l’impact négatif fait de l’usage de la technologie dans ce domaine alors que nous sommes de plus en plus sensibles aux atteintes qui peuvent être faites à nos privées, c’est la longue introduction faite par Michael Gorman (California State University, USA) avant d’aborder des considérations plus précises sur les dispositifs légaux et réglementaires, très morcelés aux États-Unis, les atteintes à la vie privée en bibliothèques et la veille nécessaire pour que le respect de la vie privée des usagers soit maintenu, malgré les difficultés nouvelles engendrées par l’utilisation de nouveaux supports. Une veille permanente sur ces questions doit être envisagée afin d’informer et de former de l’ensemble de la communauté concernée (usagers et personnel) et, à titre d’exemple permettant de définir une politique et des règles de conduite, il évoque plusieurs textes proposés par l’American Library Association (ALA) qu’il interprète ensuite de manière très concrète.
Les conflits sont patents entre le souci de protection de la vie privée et les opportunités offertes par la technologie, permettant aux bibliothèques de fournir des services performants et personnalisés à leurs usagers. La responsabilité des bibliothécaires est engagée, comme nous le démontre Sue Brown , en regard de la directive sur la protection des données personnelles et de sa transposition au Royaume-Uni, du " Regulation of Investigatory Powers Act " qui permet d’intercepter des données dans des cas liés à la sécurité publique, du Human rights Act et de l’usage des systèmes de gestion électronique des droits d’auteur. A titre d’exemple, elle évoque les problèmes liés aux statistiques d’utilisation, au libre accès à Internet favorisé officiellement par les autorités publiques britanniques, et son corollaire, la liberté d’expression, en conflit parfois avec la protection de la vie personnelle, à l’instauration de filtres, en contradiction avec la volonté affichée de favoriser un accès large à l’information. Quant aux systèmes de protection électronique, con«us pour protéger les œuvres protégées par le droit d’auteur, ils peuvent donner lieu à divers abus. Les bibliothécaires se trouvent ainsi face à de nouveaux dilemmes. Il est important qu’ils puissent prouver qu’ils maîtrisent cette problématique, qu’ils respectent les règles en vigueur tout en suivant des lignes de conduites précises et qu’ils forment leurs usagers et leur communauté sur ces points.
Pour pouvoir évaluer son propre degré de tolérance à l’information susceptible d’être sujette à controverses, des travaux pratiques ont été proposés dans le cadre d’un atelier de la commission de l’IFLA sur la liberté d’accès à l’information et la liberté d’expression . La première étape a permis d’échanger des informations sur les réticences rencontrées au niveau personnel, la deuxième sur les frontières susceptibles d’être établies au niveau professionnel. Deux interventions ont suivi, l’une présentant la problématique à laquelle se heurtent en ce moment les bibliothèques publiques américaines auxquelles on tente d’imposer des systèmes de filtrage sur Internet destinés aux enfants, refusés énergiquement par ces dernières, la deuxième présentant le cas d’un autodafé de livres qui vient d’être accompli dans un séminaire aux confins de l’Oural, désapprouvé très officiellement par la responsable de l’association russe qui a, en outre, agi pour que les livres incriminés soient redistribués rapidement.
Plus de 60 communications ont été proposées cette année au 68ème congrès de l’IFLA à la séance publique dont le thème était : « Globalisation et Référence », preuve d’un fort intérêt pour les services de référence, qu’ils soient traditionnels ou qu’ils emploient toutes les facilités d’Internet.
Cinq communications ont été retenues, elles présentaient des exemples de réalisations dans les pays suivants : Canada, Australie, Ghana, Sénégal et Pologne.
Le Comité permanent sur le travail de référence (nouveau comité créé en 2001 au congrès de Boston) avait d’autre part organisé un atelier d’une journée destiné à informer mais surtout à donner des outils sur le thème : « Comment créer un service de référence virtuel dans votre bibliothèque ».
Je ne m’attarderai pas sur la manière différente d’appréhender le renseignement au public dans les bibliothèques anglo-saxonnes mais développerai les aspects qui m’ont semblé les plus significatifs :
En Amérique du Nord et dans les pays scandinaves les services de référence virtuels d’aujourd’hui sont dans une nouvelle phase de développement. Après avoir créé des services fonctionnant par échanges de messages en réponse différée, de nombreuses bibliothèques travaillent maintenant en temps réel : l’usager pose une question et re«oit la réponse dans les secondes qui suivent, elles assurent de plus en plus ce service 24h sur 24 et 7 jours sur 7.
Ce nouveau modèle de service n’a pu émerger sans une coopération renforcée : des consortia de bibliothèques, régionaux ou nationaux, ont été mis sur pied pour assurer à tour de rôle le travail de réponse en direct, pour constituer des bases d’information permettant d’orienter la question vers la bibliothèque susceptible de donner la réponse la plus adaptée et pour créer des bases de données permettant de stocker et réutiliser les questions et réponses.
Quelques exemples :
Pourquoi développer de tels services ?
Les bibliothèques nord-américaines sont bien plus confrontées à la concurrence du web que les nôtres en France et même en Europe. Plusieurs études américaines ont montré une baisse significative des demandes adressées aux services de référence classiques, dans les bibliothèques publiques comme dans les bibliothèques universitaires. Les usagers ont été rapidement persuadés de tout trouver grâce aux moteurs de recherche, ceci quelle que soit l’heure où ils se connectent.
Si les bibliothèques voulaient continuer à assurer leur mission d’aide à la recherche d’information, de guide et d’intermédiaire, il leur fallait mieux prendre leur place sur la toile, donc offrir des services à distance performants, ouverts sans interruption, simples dans leur fonctionnement, en un mot : pratiques.
Le passage à un travail de référence en temps réel suppose, du côté des bibliothécaires, une adaptation. Si le nombre d’usagers venant à la bibliothèque et au bureau d’information est limité dans le temps et l’espace, les usagers potentiels des services de référence virtuels sont innombrables, même si des filtres informatiques peuvent être utilisés (logiciels permettant de reconnaître les usagers ayant droit au service, par exemple). Les bibliothèques de Cleveland (Ohio) re«oivent en moyenne 600 questions par mois, quand d’autres services de référence, assurés par des sociétés privées, peuvent recevoir 600 questions par heure.
Il est nécessaire de développer de nouveaux réflexes : un nouveau sens du temps et de la manière de répondre, adaptés à l’outil Internet, tout en préservant la qualité des réponses.
Il faut aussi, lors de la conception du service, faire le choix d’un logiciel adapté. Au cours de l’atelier ont été présentés LSSI’s VRS (Virtual Reference Service), Click & Care, utilisé par la bibliothèque universitaire d’Oldenburg en Allemagne, et LivePerson, utilisé entre autres par le consortium des bibliothèques finlandaises.
Ces logiciels ont été développés par des sociétés de services à partir des fonctions de base présentes dans les logiciels de discussion (« chat » en anglais) : échange de messages courts entre deux personnes. Ils offrent de plus les fonctions principales suivantes :
Les derniers développements de ces logiciels incluent l’image et la voix : bibliothécaires et usagers, à condition d’avoir le même logiciel, peuvent se parler.
La technologie mise en œuvre n’est cependant pas complexe (certaines bibliothèques ont développé leur propre logiciel), elle offre un nouveau moyen de remplir un service rendu depuis longtemps dans tous les types de bibliothèques.
Les bibliothèques nord-américaines se trouvent aujourd’hui en concurrence avec des sociétés commerciales qui tentent d’occuper le créneau des services de référence. Certaines d’entre elles font payer ce service, d’autres de moins en moins nombreuses, sont gratuites. Elles ont l’avantage de pouvoir répondre plus rapidement et de manière encore plus interactive car elles sont entièrement dédiées à ce travail. Mais un test réalisé lors de l’atelier a montré que les réponses sont moins approfondies dans certains cas. Ainsi elles ne sont pas abonnées aux bases de données payantes que l’ont peut consulter dans les bibliothèques, prendre des abonnements dans toutes les disciplines coûtant trop cher.
Les bibliothèques doivent donc s’organiser de manière à faire connaître leur valeur ajoutée et à rendre visibles leurs services de référence virtuels. Anne G. Lipow, organisatrice de l’atelier, considère ce point comme crucial : si les bibliothèques se laissent concurrencer par des services commerciaux, ceux qui les financent auront des arguments pour réduire leur contribution et elles se verront menacées dans leur existence (aux États-Unis les bibliothèques sont financées en grande partie par des fonds privés).
Il existe encore peu de véritables services de référence en ligne dans les bibliothèques françaises. Dans le contexte du développement des services sur Internet (services d’information en ligne, cours à distance…) et de l’équipement progressif des foyers (38% des français auraient accès à Internet à domicile selon une enquête pour FranceTelecom de février 2002), il ne fait pas de doute que l’évolution des bibliothèques se fera vers des services à distance adaptés aux besoins de leurs usagers.
Christine Stotzenbach
Les bibliothèques continuent d'être reconnues par des personnes de tous les âges, de toutes les races et de mode de vie à travers le monde, mais nos sociétés changent continuellement par suite de nouveaux développements. Les séminaires, conférences, ateliers et groupes de discussion vous proposeront d'étudier comment les bibliothèques peuvent continuer à fournir de nombreux services, en évoluant pour répondre aux besoins de nos sociétés qui changent et en continuant à fournir un accès démocratique au savoir dans le futur »
La participation a été, cette année, particulièrement importante : 99 membres dont 30 proviennent de bibliothèques universitaires
Pour participer au congrès de Glasgow, 15 français et 14 professionnels de langue française ont bénéficié de bourses accordées parle CFI. Pour la première fois la rencontre, en début de congrès, appelée Caucus s’est adressée à tous les participants de langue française. Le dernier jour de la conférence, un bilan a été dressé.
Les francophones ont rencontré des difficultés de compréhension, dans la mesure où la majorité de communications étaient en anglais et ce malgré des traductions simultanées (pour le moins médiocre cette année)
Il faut cependant remercier le dynamisme du CFI qui assure les traductions en français de nombreux documents, en particulier IFLA express dont on peut par contre louer la qualité.
Particulièrement riche en communications, le programme avait de quoi dérouter les plus téméraires. Il faut savoir choisir les communications, ne pas hésiter à faire un tri drastique pour tirer profit au maximum de la conférence. Le thème très porteur : diversité, démocratie et service a permis aux conférenciers de traiter les sujets traditionnels de bibliothéconomie sous un aspect beaucoup plus pragmatique face à la problématique actuelle. Cette approche fut possible cette année grâce au comité national d’organisation du Royaume Uni qui a organisé la totalité des Événements centraux en les utilisant pour présenter un programme central fort et cohérent sur le thème choisi. Cet action a été appelé le « fil rouge » de la conférence de Glasgow.
Pour illustrer le propos, il faut signaler entre autre la conférence sur la « gestion des associations de bibliothécaires », thème particulièrement porteur qui a passionné nombre de collègues, qui voient leur temps pris par une gestion de plus en plus importante, avec des interventions particulièrement bienvenues de notre collègue sénégalais Bernard Dione.
Autres débats passionnants la conférence sur « les bibliothèques pour publics défavorisés », ainsi que celui sur la « numérisation des documents audiovisuels et multimédia pour la formation tout au long de la vie ».
À noter également que même si les interventions sur « l’impact du changement sur le personnel des bibliothèques universitaires » furent très bien traitées par les conférenciers, riches en anecdotes, il est à regretté que l’ensemble des sujets abordés au cours de la conférence étaient orientés plus vers la lecture publique que vers les bibliothèques de recherche.
L’AG N° I : Après l’ouverture par la Présidente C. Deschamps du 68ème congrès de Glasgow le secrétaire a présenté le rapport moral suivi par le traditionnel rapport financier par Derek Law. Les résolutions votées à l'assemblée générale furent :
L’AG N°II fut consacrée en particulier à la mise aux votes des différentes motions et résolutions (Manifeste Internet, Plans anti-désastres etc.…), et au discours de clôture par C. Deschamps. Il a été annoncé de manière officielle que la 73ème conférence 2007 se tiendra à Durban, Afrique du Sud.
Il faut également souligner la brillante intervention de Seamus Heaney, prix Nobel de littérature lors de la cérémonie d’ouverture. Seamus Heaney a re«u le prix Nobel de littérature en 1995 « pour des œuvres d’une beauté lyrique et d’une grande profondeur, qui exalte les miracles de tous les jours et le vivant passé »
Le programme proposait aux congressistes de nombreuses visites de bibliothèques aussi bien à Glasgow qu’à Édimbourg. La remarquable Mitchell Library a retenu toute notre attention.
L’aspect culturel du voyage mérite également d’être souligné. La richesse des musées écossais est à noter. La très célèbre National Gallery à Édimbourg mais aussi la Burrel Collection dans le magnifique parc de Pollock qu’il ne fallait manquer sous aucun prétexte ainsi que l’Hunterian Art Gallery à Glasgow.
Une mention spéciale doit être accordée à l’un des plus célèbre enfant du pays : Charles Rennie Mackintosh, tout à la fois architecte, décorateur, peintre aquarelliste dont les réalisations, dans un modern style marqué par son Écosse natale, témoignent d’un talent exceptionnel.
69e congrès IFLA et Assemblée Générale. La bibliothèque point d'accès : Médias - Information - Culture. 1-9 Août 2003 Berlin, Allemagne
JF Maillols
Cette année, deux secteurs ont particulièrement retenu mon attention. Ce sont, d’une part, les questions touchant aux supports électroniques de l’information, à l’archivage de ces données numériques et aux problèmes juridiques qui en découlent ; d’autre part je me sentais particulièrement concernée par les travaux de la section « Bibliothèques d’art », « Livres rares et manuscrits » et par toutes les questions d’archivage et de consultation d’images.
Ces deux thèmes peuvent à première vue sembler différents. Mais, ce que je retiendrai surtout de ce congrès IFLA, c’est que la réflexion sur les technologies du numérique et de la digitalisation ainsi que leurs implications ont sous tendu l’ensemble des communications et des conférences. Ce fut le cas pour ce qui concerne la conservation et la préservation des documents : qu’il s’agisse du traitement de documents anciens, de manuscrits par exemple, ou de documents particuliers comme les cartes géographiques, des textes et des documents images, voire, complètement à l’opposé des nouveaux documents numériques produits en flux continu sur le web.
Non seulement la numérisation induit de nouveaux comportements et de nouvelles stratégies pour la conservation mais il semble également qu’elle va entraîner un virage essentiel dans la manière dont seront traitées à l’avenir les collections de textes, d’images, et même d’objets. Derrière cette mutation vers le tout digital, il y a clairement l’impossibilité d’échapper au concept à la mode d’ « open archive ». Bibliothèque, archives et musées vont devoir ou plutôt seront entraînés vers une collaboration, un partenariat dans les normes de stockage et la communication des données.
Enfin et cela est apparu directement dans les sessions qui leur étaient consacrées, les problèmes juridiques qui demeurent ouverts (propriété intellectuelle, dépôt légal, copyright, etc..) ont fait l’objet de nombreuses interrogations ainsi que de nombreuses propositions de stratégies.
Les bibliothèques d’art et les bibliothèques à fonds patrimoniaux représentent un cas de figure très intéressant pour la numérisation de leurs données car leurs fonds sont très souvent aux frontières du texte et de l’image. Il est intéressant d’examiner à cet égard les questions posées lors des différentes conférences, par exemple dans la session 145 Livres rares et manuscrits : « Quand un objet n’est-il plus un objet ? »/ Michael Moss. Cela renvoie à tous les débats sur la numérisation des images dans les bibliothèques d’art ou de musées ainsi qu’à celle d’objets particuliers comme les cartes.
Dans tous les cas, ces bibliothèques, au delà des projets aujourd’hui rituels de réseaux de catalogues (par exemple, session 104 Connecting Art libraries : partnerships and projects the Virtueller Katalog Kunstgeschichte as a tool for international cooperation) en sont toutes à se poser la question de faire coexister de l’image, du texte, voire des objets numérisés au sein d’un même catalogue. On se rend vite compte que cela revient à poser le problème de fond qui nous attend tous , gestionnaires de l’héritage culturel, à savoir celui de faire communiquer musées, archives et bibliothèques.
La session 184a ERPANET qui clôturait le congrès, le vendredi 23 août, est en cela exemplaire des préoccupations prédominantes. Certes l’IFLA est une réunion de bibliothécaires mais on s’aperçoit vite que les frontières entre bibliothèques, musées, et archives ont été finalement construites au fil du temps et ce sont ces murs que la numérisation va sans doute faire tomber. Dans une conférence un peu provocatrice mais extrêmement intéressante par les questions qu’elle soulève, Susan M. Allen, Conservateur au Getty Research Institute (session 141 Rare Books and Manuscripts) pose la question amusante et très pertinente suivante : Nobody knows you’re a dog ( or library, or museum, or archive) on the Internet : the convergence of three cultures. L’usager qui consulte Internet sur un sujet donné n’a plus envie de se poser la question de savoir si les documents (manuscrits, textes, archives, cartes, objets, photos) qu’il souhaite consulter sont possédés par telle ou telle institution culturelle et de ce fait doivent passer par l’interrogation de catalogues spécifiques ; surtout il n’a plus envie de se la poser avant de devoir accéder aux objets de sa recherche. La numérisation donne accès aux objets eux-mêmes et non plus comme les catalogues à une description de ces objets. D’où la nécessité d’aller vers une indexation commune et de donner un accès commun. Bien entendu des problèmes demeurent : techniques et de collaboration efficace entre nos différents métiers. C’est ce que j’ai retenu de deux autres interventions : Session 141 Rare books and manuscripts : Means before purpose – the development of coopération between cultural heritage institutions in Swede où Wolfgang Undorf montre très bien les obstacles concrets à une coopération entre bibliothèques archives et musées par ailleurs envisageable techniquement à des coûts plutôt bas. Ensuite, dans la conclusion de son intervention (session 123, Audiovisual and multimedia section, Heritage through oral history and archival images) Matthew Nickerson souligne que son site sur la région du Colorado, qui permet un accès aussi bien aux musées qu’aux bibliothèques concernées « est une de ces nouvelles générations de sites en ligne sur l’héritage culturel permettant de rendre plus accessibles, plus prenants et plus humains les objets conservés dans les bibliothèques et les musées.
Pour insister sur ce souci redondant de faire collaborer toutes les institutions citons la conférence de Gerald Maier dans la session 144 sur le catalogage Common internet portal for Libraries, archives and Museum –BAM-Portal http://www.bam-bw.de où il est qu«estion de permettre à trois types d’institutions de rendre accessibles leurs ressources digitales à travers un portail commun.
Enfin, dernière séries de questions posées par l’arrivée du numérique, les questions juridiques.
La session 124 National libraries with CLM , « Legal deposit and copyright laws : how they meet the National libraries mission » a posé tous les problèmes liés au dépôt légal des publications électroniques. Grâce à un congrès très international comme l’IFLA et à la variété des pays représentés, on peut s’apercevoir que dépôt légal, copyright, archivage électronique obéissent à des lois et ont des sens très différents selon le pays considéré.
La seconde session qui traitait directement du sujet s’intitulait National libraries with information technology workshop Capturing the web : learning from experience in the national libraries. À travers cette problématique très à la mode nous avons pu avoir un panorama assez complet de tous les problèmes posés : comment opérer une collecte du web qui ait un sens ? Comment archiver cette collecte et comment en donner l’accès ? Quels sont les coûts de telles opérations et qui les prend en charge ?
Pour terminer, j’exprimerai un regret celui d’avoir manqué une intervention au titre prometteur de Karin de Jager : Successful students : does the library make a difference ? Existe-il en France une étude sur le sujet ?
Activités pré congrès
À la demande du CFI et
pour la section « Bibliothèques nationales » , j’ai assuré la
traduction en français de deux textes :
Archiving the web, some legal aspects / Alenka Kavcic-Colic
Access to web archives : theNordic web archive access project / Svein Arne Brygfjeld
Nous avons choisi cette année de retenir trois temps de la conférence générale de l’IFLA. Dans le domaine que nous privilégions personnellement, à savoir celui de la documentation et des bibliothèques scolaires, nous avons particulièrement été intéressé par les grandes lignes directrices présentées par James Henri (Hong-Kong ; Chine) et Dianne Oberg (Edmonton; Canada). En second lieu notre attention a été retenue par le thème : « Comment envisager le management d’un service documentaire et/ou de bibliothèque et que peut-on dire des diverses résistances et réticences des personnels face au changement ? » (Conférence de Tom Wilding et Sarah Jones, Arlington, États-Unis). Enfin, au gré de rencontres et d’écoute de diverses open session, nous nous permettrons de réagir à ce que nous avons pu entendre au sujet de la situation de l’offre d’information sur le continent africain et du rôle que semble vouloir jouer dans les mois à venir l’Afrique du Sud (notamment à partir des communications de Anna-Marie Arnold et de Denise Nicholson, Afrique du Sud).
1- The role of the principal in an information literate school community : findings from an International Research Project ; James Henri (Centre for IT in School and Teacher Education at the University of Hong-Kong, Chine) and Dianne Oberg ( University of Alberta, Edmonton, Canada) [97-Bibliothèques scolaires – 19/08/2002]
Le principal d’un établissement scolaire peut-il influencer le regard porté sur le bibliothécaire scolaire (lire BS) et plus largement sur la Bibliothèque (lire Bib)? Il s’agit d’une étude comparative ayant associé sept nations à savoir l’Australie, le Canada, la Finlande, la France, le Japon, l’Écosse et la Corée du Sud. L’essentiel de la recherche s’est faite par diffusion de questionnaires auprès des Principaux et auprès des BS. Les questions portaient sur le type de directeur, le type d’établissement scolaire, adoptant les mêmes principes de questionnement pour les BS et les Principaux d’établissement. Une partie significative de l’enquête portait sur les perceptions de l’autre et les croyances individuelles.
Cette étude révèle quatre types majeurs de tâches divergentes dont deux semblent centrales :
En contrepartie, trois tâches communes se dessinent :
De ce travail comparatif, semblent se dégager quelques tendances afin de tenter d’améliorer la situation des établissements scolaires observés. Cinq items majeurs nous ont interpellé :
Pour finir, les conférenciers ont souligné que ces deux types de professionnels étaient en situation de « conflits larvés » à cause essentiellement de croyances individuelles dont voici les trois principales :
L’intérêt majeur de cette recherche est de travailler à une échelle réellement internationale, sans tenir compte des spécificités propres à chaque système éducatif. Ce travail dans sa version complète sera édité prochainement par la sous-section Bibliothèques scolaires et Centres de ressources sous le titre : « The School Library – Principal Relation Ship : guidelines for research online ».
2- Changing expectations : the views of the manager and the staff member, Tom Wilding and Sarah Jones (University of Texas, Arlington, USA) [106- Section Bibliothèques universitaires avec Section Management et Marketing – 20/08/2002].
L’originalité de cette communication en “Open session”, a été notamment de se faire à deux voix, avec Tom Wilding, Directeur de Bibliothèque universitaire (lire BU), et Sarah Jones, gestionnaire et administratrice du web de la Bibliothèque, sous la responsabilité directe de M. Wilding. Le contexte des BU américaines est que souvent celles-ci aident à reconstruire les institutions auxquelles elles appartiennent et font souvent partie des espaces de premières innovations. L’exemple de l’intégration des Technologies de l’Information et de la Communication a été sur ce point exemplaire. Les BU sont passées peu à peu d’une fonction de simple archivage à des offres de multiples services offerts aux usagers (étudiants et enseignants-chercheurs). La BU devient un lieu de travail individuel, mais aussi de travail de groupe, un lieu d’échanges et de rencontres. De plus, elle propose de plus en plus des services à destination d’usagers virtuels, où plus que jamais elle joue un rôle déterminant dans l’enrichissement des curriculums des étudiants.
Quelles peuvent être dès lors les réponses à apporter aux multiples effets et volontés de changement ?
Si une BU ne s’adapte pas à de tels nouveaux usages, elle pourrait être alors fondamentalement redéfinie. A l’observation de diverses équipes exer«ant en BU on peut les voir évoluer autour de trois axes : la croissance du nombre de projets, la croissance des diverses formes partenariales (et leur ramification), enfin la recherche constante de financements multiples. De plus, on notera que les BU se révèlent être des espaces d’affirmation de nouvelles pratiques professionnelles intéressant au plus au point les diverses sortes de managers.
Selon les deux intervenants, quatre profils types représentatifs des situations différentes face au changement, semblent se dégager, quels que soient les âges, les contextes professionnels et les curriculums des professionnels des BU.
Type 1 : Il s’agit des personnes qui résistent systématiquement au changement, dans un contexte systématique d’hostilité. Leur comportement se solde par une absence totale de participation. Bien que difficile à gérer pour un Directeur de BU, il semble extrêmement difficile de pouvoir faire évoluer les comportements. La stratégie la plus pertinente sera d’allouer à ces personnels des champs d’actions stables et traditionnels.
Type 2 : Les professionnels qui résistent au changement mais qui pourtant fondamentalement le soutiennent. Ils se battent afin de comprendre les différentes situations de changement même s’ils n’arrivent pas ensuite à passer à l’acte. C’est une forme de résistance plus confortable à vivre pour le manager. Mais ce type d’attitude reste la plus difficile à résoudre pour le directeur de BU, car il aura face à lui des professionnels susceptibles de pouvoir changer.
Type 3 : Ce sont les professionnels qui ont longtemps résisté mais qui ont fini par comprendre et s’adapter. Mais on ne peut pas toujours dire que ces personnes passent définitivement à l’acte et que le cap est irrémédiablement franchi.
Type 4 : Il s’agit des professionnels qui aiment le changement, qui regardent systématiquement vers le futur et cherchent sans cesse d’eux-mêmes des situations de changement. Ces personnes ont généralement de bonnes perceptions d’opportunité à saisir.
Face à cette diversité d’attitudes face au changement, le manager de BU doit considérer à son tour quatre situations problèmes centrales :
La culture d’organisation : en effet, le directeur doit lui même connaître sa propre conception du management. Il doit être capable de réviser ses premières attentes, d’encourager la participation des professionnels autour de valeurs communes et de mettre constamment en concurrence ses valeurs professionnelles avec celles qui sont fondamentalement nécessaires pour apporter du changement à la BU.
La prise de responsabilité : c’est être avant tout capable d’agir sans réagir. Dans la décision prise, le manager doit s’engager personnellement dans ses choix, les expliquer clairement, afin que les professionnels comprennent les éventuels refus ou report de décision. Nécessité de valoriser aussi la promotion et le partage de la responsabilité du service.
L‘exercice du contrôle : Là aussi le contrôle doit être partagé à quelques uns, où chaque acteur de celui-ci doivent se sentir en confiance, en faisant accepter que les marges et les limites du contrôle soient dans certains cas flexibles. Parallèlement, les erreurs du service doivent être reconnues et acceptées du responsable qui sera de toutes les manières le premier exposé face à l’extérieur. La démarche de contrôle doit être une sorte de « copropriété ».
Les ressources : C’est essentiellement pour Wilding le fait d’apprendre à réinvestir les expériences positives passées, et à mettre à la disposition de l’équipe, des espaces et des temps de prise de parole, ainsi que des ressources de formation mutuelle.
Pour conclure, les intervenants ont souligné la nécessité d’envisager le management dans le temps pour créer un climat « d’acceptance », où le paysage futur de la BU doit être visible pour tous afin de permettre au plus grand nombre de professionnels de se positionner (inspiration d’un climat de participation).
3- Difficultés rencontrées par les bibliothécaires en Afrique : une analyse comparative, Anna-Marie Arnold (Pretoria ; Afrique du Sud) [114-Afrique -20/08/2002] complété de “The « information-starved » - is there any hope of reaching the « information super highway ?”, Denise Nicholson (University of Witwatersrand, Johannesbourg, Afrique du Sud) [134- Activités régionales Division 8 – 21/08/2002].
La teneur générale des interventions de Anna-Marie Arnold ou de Denis Nicholson a été assez proche. Les deux analyses proposées ont voulu mettre en évidence les dysfonctionnements et les difficultés auxquels doivent faire face les pays d’Afrique, notamment les pays sub-sahariens, en matière d’accès et de production de l’information. A ce sujet, un seul pays se détacherait de cette situation : l’Afrique du Sud qui semble petit à petit jouer le rôle de premier fournisseur d’accès et de premier producteur d’informations africain. Des secteurs, à enjeux majeurs, n’ont cependant pas encore le niveau minimum requis : ce sont notamment les secteurs de l’éducation, de la formation à distance ou de la santé.
Ces deux analyses dressant un paysage négatif, ont été plutôt fortement critiquées par des membres africains de l’auditoire. Ces derniers ont rappelé que malgré les multiples difficultés auxquels doivent faire face les professionnels de l’information et des bibliothèques (difficultés économiques, limitation technique, censure et contrôle politiques, etc…), de nombreux projets voient le jour. Nous retiendrons notamment dans le domaine de la formation des professionnels des bibliothèques, le projet de l’école des Bibliothécaires, Archivistes et Documentalistes de l’Université Ckeikh Anta Diop à Dakar (Sénégal) où l’objectif est de former annuellement un ensemble de professionnels de l’Afrique francophone notamment par le biais des technologies et des réseaux, ou des exemples majeurs de coopération entre le Nord et le Sud, comme celui présenté par Ruth Kondrup, associant l’Ifla/Danida, l’université d’Aarhus au Danemark et les professionnels des bibliothèques du Ghana. L’émergence de ces multiples projets à visées pragmatique et professionnelle constitue peu à peu ce que Gérard Lemos nomme une forme d’« intelligence collective sociale ».
En tant que professeur documentaliste dans un lycée de Fort-de France ( avec tout de même 2040 élèves et 220 professeurs et une structure pédagogique assez complexe ), j'ai toujours été persuadée qu'une participation à un congrès de l'IFLA ne me concernait pas directement.
Ils furent nombreux en dépit d'une impression première d'être complètement perdue et noyée dans la masse et ceci malgré le fait que je suis angliciste de formation complétée par des études de documentation.
Assister au Caucus aurait certainement aidé à mon intégration, mais venant de la Martinique, il a fallu que je fasse des réservations fermes avant que je sois informée de sa tenue le 17 août.
Les problèmes posés par la diversité, et surtout la liberté et la démocratie en matière d'accès à l'information en Amérique Latine ont retenu mon attention en ce premier jour de Congrès.
De même, la réunion des nouveaux venus à l'IFLA m'a permis de rencontrer des professionnels , en particulier ceux de 3M avec lesquels j'ai gardé le contact. Une rapide vue d'ensemble de l'exposition m'en a fait mesurer tout l'intérêt , aussi me suis je promis d'y revenir beaucoup plus longuement.
Le 19 août m'a paru très riche car après la cérémonie d'ouverture, la session sur les bibliothèques pour enfants et jeunes adultes m'a confortée dans l'idée que s'il faut disposer d'un budget très confortable pour réaliser des projets parfois très sophistiqués à l'intention des jeunes lecteurs comme à la National Library de Singapore, la détermination et l'engagement des bibliothécaires peuvent aussi faire des miracles quant à la formation des lecteurs dans des pays moins favorisés.
«De l'information au savoir », cette session particulièrement consacrée aux bibliothèques scolaires, s'est révélée très intéressante car elle m'a semblé être en quelque sorte une suite à l'intervention de Vincent Liquète lors du 67 ème congrès de l'IFLA. Une communication bien détaillée avec exemples à l'appui du système français des CDI aurait été superbe à ce moment et aurait peut-être obligé les anglophones à admettre que bien qu'ils soient les leaders dans le monde des bibliothèques, la France et par conséquent les francophones peuvent aussi leur apporter des idées nouvelles et dignes d'être approfondies et pourquoi pas, imitées.
Dommage que M. Solomon Mahapa de l'Université d'Afrique du Sud à Johannesburg dont j'ai traduit en français l'intervention intitulée " De l'information au savoir" ait été absent. J'aurais en effet beaucoup aimé discuter de sa communication qui, selon mes critères français de documentaliste de lycée, enfon«ait pas mal de portes ouvertes et m'a permis de me rendre compte de l'avance de la France dans le domaine de l'apprentissage de la recherche documentaire pour les collégiens et lycéens. C'est en fait là que réside une grande partie de notre rôle pédagogique d'enseignant à part entière, contrairement à nos collègues anglo-saxons qui sont des bibliothécaires intervenant en milieu scolaire.
Le mardi 20, après une longue visite aux différents exposants, parmi lesquels Divine qui est le regroupeur s'occupant de nos abonnements au lycée. J'étais heureuse d'avoir en face de moi la personne que je n'ai qu'au téléphone et il a été pratique de discuter de certains disfonctionnements relatifs à nos abonnements. Le stand 3M ainsi que d'autres stands présentant des systèmes de protection et de remise automatique de livres même aux heures de fermeture des bibliothèques ont beaucoup retenu l'attention.
La présentation d'affiches d'un grand intérêt par sa diversité et son originalité aurait pu occuper à elle seule une demi-journée .
Les communications dans le cadre du thème " Faire des bibliothécaires des formateurs " m'ont paru, ainsi que celles sur les bibliothèques scolaires, l'occasion d'échanges fructueux sur différentes expériences en matière de formation d'usagers. L'intervention de Ross J. Todd des USA sur le rôle formateur des documentalistes scolaires a conduit à une réflexion sur le terme de documentaliste scolaire . Son texte vaut la peine d'être lu sur Iflanet. Il a paru fort intéressé par les expériences pédagogiques menées dans les établissements scolaires français, car il fait figure de novateur aux USA en prônant un collaboration étroite entre enseignants et bibliothécaires scolaires. Il a terminé son intervention sur quelques lignes d'un auteur anglophone inconnu dont le sens se rapprochait de ces mots de Jacques Prévert : " Il suivait son idée, son idée était fixe, et il s'étonnait de ne pas avancer."
Des raisons de santé ne m'ont pas permis d'assister à l'atelier sur la formation des usagers le mercredi 21, mais une des interventions sur l'expérience africaine quant à ceux appelés " The information-starved " , autrement dit les affamés de l'information, a semblé confirmer que leur situation est sans espoir aucun à moins d'un miracle. A la fin de cette session, on ne pouvait que réaliser que la culture, le savoir et l'accès à ce savoir sont fonction d'une politique bien menée et que les usagers sont comme des jouets entre les mains des décideurs politiques. Il m'a paru évident que les pays possédant le savoir et le savoir-faire pour y accéder ne partagerons et n'aiderons les pays dits du sud que selon leur bon vouloir. Je ne crois pas me tromper en l'affirmant , de même qu'une certaine condescendance des pays "du nord" envers les autres était palpable et elle s'étendait même aux ressortissants de leurs ex-colonies. Quant au sujet du rapatriement des objets d'art aux pays qui n'ont pas les moyens de les conserver en bon état, ce qui est une douloureuse réalité, on pouvait aussi sentir percer derrière les mots cette même condescendance . J'exprime là mon ressenti personnel, mais suis persuadée n'avoir pas été la seule à le percevoir ainsi.
Dans le même ordre d'idée, les ressortissants d'Afrique francophone qui ne maîtrisaient absolument pas l'anglais m'ont semblé totalement perdus alors que ceux d'Afrique anglophone étaient nettement plus à l'aise. Peut-être serait-il important de préciser qu'une bonne connaissance de l'anglais serait nécessaire pour tirer le plus possible de bénéfices de ces congrès, et ce, tant pour les français que les francophones.
Il a malheureusement fallu choisir entre les ateliers du jeudi 22 et les visites de bibliothèques. Même si le choix fut cornélien, la visite des bibliothèques scolaires a comblé toutes mes attentes. J'ai eu l'occasion de discuter avec les bibliothécaires qui ont exprimé leur vif désir d'être plus considérés comme faisant partie de l'équipe pédagogique. Avec l'évolution des méthodes de recherche documentaire, il semblerait que cette idée fasse son chemin petit à petit.
La visite du Musée à Édimbourg ainsi que le Tattoo que j'ai revu pour la troisième fois avec autant de plaisir, ont clôturé cette journée en beauté.
Vendredi 23, c'est avec grand plaisir que nous avons tous écouté Mme Ann Fine et son approche d'une littérature de qualité pour les jeunes. Sa bonne humeur et son optimisme teinté d'humour ont permis une certaine détente après une semaine si chargée.
Cette expérience m'aura permis de me conforter dans l'idée que notre rôle de professeur documentaliste a une importance certaine. J'en ai profité pour en parler avec des collègues qui étaient curieux de savoir comment s'était passé le congrès. J'ai fait circuler toutes les informations que j'avais recueillies ainsi que des adresses intéressantes.
Les contacts noués avec des collègues de pays lointains comme le Japon, j'espère les faire fructifier. Notre établissement engagé pour cette année dans 3 projets européens Coménius pourrait bénéficier de ces contacts pour des partenariats éventuels dans le futur. Ma visite approfondie de l'exposition m'aura permis de rencontrer des fournisseurs de divers horizons , de mettre un visage sur ceux avec lesquels notre lycée travaille déjà et surtout de découvrir des systèmes complètement inconnus.
Mes collègues ont aussi parus très intéressés par l'opération "Bouclier Bleu" et par la description du quotidien des bibliothèques scolaires visitées.
Je dois avouer que j'ai principalement eu contact avec le comité francophone en charge des boursiers. J'ai eu le plaisir de partager ma chambre avec une collègue conservateur que j'avais connue en Martinique et qui dirige actuellement une BU à Amiens.
En conclusion, assister à ce congrès a été pour moi une occasion unique de faire des rencontres intéressantes aussi bien que surprenantes, d'échanger et surtout de partager mon expérience avec mes collègues de l'AMPLD, Association Martiniquaise des Professionnels du Livre et de la Documentation.
Le comité francophone d'ACURIL dont je fais partie, a montré beaucoup d'intérêt pour mon compte-rendu. En 2004, une collègue martiniquaise sera la présidente de la conférence annuelle qui se tient dans différents pays du bassin caribéen.
Je tiens à remercier le Comité français IFLA de m'avoir accordé cette bourse car dans ses cotés positifs comme négatifs, ce congrès a représenté une expérience que je ne regrette pas d'avoir vécue.
E-MAGINE : THE GATEWAYS TO THE CHANGING LANSCAPE OF ART INFORMATION, Pré-conférence de l'IFLA co-organisée par ARLIS UK & Ireland et la Section des bibliothèques d'art de l'IFLA
Les exposés concernaient les réseaux électroniques et les numérisations de collections iconographiques et faisaient la part belle aux initiatives britanniques et écossaises : plus concrètement, les constitutions de banques d'images, l'accès aux ressources électroniques et leur préservation ont été les thèmes abordés à travers la présentation de projets spécifiques. À ce riche panorama, le programme avait adjoint d'instructives communications sur les changements en cours à la National Art Library ou les ressources électroniques dans l'Europe nordique.
Un Conseil pour les musées, les archives et les bibliothèques (Council for Museums, Archives and Libraries), autrement dénommé « Re:source » < http://www.resource.gov.uk >, a été créé en avril 2000 par le Ministère britannique de la culture, des médias et des sports comme une nouvelle instance culturelle transversale dont l'une des premières actions a consisté en la constitution d'une base de données en ligne qui rassemble et décrie actuellement 450 collections de musées < http://http://www.cornucopia.org.uk >. On retrouve ce modèle transversal dans la structure des agences régionales de coopération en train d'émerger un peu partout au Royaume-Uni. « Re:source » s'inscrit par ailleurs dans le réseau européen pour le Patrimoine culturel électronique « Cultivate » < http://www.cultivate-int.org >.
La nécessité de formation professionnelle dans le domaine de la constitution et de la gestion de banques d'images a encouragé l'université de Bristol à créer une structure coopérative nommée TASI / (Technical Advisory Service for Images, < http://www.tasi.ac.uk >. Il y est question de la création d'une image numérique, de la gestion de projets de constitution de banques d'images, de la mise à disposition des images, de leur conservation et de leur utilisation/consultation. Une bo”te à outils offre des ressources complémentaires en matière d'études de cas ou de procédures et de moteurs de recherches d'images sur Internet. Enfin, un glossaire de termes techniques et de sigles permet de lire sans encombres la documentation du site.
Le consortium majoritairement nord-américain AMICO (Art Museum Image Consortium) < http://www.amico.org > a désormais des homologues nationaux et régionaux dont SCRAN (Scottish Resources and Access Network) < http://www.scran.ac.uk > est un exemple qui offre des documents iconographiques, sonores, vidéo, bibliographiques et textuels liés aux collections historiques et culturelles de l'Écosse.
Le Visual Arts Data Service (VADS) < http://vads.ahds.ac.uk > est une branche du Arts and Humanities Data Service (AHDS) fondé par le Arts and Humanities Research Board (AHRB) et le Joint Information Systems Committee (JISC). Le catalogue d'images (env. 15 000 unités) de VADS a inauguré un nouveau prototype de consultation : une « Lightbox » qui offre à l'utilisateur un espace personnel de gestion de sa consultation (stockage des images choisies, annotations, comparaison, envoi par e-mail) et un « Content Based Image Retrieval » qui lui permet d'exécuter avec précision (couleur, forme, contraste) des recherches purement iconographiques.
Le VADS créé, comme le AHDS, à des fins éducatives procède actuellement à la mise en œuvre d'une Collection nationale éducative et numérique des beaux-arts (National Fine Art Education Digital Collection) qui commencera par offrir en ligne une série de 200 reproductions commentées d'ouvres sélectionnées dans les collections de dix grandes institutions d'enseignement, et qui inclura d'emblée la numérisation de toute la Collection d'art du Council of National Art Awards Trust qui comprend des Ïuvres d'artistes britanniques majeurs tels que Henry Moore, Bridget Riley et Richard Hamilton.
Drawn Evidence < http://www.drawnevidence.ac.uk > se veut être une archive virtuelle de plans, dessins et matériaux associés de l'architecture écossaise. Cette entreprise est soutenue financièrement par le Research Support Libraries Programme (RSLP, Programme de soutien pour la recherche dans les bibliothèques). Il s'agit, d'une part, de préserver les collections en limitant les manipulations de documents fragiles et parfois de grande taille, donc problématiques à communiquer, de l'autre, d'en offrir un accès élargi (et à distance). Une des fiertés de ce projet est que la mise à disposition de ces archives architecturales intéresse des disciplines diverses : l'histoire de l'architecture et l'urbanisme, bien sûr, mais aussi l'histoire, la géographie et l'ingénierie de la construction. Le site web propose 10 000 images commentées concernant aussi bien des œuvres d'architectes écossais clés comme Rowand Anderson et Jack Coia que des œuvres d'architectes mineurs de constructions vernaculaires. Le site propose en outre des informations bibliographiques, bibliographiques et des liens vers d'autres sites pertinents.
La Collection photographique de la Bibliothèque de l'Université de Saint Andrew < http://www-library.st-andrews.ac.uk/sitemap.html > est en cours de numérisation dans un projet qui a pris le parti de l'exhaustivité et de donner pour chaque unité une description détaillée. C'est une des collections majeures de photographie en Ecosse, ce qui s'explique par le fait que Saint Andrew a joué un rôle essentiel dans le développement du procédé photographique grâce à son citoyen Sir David Brewster et à l'amitié de ce dernier avec William Henry Fox Talbot. Elle comporte plus de 300 000 unités et s'accroît régulièrement par de nouvelles acquisitions. Comme pour les plans d'architecture évoqués plus haut avec Drawn Evidence, l'accès à de nombreux documents fragiles - négatifs, photographies sur verre, papiers anciens très sensibles à la lumière - sera ici, en outre, non pas seulement facilité mais tout simplement possible. Actuellement, la base contient 30 000 images et autorise une consultation avec un affichage de grande taille de haute qualité, la comparaison de différentes unités, le télé-déchargement électronique et l'impression. Cette numérisation a reu le soutien de différents organismes dont le Non-Formula Funding, le Research Support Libraries Programme (RSLP) déjà mentionné pour Drawn Evidence, le SCRAN (Scottish Resources and Access Network) et le eLib Programme (fondé par le Joint Information Systems Committee (JISC) qui soutient aussi le VADS).
Artifact est le Centre pour les Arts et les industries de création (Hub for the Arts and Creative Industries) du réseau RDN (Resource Discovery Network). Le RDN résulte d'une collaboration entre plus de 60 établissements d'enseignement et de recherche, incluant le Museum d'histoire naturelle et la British Library, et d'une organisation en hubs, c'est-à-dire thématiques définies d'approvisionnées par des fournisseurs de données compétents. L'accès aux services en ligne - ressources Internet, bibliographiques, documentaires et base de données - est libre. Artifact est en cours d'élaboration et devrait être opérationnel en 2003. Dans cette attente, le site Internet propose quelques « études de cas », c'est-à-dire des cours succincts sur l'exploitation d'un thème donné dans un cadre éducatif (description de l'exercice, indication de sites Internet) : les trois grandes rubriques sont « Arts du spectacle » (Performing Arts), « Art et design » et « Médias : communication et production ».
Du Art and Design Books in Brighton Project (ADBiB) est né un site en ligne < http://www.adbib.ac.uk > qui regroupe les catalogues bibliographiques de plus de 50 collections d'ouvrages sur les beaux-arts et les arts décoratifs (occidentaux et non occidentaux), l'architecture, la mode et les tissus, la photographie et le cinéma, le design industriel et graphique et la production de livres imprimés. Ces collections appartiennent aux bibliothèques et archives des Universités de Sussex et de Brighton et des établissements de la Ville de Brighton et Hove (bibliothèques publiques, musées et galerie municipale d'art). Le projet qui est soutenu par le RSLP (Research Support Libraries Programme) prévoyait qu'il devrait déboucher sur un partage raisonné de l'offre documentaire entre les partenaires et sur l'identification de collections rares et inaccessibles qui devraient faire l'objet de traitements futurs, y compris la numérisation de documents primaires.
Le réseau des bibliothèques d'art des pays « nordiques » - le Danemark, la Finlande, l'Islande, la Norvège et la Suède - souffre d'un manque de projets inscrits dans le développement mondial de l'Internet. Tandis que les bibliothèques nationales de ces pays ont pu suivre les évolutions technologiques et normatives, les bibliothèques spécialisées en art sont loin d'tre au niveau, séparément, de ce que requérerait ne serait-ce qu'un catalogue partagé. Certaies d'entre elles ne disposent mme pas encore d'une connexion à InternetÉ Si les formats ne sont pas communs, les langues non plus, ce qui ne facilite pas une coopération qui serait pourtant essentielle pour des pays de relative petite taille, et d'autant plus dans un domaine aussi spécialisé et restreint que la documentation en art.
L'association ARLIS/Norden (Art Libraries Society) < http://www.uiah.fi/arlis > fédère cependant une communauté professionnelle active qu'elle maintient en relation constante avec les associations professionnelles nationales et internationales. Son site est hébergé par l'Université d'Art et de Design d'Helsinki, pôle national de l'information et de la documentation en art < http://www.uiah.fi >. En Norvège, c'est la Bibliothèque universitaire d'Oslo qui tient ce rôle et la Bibliothèque nationale propose par ailleurs une banque de données d'images, plutôt axée sur la photographie < http://www.nb.no >. Le Danemark a mis en œuvre un portail pour l'art, l'architecture et le design nommé Arkade < http://www.arkade.dk > et la Bibliothèque nationale de ce pays < http://www.kb.dk > offre un certain nombre de ressources sur l'art - bibliographie de l'art danois depuis 1981, la base Elektra qui rassemble aussi bien des publications de presse que des Ïuvres littéraires et des manuscrits anciens et une base d'images contenant entre autres des Ïuvres graphiques. La Suède a mis en place un portail de ressources Internet en art et en sciences humaines qui répond au nom d'Agora < http://agora.ub.uu.se > et un guide en ligne de l'archéologie nordique < http://nordark.hgo.se >, et son catalogue collectif LIBRIS des bibliothèques suédoises de recherche < http://websok.libris.kb.se > inclut une partie de la Bibliographie suédoise en art (Swedish bibliography of art - SVES…K). Tous ces pays ont un site équivalent à l'Internet culturel français : < http://www.kulturnet.dk > pour le Danemark, < http://www.kulttuuri.net/english/ > pour la Finlande, < http://www.menning.is > pour l'Islande, < http://www.kulturnett.no > pour la Norvège et < http://www.kultur.nu > pour la Suède.
Le National Preservation Office < http://www.bl.uk/npo >, organisme gouvernemental financé par un consortium des bibliothèques nationales et des grandes bibliothèques universitaires ainsi que par les archives nationales de Grande-Bretagne est extrmement actif dans le domaine de la « prévention des risques numériques È liés à de mauvaises gestions qui pourraient compromettre la conservation à long terme des données produites par les institutions académiques et patrimoniales. Des sommes considérables sont investies dans des programmes de reproduction au format numérique, y compris d'éditions diplomatiques, de pans entiers du patrimoine culturel, programmes tout à fait comparables aux grandes entreprises éditoriales de textes et de fac-similés du XXe siècle (tel que Monumenta Germania Historica, par exemple) : le projet Beowulf de la British Library, le programme de l'Université de Cornell, les Beazley Archives, JSTOR, Gallica, American Memory ou encore les archives de la Compagnie des Indes à Séville. Ce type de projets a en fait déjà connu des « accidents » causant la perte irrécupérable d'informations : ce fut le cas notamment du programme engagé par la Bibliothèque du Congrès. Des évolutions peuvent déjà tre constatées dans le domaine de l'édition électronique : de larges bases de données collectives associant le travail de diverses équipes de recherche se multiplie. Citons dans le domaine des arts le Corpus of romanesque sculpture in Britain and Ireland (CRSBI), le Scottish Archives Network (SCAN) ou encore les English Heritage's Images of England, ce dernier étant l'équivalent anglais de la base nationale franaise Mérimée.
La bonne préservation des données électroniques concerne aussi certaines revues qui ne connaissent plus qu'une édition électronique ou nÔen ont jamais connu d'autres, si bien que le seul exemplaire d'archive est conservé par les éditeurs eux-mmes. Les bibliothèques abonnées n'ont en effet ni le droit (dans le cas de publication commerciale) ni les moyens d'en faire des copies de sécurité. C'est la redondance des collections et la dispersion des lieux de conservation qui ont permis à la majorité des publications de parvenir jusqu'à nous : ces deux défauts - redondance et dispersion - sont en fait des qualités pour la transmission de la mémoire et elles font pour l'heure défaut aux publications électroniques.
Un organisme financé par la communauté européenne, ERPANET (Electronic Resource Preservation and Access Network) < http://www.erpanet.org > s'est donné les mmes objectifs de prévention et de conseil en matière d'archivage électronique et organise des séminaires de formation à travers toute l'Europe sur ce sujet.
La National Art Library (NAL), dont le fonctionnement était jusqu'alors quasiment parallèle et autonome par apport à celui du Victoria and Albert Museum, a connu en 2001 une importante réforme. Un département baptisé « Word and Image » a été créé au sein du Musée regroupant, d'une part, le Département des dessins, des estampes, de la peinture et les Archives du Musée, et de l'autre, la NAL. Si d'un point de vue « corporatiste , ce changement peut paraître inquiétant - il place de fait le directeur de la NAL sous la tutelle du conservateur du Département du musée -, il n'en est pas moins le signe d'une volonté de faire de la bibliothèque le pivot de toutes les fonctions liées à la documentation au sein du Musée. Ce changement est d'autant plus notable que, moins d'une décennie plus tôt, un projet de scission entre la NAL et le V&AM a été proche d'être entériné.
Le souci d'opérer des économies d'échelle en évitant le foisonnement anarchique des départements et des bibliothèques afférentes au sein d'un mme établissement a été le premier facteur déclencheur de cette réforme administrative : de 9, les départements sont passés au nombre de 4. Le second facteur déclencheur a été le souci de la part des autorités de tutelle de mieux tirer profit d'une bibliothèque publique - au sens fort, « à la britannique », du terme - déjà rompue à l'accueil de publics nombreux et divers et dont les collections sont considérées comme essentielles dans la compréhension de celles du musée : les collections du musée seraient ainsi de plus en plus connues comme des documents par les conservateurs eux-mmes tandis que les collections de la bibliothèque acquerraient en retour le statut de collections d'objets.
La NAL se trouve donc désormais pleinement associée à la vie du Musée (participation au conseil scientifique, au conseil d'administration) ce qui lui impose de nouveaux devoirs mais lui octroie en retour l'exercice de certains droits.
La NAL est nouvellement chargée :
Parallèlement à ses nouvelles charges, la NAL a nouvellement bénéficié :
Cette communication a fait l'objet d'une publication dans le numéro 4 (volume 27), 2002, du Art Libraries Journal sous le titre : « The National Art Library repositioned » (pp. 3-11).
Le National Trust for England, Wales and Northern Ireland - le plus important organise privé culturel et environnemental d'Europe - < http://www.nationaltrust.org.uk > possède quelque 400 000 volumes répartis dans les bibliothèques des établissements qu'il gère et dont les origines peuvent être publiques ou privées. Organisme fondé à la fin du XIXe siècle, le National Trust continue aujourd'hui d'avoir pour mission de préserver et de conserver côtes (600 miles), bâtiments et jardins (200) de toutes sortes sur les territoires de l'Angleterre, du Pays de Galles et de l'Irlande du Nord. Il organise aussi l'accès aux sites dont il a la charge et fait également office de bureau de tourisme en proposant sur son site Internet l'organisation pratique de séjours pour la visite de ses sites. Les bâtiments conservés par le National Trust ressortissent à tous les types de constructions : civile, religieuse, militaire, commerciale, agricole, maritime et privée. La plupart des bibliothèques ont été préservées en l'état, soit qu'elles aient été transmises comme partie constituante du mobilier ou des collections d'une grande demeure, soit qu'elles aient été adjointes en tant qu'ensemble indissociable au bâtiment d'une institution publique. Ces collections de livres sont aussi diverses par le domaine qu'elles couvrent que les types d'établissements auxquels elles peuvent appartenir sont divers. Par ailleurs, leurs caractéristiques vont de la collection précieuse et rare à la collection documentaire plus « ordinaire » quant à sa valeur bibliophilique. Ces collections de livres sont de plus en plus perdues comme des ensembles constitutifs du patrimoine national et comme des outils d'étude, quelle que soit la valeur de chaque ouvrage pris séparément. C'est aussi une des raisons de la richesse singulière que représente l'ensemble de ces collections. Le recrutement récent au sein du National Trust d'un conservateur spécifiquement chargé des bibliothèques est un signe tangible de ce changement de perception. Une liste des possesseurs et collectionneurs a commencé à tre constituée. Une enquête - à paraître - a déjà permis de répertorier 30 000 fonds privés et 400 000 volumes. Des bibliothèques aristocratiques - la plupart du temps dispersées dans le reste de l'Europe - mais aussi des lectures féminines, ouvrières ou ancillaires peuvent ainsi être étudiées. L'enjeu n'est pas seulement de developer l'érudition et la recherche mais vise à sensibiliser un large public à cet aspect mémoriel d'un type d'héritage familial très largement partagé.
L'École d'art de Glasgow (Glasgow School of Art) qui accueillait cette pré-conférence a été construite sur les plans de Charles Rennie Mackintosh (1868-1928), célèbre architecte modern style qui a eu plus d'influence sur le continent européen qu'en Écosse ou en Angleterre mais dont Glasgow est aujourd'hui très fière. L'architecture de l'école est marquée par cette conception qui unifiait la production des espaces architecturaux, du mobilier et des accessoires. D'un côté donc, une esthétique de construction marquée par les procédés de construction inhérents au travail du bois et à l'ébénisterie. De l'autre, une poétique plastique curvilinéaire faite d'élongations, de nervures, de résilles, d'entrelacs celtiques, de rythmes raffinés inscrits dans la sobriété et la rigueur de l'ensemble. Le site Internet de l'École propose une visite en ligne du b‰timent très complète et tout à fait remarquable < http://www.gsa.ac.uk >. La bibliothèque est d'ailleurs un des espaces emblématiques souvent cité de l'art de Mackintosh. Ses fonds conservent quelques collections anciennes ou précieuses : des journaux datant du début du XIXe siècle, quelque livres japonais peints à la main, presque toutes les publications, bien sér, qui ont été consacrées à Mackintosh ainsi que de nombreux ouvrages sur les artistes écossais. Elle met à la disposition des étudiants un centre de ressources informatiques doté de tous les matériels et logiciels nécessaires à la création graphique mais aussi à la consultation d'Internet. Elle participe à l'alimentation de plusieurs banques d'images nationales (ADAM, VADS, SCRAN) ou locales (Virtual Mackintosh), toutes fondées sur le principe de la mutualisation des ressources de diverses origines. Les archives de l'Ecole sont elles-mmes partie prenantes de deux bases collectives de signalement de manuscrits et d'archives : Artists' papers register < http://www.hmc.gov.uk/artists > et Archives Hub < http://www.archiveshub.ac.uk >.
La Section des bibliothèques d'art de l'IFLA a renoncé à organiser comme à l'accoutumée une session plénière (Open Session) en 2002, faute de propositions d'interventions suffisamment innovantes. Une session « Ateliers È s'est quant à elle tenue dans le thé‰tre de la Glasgow School of Art.
1. Atelier sur les catalogues virtuels animés par Rüdiger Hoyer à partir de l'exemple du Virtueller Katalog Kunstgeschichte :
Le « Virtueller Katalog Kunstgeschichte » (Catalogue virtuel d'histoire de l'art - VKK ou V2K) < www.ubka.uni-karlsruhe.de/vk_kunst.html > est un moteur de recherche spécialisé basé sur la technique d'un autre catalogue plus connu, le « Karlsruher Virtueller Katalog » (Catalogue virtuel de Karlsruhe - KVK).
Il s'agit d'une initiative d'un groupe de travail de bibliothèques d'art allemandes financé par la Deutsche Forschungsgemeinschaft (DFG) et connu sous le nom de « AKB » (Arbeitsgemeinschaft der Kunstbibliotheken). Le VKK fonctionne depuis 1996 et est toujours « en construction ». Actuellement, sept bases cibles de bibliothèques y participent, parmi lesquelles le réseau Florence-Munich-Rome, la Bibliothèque universitaire de Heidelberg et la Bibliothèque d'art de la Ville de Cologne, reconnue pour ses fonds en art contemporain. Toutes bases confondues, le système offre déjà plus d'un million de notices bibliographiques (avril 2002). Récemment, la bibliothèque du Kunsthaus (Maison des arts) de Zurich a été inclus dans le VKK. La prochaine base qui rejoindra le VKK est le consortium florentin IRIS, l'un des réseaux les plus distingués d'histoire de l'art. Le VKK projette de devenir un portail vers les OPAC des plus importantes bibliothèques d'art et des réseaux de bibliothèques d'art au niveau international, et donc un outil capital pour la recherche spécialisée en histoire de l'art. Il pourrait devenir le noyau d'une « bibliothèque virtuelle ». L'exposé prononcé lors de l'atelier donnera une description précise de ce nouvel instrument et se voudra une invitation à participation pour de nouveaux partenaires internationaux potentiels.
2. Atelier sur les plans de classement animé par Daniel Starr à partir du cas de la bibliothèque du Metropolitan Museum of Art de New York qui a récemment abandonné un plan de classement « maison » pour la classification de la Bibliothèque du Congrès (LCC)
Deux facteurs fondamentaux ont influencé la décision de la bibliothèque du Metropolitan Museum of Art :
- la disponibilité de crédits utilisés pour refouler - en les densifiant
- les collections anciennes dans les magasins libérant ainsi un magasin
pour classer les collections arrivés après avril 2002 en LCC
- le fait que 70% des collections du MET sont signalées par dérivation
de notices à partir du réseau RLIN et que ces notices comportent des cotes
en LCC déjà assignées par d'autres bibliothèques.
La décision a été plutôt bien accueillie par les conservateurs du musée
dans la mesure où la LCC a été reconnue comme une classification plus
fine et plus cohérente que la classification locale. Des supports de formation
en ligne (pris sur les sites des grandes bibliothèques universitaires)
ont été utilisés pour former le personnel à la LCC. Des aménagements ont
toutefois été apportés à la LCC : - tous les catalogues de vente
ont été regroupés par maisons de vente (et non pas classés au sujet de
la vente)
- toutes les publications du MET sont regroupées à une même cote
- les monographies sur les photographes sont classées au nom du photographe,
la LCC étant jugée déficiente en matière de photographie.
L'expérience du groupe classification de la bibliothèque de l'INHA (Institut national d'histoire de l'art) a fait l'objet d'une discussion et les participants à l'atelier ont proposé la création d'un groupe de travail international des bibliothèques d'art utilisant de la LCC afin de pouvoir exercer une force de proposition vis-à-vis de la Bibliothèque du Congrès pour les aménagements de sa classificaton.
3. Atelier sur la gestion des associations de bibliothécaires animé par Sonia French à partir de l'exemple d'ARLIS UK and Ireland :
Pour beaucoup d'entre nous, les exigences du travail quotidien peuvent parfois sembler consommer toutes nos énergies, avec, au niveau local, des pressions qui restreignent nos vies professionnelles. Pour les professionnels de l'information sur l'art et le design, qui sont nombreux à travailler seuls, ce problème peut être particulièrement prégnant. Pour qu'ils puissent donner le meilleur de leur professionnalisme, à la fois aux usagers et à leurs employeurs, il est crucial que les bibliothécaires disposent d'une conscience d'une plus grande amplitude, c'est-à-dire que, s'ils doivent être capables de repérer l'image remarquable, ils doivent tout autant avoir des occasions de penser et de travailler "hors de la boîte". Des associations professionnelles comme la Section des bibliothèques d'art de l'IFLA et de nombreuses ARLIS nationales progressent. Le but de cet atelier est d'examiner la façon dont la rencontre et le travail collectif au sein d'associations professionnelles génèrent des ambitions, développent des compétences professionnelles et suscitent l'engagement pour les causes du métier - l'objectif majeur étant toujours de promouvoir et d'améliorer l'offre d'information au sein de nos diverses communautés.
Afin de débattre de la façon dont on peut, à la fois nationalement et internationalement, favoriser une meilleure et une plus grande implication individuelle dans les associations de bibliothèques d'art, il est demandé aux participants à l'atelier de réfléchir aux activités-clés fondées sur l'expérience mentionnées ci-après :
1. Enseignement et apprentissage
2. Normes professionnelles
3. Partenariats et travail en solo
4. Recherche et publications
5. Partage des ressources