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14 août - 18 août 2005, Oslo, Norvège
J'ai pu participer aux travaux du congrès annuel de l'IFLA qui s'est tenu à Oslo (Norvège) grâce à la bourse du Comité français IFLA.
Je centrerai ce rapport sur mon domaine d'activité, les bibliothèques pour la jeunesse. En effet, je suis membre élu du Comité permanent des bibliothèques pour l'enfance et la jeunesse qui réunit sous la présidence d'Ivanka Stricevic (Croatie) 18 bibliothécaires de différents pays (Pays-Bas, Singapour, Corée, Japon, Danemark, Suède, Norvège, France, Russie, USA, Allemagne, GB, Italie) ainsi qu'une dizaine d'observateurs. Ce Comité est très actif et travaille toute l'année grâce aux échanges via Internet entre ses membres. Une réunion de travail intermédiaire s'est tenue à Rome pour préparer le Congrès d'Oslo, qui promettait d'être d'autant plus intéressant que la section a choisi de « commémorer » ses 50 années d'existence à travers ses communications, une publication « anniversaire » et surtout en organisant à Stavanger (Norvège) une pré conférence sur l'avenir des bibliothèques pour enfants. Par ailleurs, grâce à un certain nombre de contacts en Norvège, il nous a été possible de visiter un nombre plus important que d'habitude de sections jeunesse tant à Stavanger qu'à Oslo.
La pré conférence de Stavanger : « Imaginer de nouvelles stratégies pour créer des paradis publics à destination des enfants et adolescents » s'est tenue les 9 et 10 août 2005.
Soixante dix professionnels du livre ou de l'enfance venus du monde entier se sont réunis pendant deux jours dont 14 des membres du comité permanent ainsi que des bibliothécaires de la bibliothèque Alexandrine en Egypte, du Pakistan, d'Australie, d'Estonie, d'Asie et bien entendu de nombreux collègues des pays scandinaves puisque ces journées ont été préparés par Leikny Haga Indergaard et Ann Liv Tonnessen (Norvège), Bente Buchhave (Danemark) et Elisabeth Lundgren (Suède). On peut saluer la diversité des intervenants - philosophe, sociologue, psychologue, artiste, architecte, bibliothécaires, universitaires, etc. qui se sont succédés pour interpeller l'assistance sur les questions qu'il faudrait se poser en pour imaginer une bibliothèque du futur. Les bibliothèques pour la jeunesse pour rester dynamiques et novatrices devront - dans un contexte de réductions budgétaires - réfléchir à un accueil renouvelé du public, cela concerne aussi bien les locaux, qu'une prise en compte au quotidien de la convention des Droits de l'enfant et bien d'autres sujets. S'il a été question de nouvelles technologies - la bibliothèque d'Aarhus (Danemark) est à l'origine de divers prototypes interactifs particulièrement intéressants pour accéder de façon ludique aux ressources de la bibliothèque, des activités traditionnelles comme l'heure du conte sont plus que jamais à l'ordre du jour. Il semble que la bibliothèque jeunesse de demain sera un lieu de rencontre toujours plus convivial et gratuit. Les termes de « fantaisie » et de capacité à « émerveiller» sont revenus tout au long de ces journées mais aussi la notion d'insertion dans la Cité. Les partenariats entre bibliothécaires, enseignants, artistes etc. sont d'autant plus d'actualité que la Norvège - traumatisée par une étude révélant un important taux d'illettrisme - met en place diverses études et stratégies pour encourager la lecture, tout particulièrement celle des garçons (qui disent ne jamais lire, mais finalement lisent tout le temps). Il est impossible de résumer en quelques lignes la richesse des interventions. En attendant d'être publiées, elles sont déjà en partie accessibles en ligne sur IFLANET via la page du Comité permanent des bibliothèques pour enfants. Cette conférence a permis de combler une des frustrations que l'on ressent lors des congrès annuels de l'IFLA, à savoir que le temps est toujours trop compté pour parler concrètement de notre métier et échanger sur nos expériences respectives.
Le Comité a renouvelé une partie de ses membres - les nouveaux venus se sont choisis un « tuteur » parmi les anciens pour s'intégrer plus facilement. Pour être au courant de ses travaux et accéder aux rapports fournis chaque année par les membres de la section sur la situation des bibliothèques pour enfants dans leur pays, on peut se reporter à la lettre d'information sur IFLANET (www.ifla.org) dont la version imprimée a été primée cette année par l'IFLA. De même a été primé le poster de Ute Hachmann sur le projet allemand « d'échelle des livres pour grandir». Une traduction en français de cette échelle est prévue, Ute Hachmann est à la recherche d'un partenariat avec un organisme français qui la diffuserait dans les bibliothèques, écoles, centres de loisirs etc.
Pour le congrès de Durban (Afrique du sud) en 2007, une collaboration est prévue avec la section multiculturelle.
L'International Children's Digital Library (la Bibliothèque numérique pour enfants internationale) : un partenariat officiel est engagé avec l'IFLA à travers une convention signée en 2005 qui permet à la Section d'être un des « relais » du projet. Ce travail de recherche, mené par l'université américaine du Maryland, est basé sur la mise en ligne de livres d'image numérisés proposés dans leur intégralité, provenant de tous les pays et dans toutes les langues (40 pays et 31 langues sont déjà représentés), anciens et récents. Ce projet pourrait concerner davantage les différents pays francophones encore trop peu représentés dans cette bibliothèque virtuelle. L'ICDL a besoin qu'un intermédiaire par pays qui lui facilite le contact avec les éditeurs locaux - elle peut se déplacer lors d'une rencontre, et se charge de la question des droits ainsi que des frais de numérisation - L'ICDL recherche également par l'intermédiaire de l'IFLA des bibliothèques « ambassadrices » pour étudier les réactions des enfants lecteurs.
Suite à la conférence européenne sur la lecture organisée à Zagreb en juin 2005, une collaboration officielle devrait voir le jour entre l'IFLA, IBBY (International Book Board for youth ), et l'IRA (International Reading Association) pour que les représentants respectifs de ces associations aient mission, si nécessaire, de représenter l'ensemble de ces trois associations aux intérêts souvent communs. Un protocole d'accord est en cours de signature.
ALMA : le prix Astrid Lindgren est décerné par la Suède. La section des bibliothèques pour la jeunesse de l'IFLA est une des institutions internationales qui peut proposer des candidatures en matière d'encouragement à la lecture des enfants : pour 2006, Geneviève Patte est proposée comme personnalité ainsi que le projet anglais « UK summer reading challenge ».
Sur un plan général, il m'a semblé que dans les sections jeunesse que j'ai visitées, l'aménagement des espaces nous paraît moins original qu'il y a 15 ans car le mobilier scandinave est très diffusé en France. Les espaces sont peu cloisonnés, toujours conviviaux (fauteuils, canapés, un café !). Les sections jeunesse proposent des livres en grand nombre, en particulier les livres d'images. La collaboration avec les écoles reste importante et les visites de classe nombreuses. L'heure du conte est de plus en plus populaire ainsi que les rencontres en direction d'un public familial (invitation d'auteurs, spectacles etc.)
Il est difficile de résumer en quelques pages la richesse des échanges, aussi n'hésitez pas à contacter la section via IFLANET ou à me demander des informations complémentaires.
Viviane
Ezratty ,
Bibliothèque l'Heure Joyeuse (Paris), viviane.ezratty@paris.fr
Étant membre élu du comité permanent des publics défavorisés, ma participation au Congrès a été particulièrement centrée sur ce domaine d'activités.
Le Comité permanent réunit sous la présidence de Joanne Locke (Canada) 24 bibliothécaires de différents pays (Canada, Croatie,Espagne, Corée, Japon, Danemark, Suède, Norvège, France, Russie, Botswana, USA, Cuba, GB, Italie) ainsi que quelques observateurs. Il est à noter qu'il y a maintenant 3 représentants de la France dans ce Comité (Corinne de Munain, chargée des publics spécifiques au ministère de la culture, Ramatoulaye Fofana de la BPI et chargée des également des publics spécifiques et moi-même).
Ce Comité est le plus ancien des comités de l'IFLA et fêtera ses 75 années d'existence en 2006 à Séoul. Il est très actif et travaille toute l'année grâce aux échanges via Internet entre ses membres. Une réunion de travail intermédiaire s'était tenue à Londres en février 2004 pour préparer le Congrès d'Oslo. Il a pour objectifs de travailler au développement de services de bibliothèques destinés à satisfaire les besoins de groupes de communauté qui, pour diverses raisons, ne peuvent utiliser les services conventionnels, qui ont besoin d'aide pour utiliser ces services, ou qui ont besoin de services de bibliothèques adaptés à leurs besoins particuliers.
Plusieurs Guides de recommandations ont été réalisés ces dernières années, traduits en français et peuvent donc être utilisés par les professionnels francophones. Voici la liste des documents dont les traductions en français ont été faites. Tous ces documents sont téléchargeables sur le site de l'IFLA http://www.ifla.org/VII/s9/lsdp-publications.htm
- Guide pour les bibliothèques desservant des patients hospitalisés, des personnes âgées et handicapées dans des institutions de long séjour . Rapport rédigé par un Groupe de Travail sous la responsabilité de Nancy Mary Panella dans le cadre de la Section des Bibliothèques desservant des publics défavorisés. Traduction en français : Georgette Rappaport
- Directives pour les services de bibliothèques pour les personnes dyslexiques par Gyda Skat Nielsen and Birgitta Irvall. Publié sous les auspices de la Section des Services de Bibliothèques pour les publics défavorisés.
- Directives destinées aux services de bibliothèque pour les sourds . 2eme Édition. Rédacteur John Michael Day . 2000.
- Directives pour les documents faciles-à-lire . Compilé et édité par Bror I. Tronbacke. 1999
By Birgitta Irvall and Gyda Skat Nielsen, 2005. Cette « checklist » pour faciliter l'accès aux bibliothèques pour les personnes ayant des difficultés vient d'être publiée en anglais et est disponible sur le site de l'IFLA à l'adresse suivante http://www.ifla.org/VII/s9/lsdp-publications.htm
Il a été décidé qu'elle serait traduite en français prochainement et, après validation du Comité et de l'IFLA, elle sera téléchargeable à la même adresse.
Le Comité travaille à la refonte des recommandations (les dernières datant de 1992) pour l'offre de lecture dans les prisons. Le texte anglais est en cours de relecture et amendements par les membres du Comité avant publication en fin d'année 2005 ou début 2006. Comme les autres Recommandations, il sera ensuite traduit dans les différentes langues de l'IFLA.
Plusieurs membres du Comité ont le projet de travailler sur un guide de recommandations à destination des bibliothèques accueillant des personnes démentes. Une demande d'autorisation de publication sera faite à l'IFLA et si les fonds sont accordés, le travail pourra se concrétiser par une publication dans les années prochaines.
Le comité permanent est le plus ancien des comités de l'IFLA et prépare la publication de l'histoire de la section. Un membre du comité y travaille avant une relecture du groupe.
Afin de faire connaître aux professionnels francophones les travaux menés, une importance toute particulière est apportée aux traductions. Une des communications a été traduite préalablement au congrès et les deux autres le seront ultérieurement afin qu'elles puissent être consultées sur IFLANET. Dès que des guides sont publiés, les membres français de ce Comité travaillent à la réalisation des traductions.
Il s'est déroulé du 10-12 2005 à Gothenburg en Suède et avait pour thème l'accessibilité des bibliothèques. Il est le résultat de la collaboration entre IFLA Libraries Serving Disadvantaged Persons Section, IFLA Libraries for the Blind Section et le Regional Libraries Västra Götaland.
Je n'ai pas participé à cette réunion satellite qui a accueilli plus de 100 personnes autour d'un programme intéressant évoquant des sujets comme le programme suédois d'accessibilité à la culture, le copyright et les licences d'exploitation, les développements de DAISY, l'accessibilité des OPAC et autres services du Net. Les textes seront prochainement disponibles sur le site.
La lettre du Comité paraît deux fois par an et est disponible sur le site à l'adresse suivante : http://www.ifla.org/VII/s9/index.htm
Grâce à sa publication, devenue électronique depuis juin 2004, elle est très copieuse (plus de 20 pages) grâce à la participation de collègues de plus en plus de pays qui y relatent manifestations ou évènements locaux ou publications d'articles. La lettre est en anglais mais les textes publiés sont dans la langue de leurs auteurs, en principe précédés d'un résumé en anglais.
Elle a été désignée pour le prix de la meilleure Newsletter au congrès d'Oslo !
Toutes les Newsletters depuis 1996 sont accessibles sur le site.
Le programme des communications sera organisé conjointement par le Comité permanent des bibliothèques desservant des publics défavorisés et le Comité des bibliothèques pour les aveugles. Après rencontre avec les responsables du Comité des bibliothèques pour les aveugles, il a été décidé que Misako Nomura (Japon) ancienne membre et maintenant « correspondante » dans notre comité et actuellement élue au Comité des bibliothèques pour les aveugles ferait le lien entre les deux sections pour l'organisation de cette conférence. À la demande de la Corée, le thème retenu est la dyslexie, phénomène important touchant un pourcentage non négligeable de la population et peu pris en compte en Corée. Cela sera également l'occasion de promouvoir le Guide des recommandations pour les services de bibliothèques pour les personnes dyslexiques.
Le Comité fêtera ses 75 ans. Une publication est prévue. Chacun peut reconstituer une partie de l'histoire en contactant d'anciens membres et en communiquant les informations à Nancy Panella chargée de la rédaction du document.
Des idées sont lancées pour les congrès de 2007 et 2008 : les bibliothèques de prison en 2007 pour promouvoir le Guide qui sera publié d'ici là et les services pour les personnes âgés en 2008.
À la demande du Japon et de la France, la présentation d'affiches sera organisée sur les bibliothèques d'hôpitaux.
Je n'évoquerai ici que brièvement les communications auxquelles j'ai assisté car elles peuvent être lues sur IFLANET. Concernant le public des personnes défavorisées, la session (110 SI) portait sur « l' accès égal aux bibliothèques : une chance pour tous ». Une première intervention a présenté la stratégie nationale d'accessibilité pour les personnes handicapées développée au Danemark. L'orateur ( Mogens Wiederholt du Danemark) a montré que la situation n'est pas aussi idéale qu'on l'imagine dans ce pays et que l'accès physique aux lieux, l'accès à l'information proposée dans ces lieux, l'accès aux outils de recherche d'information et à Internet, l'accès aux pages d'accueil des sites web, l'accès aux animations culturelles et ceci pour tous les types de handicaps est un sujet qui doit être débattu et sur lequel il faut légiférer à tous les niveaux décisionnels (local, régional et national). Le groupe de travail des bibliothèques danoises a réussi à faire adopter certains points mais le chemin sera encore long.
Cette intervention a été suivie de celles de Gyda Skat Nielsen ( Danemark ) et Birgitta Irvall (Suède) qui ont présenté la check list publiée et destinée à faciliter le travail des bibliothécaires qui souhaitent améliorer l'accès de leur bibliothèque aux personnes handicapées. Le texte de cette intervention est disponible en français sur le site de la conférence.
Pour clore cette session, Margaret Forrest (GB) a proposé un exemple de mise en pratique de cette cheklist dans la bibliothèque de l'école d'infirmière où elle travaille sur le campus de l'université de Dundee.
J'ai participé à la visite d'une bibliothèque municipale et de la BDP de la région, toutes deux situées à Fredrikstad à 100 km au sud d'Oslo. Ces deux visites ont été complétées, de manière improvisée, par celle de la bibliothèque de l'hôpital local. Cette bibliothèque était en fait la bibliothèque médicale mais il est à noter, qu'à la différence des bibliothèques médicales dans les hôpitaux français, elle desservait aussi bien le personnel médical et paramédical que les patients ayant besoin d'information de vulgarisation médicale. Certains d'entre eux venaient, envoyés par les médecins. J'avais déjà rencontré ce genre de service dans les hôpitaux du nord de l'Europe. L'offre de lecture de loisirs existe également. Placée sous la responsabilité des bibliothécaires de la bibliothèque médicale, elle est faite par des bénévoles passant avec des chariots dans les chambres des patients.
Résumer en quelques pages une semaine très dense et riche en nombreux échanges avec les collègues des différents pays est difficile. Les documents produits par les Comités sont accessibles sur IFLANET. N'hésitez pas à me contacter au sujet des différentes actions menées par le Comité permanent des bibliothèques desservant des publics défavorisés.
Claudie Guérin
Membre du Comité permanent des bibliothèques pour personnes
désavantagées
Coordinatrice des médiathèques et centres de documentation à
l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris
claudie.guerin@sap.aphp.fr
« Getting started : What needs to be in place to maintain access to digital collections », par Pam Gatteby, Bibliothèque nationale d’Australie (code number : 032-E) – diffusé sur l’IFLANET.
“Measuring and mapping the Invisible : Alternative procedures to understand users’ approach to Information in a University Library / Mesurer et représenter l’invisible : d’autres procédures pour comprendre et représenter les pratiques des usagers dans une bibliothèque universitaire », pré-congrès de Bergen (Management et marketing). Rédaction et diffusion aux participants d’une version anglaise et d’une autre en français.
À l’issue du pré-congrès de Bergen, j’ai été invité par les responsables de la section Management et Marketing à rejoindre leur section. Compte tenu de mon changement de poste et de secteur d’activité, et de la nécessité de consulter ma nouvelle hiérarchie sur ce point, j’ai préféré décliner cette proposition.
76 : Bibliothèques d’art
88 : Périodiques
97 : Presse
107 : Géographie, Histoire locale et Généalogie (début)
110 : Bibliothèques pour personnes handicapées (fin)
119 : Acquisitions et Politique documentaire
131 : Construction et architecture
133 : Bibliographie
150 : Archivage électronique - ICAB
157 : Statistiques et évaluation
Gestion, marketing, évaluation et promotion des services de bibliothèque, fondés sur l’analyse statistique dans votre bibliothèque . (Compte rendu co-rédigé avec Thierry Giappiconi)
Le pré-congrès organisé conjointement à Bergen par les sections Management et marketing, Évaluation et statistiques et Théorie et recherche visait à rassembler des professionnels de pays, d’horizons et de spécialités divers (bibliothèques publiques et universitaires, administrations et organismes nationaux, spécialistes des statistiques et praticiens du terrain) autour de la question de l’évaluation des services rendus aux publics par les bibliothèques dans une perspective de management et de marketing. Le maire et les élus à la culture ainsi que les responsables des bibliothèques publique et universitaire de la ville de Bergen se sont beaucoup investis dans la préparation de cette rencontre, qui, avec le concours des responsables de la section Management et marketing de l’IFLA, s’est remarquablement déroulée. Une trentaine d’interventions réparties en plusieurs ateliers et qui se sont fréquemment éloignées de l’intitulé strict de la conférence rendent difficile d’en dresser un panorama complet. On se concentrera ici sur quelques tendances qui, de notre point de vue, se sont dégagées de l’ensemble, et sur certaines interventions qui ont paru particulièrement novatrices ou éclairantes.
On pourrait résumer les grandes tendances de cette conférence par les quatre formules suivantes : recul de la technique ; retour du politique ; l’usager avant tout ; l’ouverture à d’autres mondes.
L’intervention de Christie Koontz s’inscrit dans une démarche de marketing, et plus particulièrement du marchéage (ou marketing mix : mise en cohérence du produit, du prix, de la distribution et de la promotion). Son originalité et son intérêt résident avant tout dans son application à la prise de décision stratégique en bibliothèque à l’aide de données d’environnement représentées géographiquement. Son étude de cas s’est appuyée sur l’utilisation d’un système d’information géographique tout à la fois carte et base de données (US Public Library Geographic Database : www.geolib.org/PLGDB.cfm ), développé par le laboratoire Geolib de l’Université de Floride. On pourra utilement consulter la version française de cet exposé et le site géographique lui-même, qui constitue dans son principe et sa réalisation un modèle nulle part égalé.
Thierry Giappiconi a présenté un modèle en cours d’expérimentation à la Bibliothèque de Fresnes, qui utilise également un S.I.G, exploité au profit de la politique documentaire. Grâce à ce dispositif qui relie la base des lecteurs et la base bibliographique du S.I.G.B à la cartographie d’un S.I.G, les acquéreurs disposent d’informations sur la répartition géographique des emprunteurs en fonction de leurs pratiques documentaires. Cette démarche originale permet d’ajuster la politique d’acquisition en fonction de l’environnement des lecteurs qui fréquentent la bibliothèque, mais aussi de développer le fonds en tenant compte des caractéristiques des zones socio-géographiques des usagers potentiels.
À la suite de ces exposés qui ont montré des pistes nouvelles dans l’utilisation de techniques issues de la sociologie et de la géographie, Gildas Illien a présenté les procédures les plus récentes utilisées à la Bibliothèque universitaire de Saint-Denis pour mesurer l’utilisation qualitative de la bibliothèque par les étudiants. Ce travail se concentre sur l’utilisation des services et des espaces de la bibliothèque. Pour ce faire, des procédures spécifiques ont été expérimentées pour étudier, d’une part, l’activité de médiation entre professionnels et usagers (décomptes des questions posées au cours de « semaines-test ») et d’autre part la circulation des lecteurs dans les espaces de la bibliothèque en fonction de leurs motivations (utilisation d’un S.I.G et représentation cartographique des trajectoires sur un plan numérisé du bâtiment). Cette dernière approche constitue une adaptation aux espaces internes de la bibliothèque des techniques habituellement utilisées pour caractériser l’impact de la bibliothèque sur des territoires plus vastes.
La présentation de Claude Poissenot est le compte-rendu d’une étude des statistiques de la Direction du Livre et de la lecture, elle vise à identifier les facteurs d’attractivité des bibliothèques par le croisement de différentes données recueillies à l’occasion de l’enquête annuelle de la D.L.L. Il apparaîtrait ainsi une corrélation entre le budget d’acquisition et le nombre d’emprunts… Rien de bien neuf, dans cette lecture de sources connues et aisément accessibles. Concernant la méthode, on peut regretter l’absence quasi-totale de réserve critique vis-à-vis des sources dont on sait qu’elles sont loin d’être fiables, et s’étonner du caractère parfois superficiel de l’analyse. Ainsi, lorsqu’une lecture globale des statistiques fait apparaître que les bibliothèques les moins ouvertes seraient celles dont le pourcentage de fréquentation est le plus élevé, l’intervenant n’a pas eu la curiosité d’entreprendre une investigation plus approfondie (par exemple, une segmentation de l’échantillon pour tenter de mieux comprendre ce résultat paradoxal. Concernant l’objet même de ce travail, on peut regretter que Claude Possenot ne l’ait pas re-situé dans une prise en compte de la politique et qu’il se soit attaché aux seuls 17% de publics acquis sans vraiment considérer l’ensemble du public visé.
Plus convaincante était l’intervention de John Crawford, qui relatait une expérience d’évaluation des politiques de formation à la recherche documentaire à la Glasgow Caledonian University. Cet établissement dispose de données nombreuses sur son travail d’observation et d’évaluation mené depuis dix ans (voir : www.learningservices.gcal.ac.uk/library/research/index.html ). L’Université de Glasgow a en effet choisi de se concentrer d’une part sur l’impact des services d’information électronique auprès de ses utilisateurs. Elle a d’autre part travaillé avec une école secondaire pour y évaluer l’évolution du niveau de compétence des élèves en matière de nouvelles technologies. Ces études, publiés dans plusieurs articles, ont conclu à la nécessité de se concentrer sur les questions d’information et de formation. Les données recueillies notamment auprès d’anciens élèves soulignent en effet l’importance de l’apprentissage de l’information sur le lieu de travail et le rôle de l’université dans son développement. Les résultats ont été si encourageants que ce type d’évaluation tend à devenir une activité spécifique de recherche. Cette intervention qui s’est attachée à l’évaluation d’effets et d’impacts dans le domaine de la formation documentaire a donné un sens très concret au concept quelquefois équivoque d’ « information literacy ».
Parmi les très nombreuses interventions du pré-congrès, on notera enfin les contributions d’Antonia Arahova (Grèce) et de Lenor Gaspar Pinto (Portugal), qui ont présenté des modèles nationaux d’évaluation et de modernisation de l’action publique dans le domaine des bibliothèques. Ces deux interventions ont fait état d’efforts remarquables (tant au niveau de la réflexion que des réalisations) dans ces deux pays d’Europe du Sud. On a pu toutefois regretter que les intervenantes ne s’interrogent pas davantage sur les missions et l’avenir de leurs bibliothèques.
En conclusion, on peut dire que les collections, acquisitions et traitement, se font plus discrètes au profit des services, de la formation et de la médiation avec le public. Beaucoup d’expériences nouvelles ont lieu pour explorer ces enjeux. Elles ne sont pas toujours convaincantes mais témoignent d’un effort louable de remise en cause et d’une réflexion de plus long terme qui inscrit l’action de la bibliothèque dans les évolutions plus larges de la société. Les résumés des textes des communications du congrès de Bergen sont disponibles en anglais sur le site web de la conférence, hébergé par la Ville de Bergen à l’adresse suivante : http://brgbib.bergen.folkebibl.no/ifla/papers.html. Certaines interventions ont été traduites en français.
Cette session portait principalement sur l’intégration des documents numériques aux collections spécialisées des bibliothèques d’art. Les œuvres, les événements, les catalogues et les critiques artistiques se déploient désormais en nombre croissant et sous des formes nouvelles sur le web : la collecte, le signalement et la conservation pérenne de ces documents d’un genre nouveau sont devenus des enjeux majeurs pour les bibliothèques d’art mais posent des problèmes conceptuels, techniques et juridiques qui ont été évoqués par Alicia Garcia Mediana et Kristy Davis à partir de deux études de cas. Le web constitue par ailleurs une opportunité nouvelle de préservation et de diffusion à grande échelle des collections d’art pourvu que l’on maîtrise les techniques et les coûts de la numérisation. Ce second aspect a été plus particulièrement abordé par Tatiana Nikolova-Houston et Max Marmor.
Après avoir introduit la problématique générale de l’archivage du web artistique, Alicia García Medina [2] a présenté les projets engagés par deux bibliothèques espagnoles, la Bibliothèque de l’Institut du Patrimoine historique espagnol et celle du Musée national d’art de Catalogne. Dans ces établissements, les documents numériques ont été intégrés aux catalogues des collections imprimées. Un travail de veille systématique est assuré, qui repose sur des critères de sélection précis : ne sont collectés que des documents en langue espagnole et à caractère bibliographique (catalogues de ventes, d’expositions, de bibliothèques et de musées et les travaux relatifs à la conservation et la restauration du patrimoine des pays du pourtour méditerranéen ou de langue espagnole). Les catalogues d’exposition, qui vont de l’épais traité théorique à la simple brochure, ont connu un développement spectaculaire dans le monde numérique et font donc l’objet d’une attention particulière. Le signalement de ces documents est assuré, en accord avec les auteurs, soit par la création de liens URL dans le sous-champ 856 des notices bibliographiques de l’OPAC, soit par la sauvegarde sélective, sur une base de données reliée à l’OPAC, de sites web considérés comme fragiles ou instables.
Cette politique qui varie selon les spécialités des bibliothèques et le statut (institutionnel ou privé) des documents complète un ensemble d’actions qui visent à constituer une bibliothèque numérique des arts pour l’espace ibérique : numérisation de fonds spécialisés, catalogage et intégration de CD et DVD.
Alicia García Medina a conclu son intervention en rappelant quelques points de vigilance liés à la nouvelle organisation du travail induite par la conservation de documents collectés sur le web : le recours de plus en plus stratégique aux compétences informatiques ; une attention nouvelle aux demandes (et parfois aux pressions) de plus en plus nombreuses des utilisateurs; un effort de normalisation afin de partager les tâches et d’échanger les données entre bibliothèques ; la nécessité pour les bibliothèques d’art de se positionner comme de véritables « filtres » qualitatifs et scientifiques du web de l’art afin de défendre la spécificité de leurs missions et de leurs qualifications dans un environnement devenu très concurrentiel.
L’intervention de Kristy Davis [3] s’inscrivait dans une perspective davantage théorique et concernait le traitement des « éphémères » dans les collections des bibliothèques d’art, l’accent étant mis sur les documents relatifs aux arts du spectacle. L’auteur est engagée dans un projet de catalogage et de numérisation des documents d’archives appartenant au Mander and Mitchenson Theatre (Londres). Elle a réalisé un important travail de recherche et de synthèse sur la littérature scientifique consacrée au sujet et son intervention donne les clés et les définitions essentielles pour approfondir la question. Peu de bibliothèques maîtrisent vraiment les processus de collecte et de traitement de ces « éphémères », documents vulnérables mais précieux pour la recherche. La question est d’actualité car ces documents connaissent un développement singulier sur le web, qu’il s’agisse d’images fixes ou animées, ou d’autres documents qui mêlent styles et supports pour annoncer et accompagner événements et performances. Kristy Davis plaide pour un travail de collecte plus fréquent de ces documents fugaces et pour leur intégration systématique aux fonds et aux pratiques des bibliothèques d’art. Un tel travail implique, selon elle, une collaboration plus étroite avec les archivistes et les conservateurs de musée, car les éphémères se trouvent précisément à la croisée de ces trois professions.
Les professionnels que la question des éphémères et des arts du spectacle intéresse trouveront dans cet article des références et commentaires bibliographiques utiles et actualisés, mais l’auteur apporte finalement peu de contributions ou de propositions nouvelles : plusieurs auditeurs ont notamment regretté que le caractère spécifique des éphémères issus du web ne soit pas plus amplement discuté alors que le concept d’éphémère est difficile à circonscrire à l’intérieur des nouvelles productions audiovisuelles et numériques.
La communication de Tatiana Nikolova-Houston [4] consistait en un récit circonstancié et assez passionné de sa découverte de manuscrits slaves, en particulier ceux qui sont conservés dans des conditions assez effroyables au Historical and Archival Church Institute (HACI) de Sofia, en Bulgarie. Cette communication décrit les efforts de l’auteur pour préserver, cataloguer, numériser, étudier et faire connaître avec l’aide du Hilandar Research Center ces manuscrits dans un Occident qui voit le Moyen-Age à travers la vision obscurcie de la culture populaire contemporaine. Les oeuvres slaves sont marginalisées dans les bibliothèques d’institutions occidentales et dans les programmes universitaires à cause de la mauvaise compréhension de leur valeur intellectuelle, des difficultés à les étudier dans l’Europe de l’Est soviétique et post-soviétique, et de leur manque de documentation, de préservation et de conservation. Dans son projet de constituer un « scriptorium virtuel » des manuscrits slaves numérisés, l’auteur s’est également heurtée aux résistances des chercheurs d’Europe centrale peu enclins à utiliser Internet. Rapporté au thème général de cette session, cette intervention apporte un témoignage parmi d’autres de l’intérêt des projets de numérisation à des fins de préservation et de diffusion. On retiendra en outre une approche intéressante de l’exploitation proposée des gloses, additions marginales et annotations des manuscrits byzantins, dont l’étude intéresse les théories de l’hypertexte et se révèle utile tant aux historiographes qu’aux théoriciens de la critique littéraire.
L’intervention de Max Marmor [5] était particulièrement attendue et n’a pas déçu l’auditoire, tant la constitution de la base de photographies d’art numérisées ArtSTOR à l’initiative de la Fondation Andrew W.Mellon suscite l’enthousiasme dans la profession. Cette initiative exemplaire a, en un an, déjà donné des résultats très convaincants puisque plus de 425 campus et musées anglo-saxons (Etats-Unis, Royaume-Uni, Nouvelle-Zélande, Australie) utilisent aujourd’hui les services de cet organisme à but non lucratif.
La création de cette base s’est faite à partir du constat suivant: les chercheurs, les enseignants et les étudiants en art ont besoin d’accéder facilement à des reproductions d’oeuvres d’art. Celles-ci se trouvent généralement dans les collections des bibliothèques d’art, mais leur indexation reste insatisfaisante et ces documents sont rarement empruntables. Pour l’enseignement de l’art, on a donc recours à des reproductions sous forme de diapositives qui sont généralement utilisées en dehors de la bibliothèque (salles de classe, département d’art de l’université…). Il n’est pas rare que la bibliothèque joue elle-même un rôle central dans l’organisation de ce service, devenant alors pourvoyeur d’images et pas seulement de livres. ArtSTOR s’inscrit dans la continuité de cette organisation mais en tirant parti des avantages offerts par les technologies numériques de l’image.
Toutefois, on ne s’est pas contenté de numériser les images et de les cataloguer comme autrefois. Au-delà d’une simple migration de support, ArtSTOR constitue une base commune à de nombreux établissements, ce qui évite à chacun d’eux de numériser et de cataloguer, chacun dans leur coin, les mêmes images : c’est une source d’économie (en travail, mais aussi en infrastructures) particulièrement appréciable. Cette nouvelle base est par ailleurs clairement orientée vers les besoins de ses utilisateurs : les images proposées correspondent d’abord aux canons et aux grands corpus de l’histoire de l’art, notamment les corpus conservés dans des institutions mondialement reconnues pour leur renommée scientifique, car ce sont ces images qui sont massivement utilisées dans l’enseignement ; la numérisation des images s’accompagne ensuite de la mise à disposition d’outils graphiques (grossissement, décomposition, annotation, manipulation, insertion des images…) particulièrement utiles tant à l’enseignant qu’à l’élève. L’ensemble des images peuvent être utilisées librement à des fins d’enseignement par toutes les institutions participantes, la gestion des droits étant assurée en amont par ArtSTOR pour l’ensemble des utilisateurs.
En 2005, ArtSTOR mettait à la disposition de ses membres près de 300 000 images et ce chiffre devrait atteindre les 500 000 fin 2006. Une ouverture à des partenaires d’autres pays est recherchée mais se heurte à des problèmes liés aux régimes différents du droit d’auteur d’un pays à l’autre. Pour en savoir plus : www.artstor.org
Ces quatre communications sont disponibles sur l’Iflanet. Une traduction en français est disponible pour les trois premières.
Cette session particulièrement dense (neuf interventions programmées, dont une annulée) était organisée conjointement par la section des bibliothèques de Géographie et des cartothèques et par la section des bibliothèques d’Histoire locale et de Généalogie. Nourrie d’études de cas tirées de plusieurs pays, elle a proposé un panorama assez large des tendances de la recherche et des innovations dans ces établissements. Les présentations étant assez inégales, on ne rendra compte ici que de certaines d’entre elles, jugées représentatives de l’ensemble et qui tracent quelques pistes jugées particulièrement pertinentes pour les professionnels français.
Ce n’est peut-être pas un hasard si la première intervention concernait l’utilisation des S.I.G (Systèmes d’Information Géographique) dans les bibliothèques. Les pratiques convergent, en effet, pour utiliser ces outils dans nos établissements, et, plus généralement, s’attacher les compétences des géographes pour mieux comprendre l’activité des bibliothèques et leur impact sur la population. Précisons au passage que la section Géographie organisait également pendant le congrès un atelier consacré au maniement des S.I.G et que le pré-congrès de Bergen avait été l’occasion d’entendre plusieurs communications abordant également ce sujet.
L’exposé d’Anita K. Oser [6] a pu paraître anecdotique par son sujet (l’utilisation d’un S.I.G pour dresser la carte généalogique d’un comté à partir de relevés effectués dans des cimetières). Il était néanmoins très pédagogique et posait avec simplicité les pré-requis techniques et matériels ainsi que les principes d’utilisation d’un S.I.G . La représentation spatiale des informations implique de renseigner une base de données avec des informations géographiques et des attributs correspondant à la problématique traitée. Chaque ensemble de données constitue une table correspondant à une « couche » graphique qui se superposera aux autres sur le plan numérisé de l’espace étudié. Selon Anita K. Oser, la difficulté ne tient pas tant à l’utilisation du logiciel (bien que son maniement requiert un investissement initial en formation) qu’à la collecte des données pertinentes. Si les agences gouvernementales peuvent fournir beaucoup de données topographiques et démographiques, le plus dur demeure de collecter soi-même les données pertinentes par rapport au sujet considéré par le biais de relevés ou d’enquêtes.
La communication de Stephen Young [7] a offert un exemple plus ambitieux d’application de la même technologie utilisée au sein de la History Family Library des Mormons, à Salt Lake City. On a pu s’émouvoir de certaines considérations de l’orateur, mais sa démonstration était techniquement convaincante : au lieu du système de calques qu’elle avait initialement prévu, sa bibliothèque a pu mettre en place, pour plusieurs comtés d’Angleterre, une interface d’interrogation cartographique permettant aux utilisateurs de localiser leurs ancêtres. La carte numérisée est reliée à des liens URL qui renvoient à des sites pertinents sur Internet.
Plusieurs des interventions suivantes ont eu pour point commun une prise en considération accrûe des besoins et des attentes du public dans l’utilisation des cartes et autres documents géographiques réalisées et conservées par les organismes gouvernementaux et leurs bibliothèques. On retiendra en particulier l’intervention de Peter Korsgaard (Danemark) et de Janet Tomkins (Canada) qui ont montré comment, dans deux institutions bien différentes, la fonction documentaire tend à s’enrichir d’outils de navigation géographique et temporels utilisables directement par l’usager et sur le web. Peter Korsgaard [8] a présenté les dernières innovations de l’agence danoise chargée des cartes, plans et cadastres, qui réalise et centralise tous les types de relevés (topographiques, économiques, démographiques…) pour les diffuser ensuite auprès des institutions et des particuliers. Alors que le modèle de fonctionnement traditionnel pour répondre aux demandes des enquêteurs patentés, des administrateurs territoriaux, des archéologues mais aussi d’un nombre croissant de particuliers et de généalogistes s’apparentait à une continuelle expédition archivistique, le travail de l’agence a évolué vers le libre-service avec la diffusion des données sur le web. Plusieurs exemples ont été présentés, incluant des cartes vectorielles et dynamiques, indexées au moyen de métadonnées qui permettent aux archivistes d’organiser l’information et aux utilisateurs de la retrouver grâce à des moteurs de recherche. Ces outils permettent, par exemple, de visualiser l’évolution d’un même espace géographique (agglomération, quartier…) à différentes époques. Si ces nouveaux services répondent à des besoins exponentiels et permettent de centrer l’organisation du travail sur les attentes des usagers, ils posent néanmoins de sérieux problèmes techniques : les coûts et les besoins en support informatique sont conséquents et l’agence semble étouffer sous la pression de ses nouvelles activités. L’auteur invite à la coopération européenne pour développer ces projets à une autre échelle, ce qui implique notamment un important travail de normalisation.
Un autre exemple intéressant est à observer dans un tout autre lieu : la bibliothèque publique de Vancouver. Janet Tomkins [9] y a développé un service d’assistance à la recherche généalogique qui prend tout son sens compte tenu de l’histoire de cette région du Canada, terre d’immigration. Alors que plus de 40% des Canadiens en quête d’identité se sont déjà engagés dans des recherches généalogiques, cette démarche pose des problèmes spécifiques aux citoyens issus de certaines vagues d’immigration et dont les ancêtres ont été malmenés par les autorités comme par l’état civil. C’est notamment le cas des immigrants chinois, qui ont souffert d’une très forte discrimination et pour lesquels la recherche des ancêtres constitue un enjeu culturel important. On pourra lire le récit édifiant et passionnant à la fois du parcours du combattant qui attend le descendant de ces minorités lorsqu’il s’engage dans des recherches généalogiques. Il a paru particulièrement intéressant d’écouter le discours de Janet Tomkins qui est très convaincant lorsqu’elle explique comment, dans ce contexte spécifique, la bibliothèque publique de Vancouver, a fait de l’assistance à la recherche généalogique une de ses missions et développé des services spécifiques dans ce domaine, services dont on estime qu’ils contribuent à remplir la mission sociale de la bibliothèque, perçue avant tout comme un lieu où se tiennent et se font les communautés. La mise en ligne de certains registres locaux ainsi que de pages web expliquant l’utilisation des outils disponibles sur Internet pour entreprendre ces recherches en Colombie Britannique sont quelques exemples des initiatives de la bibliothèque à cet égard. L’auteur souligne néanmoins que l’acceptation de cette mission et l’organisation d’un tel service impliquent de développer des compétences spécifiques chez les bibliothécaires.
La plupart de ces communications sont disponibles sur l’Iflanet. Aucune n’a été traduite en français. On notera que leur qualité est inégale et l’on pourra notamment s’indigner de l’exposé illuminé qu’a consacré Ugo A. Perego à la généalogie moléculaire, qui vise à constituer une base de données génétique de l’Humanité afin de démontrer que nous formons tous une grande famille…On peut s’interroger sur la participation de cet intervenant au congrès de l’IFLA ; une bonne partie de l’assistance a quitté la salle à l’issue de cet exposé en signe de protestation, au détriment des deux dernières interventions dont nous ne rendons malheureusement pas compte.
L’archivage des sites web constitue une préoccupation grandissante, pour ne pas dire urgente, pour beaucoup de bibliothèques, et pour les bibliothèques nationales en particulier. Beaucoup de documents n’existent plus que sous format électronique, et la croissance des échanges, des productions et des consultations électroniques est exponentielle : assurer la conservation pérenne, l’organisation et la consultation d’au moins une partie (l’exhaustivité n’étant pas de mise compte tenu des masses d’information en jeu) de cette activité souvent éphémère ou instable est en effet devenu un enjeu de société crucial. L’archivage du web pose des problèmes juridiques, techniques mais aussi scientifiques et documentaires. S’il ne faut pas confondre cette activité avec les grands chantiers de numérisation et les débats non moins essentiels qu’ils soulèvent aujourd’hui, elle les rejoint en ce qu’elle implique des choix politiques, une ingénierie et une économie nouvelles pour le traitement intellectuel et physique des documents numériques. A terme, collections numérisées et archives du web coexisteront dans la mémoire commune des bibliothèques numériques en construction.
Dans ce contexte, il n’est pas étonnant que le dossier de l’archivage du web ait été abordé dans de nombreuses sessions du congrès d’Oslo. Certaines sections ou réunions transverses (en particulier la réunion de l’ICABS – IFLA/CNDL Alliance for Bibliographic standards : Maintaining access to digital collections) ; en avaient fait leur principale thématique cette année, mais le sujet était également central dans bien d’autres sessions, qu’il s’agisse de la section Bibliographie (National bibliography : new tools, new materials), de la section Acquisitions et politique documentaire (Electronic resources : different approaches to end-users) ou encore des sections de bibliothèques spécialisées comme les bibliothèques d’art, particulièrement exposées à cette question compte tenu de la nature de leurs collections.
Les sessions organisées par l’ICABS et la section Bibliographie ont permis de dresser un état de l’art dans le monde sur cette question stratégique. On y a compris que les enjeux y revêtaient un caractère éminemment politique : du fait de la nature et de l’étendue des collections concernées, mais aussi parce que les alliances et les coopérations jouent aujourd’hui un rôle décisif dans la construction de modèles d’organisation et de production à cette échelle, on voit mal comment les bibliothèques pourraient s’affranchir du contexte régional ou international. Ceci implique une convergence des réflexions et l’ébauche d’une normalisation des pratiques même si des modèles différents adaptés aux choix politiques et aux environnements spécifiques des différents pays concernés coexistent. Partout les pratiques sont encore expérimentales. Beacher Wiggins (Bibliothèque du Congrès) a présenté les principaux résultats d’une enquête portant sur l’intégration des ressources électroniques dans les bibliographies nationales. De fait, cette étude (accessible sur l’Iflanet) a également permis de recenser les différentes initiatives d’archivage du web dans le monde. Si une quarantaine de pays sont engagés, à des niveaux divers, dans l’archivage des ressources électroniques, seuls seize disposent d’un véritable dispositif pour la conservation du web (digital repositories). De plus, l’organisation du travail varie beaucoup : modèles centralisés ou collaboratifs (comme en Grande-Bretagne), critères de sélection et degrés d’automatisation variables pour l’archivage, modalités et fréquences de collecte variables, crawls de surface ou crawls profonds sur des ensembles pré-définis, etc.
Dans la plupart des cas, la situation juridique n’est pas claire et ne permet pas d’instituer pour le moment un véritable dépôt légal du web, ni surtout d’envisager les conditions futures de consultation publique des documents archivés. Les bibliothèques sont engagées dans un travail de lobbying auprès des gouvernements afin de d’obtenir une clarification ou des adaptations des législations nationales sur le dépôt légal en particulier.
La question de la sélection des ressources à archiver a été maintes fois posée. En effet, si l’archivage massif et automatisé d’énormes pans du web est d’ores et déjà organisé, peu d’établissements pensent pouvoir faire l’économie de sélections plus fines impliquant une intervention humaine. Des critères doivent donc être définis dans le cadre d’une véritable politique documentaire qui pose des questions qui ne sont pas anodines : Qu’est-ce qu’un web « national » ? Comment circonscrire les frontières conceptuelles et géographiques de ce qui doit être archivé ? Avec quelles normes ? Sous quel format ? A quelle fréquence ? Et comment organiser ces ressources ? - à ce sujet, John D. Byrun, de la Bibliothèque du Congrès, a fait une intervention intéressante sur le catalogage des documents électroniques.
De nombreux orateurs ont également soulevé la question cruciale des usages futurs de ces archives : comme l’a souligné Maja Zumer (Bibliothèque nationale de Slovénie) un travail prospectif sur les usages est un préalable indispensable pour préciser les critères de sélection d’une part et l’architecture et l’ergonomie des interfaces futures de consultation d’autre part. Si l’on peut à peu près concevoir quels seront les usages de la documentation électronique archivée dans les bibliothèques, il reste à explorer les besoins potentiels d’autres usagers (chercheurs, historiens et sociologues en particulier), dont les attentes seront sans doute très fortes et très hétérogènes à la fois.
Plusieurs modèles et expériences nationales ont été présentés au cours de différentes sessions : la Norvège (Kjersti Rustad – section 119), la France (Christian Lupovici, section 133), l’Australie (Pam Gatteby – section 150), les Etats-Unis (Sally H. McCallum – section 150), la Grande-Bretagne (Caroline Brazier – section 150), l’Allemagne (Reinhard Altenhöher – section 150). La Bibliothèque nationale de France assure par ailleurs le pilotage du consortium IIPC (International Internet Preservation Consortium) qui réunit 12 bibliothèques nationales et l’Internet Archive (basé aux Etats-Unis) et s’est fixé les missions suivantes : constituer un forum pour partager les connaissances et les expériences en cours en matière d’archivage d’Internet, développer des normes et des outils en open source, favoriser l’interopérabilité des systèmes et, plus généralement, sensibiliser les institutions et les opinions publiques à cet enjeu. Catherine Lupovici a présenté les activités du consortium, qui joue un rôle moteur dans le développement international de l’archivage du web et pourrait être élargi à d’autres pays à partir de 2006.
[1] Association of Research Libraries. LibQual 2005 : http://www.libqual.org/
[2] La Nouvelle Bibliotheque D’Art Hybride : Materiaux Imprimes Et Information
Virtuelle . Alicia García Medina, Biblioteca Instituto del Patrimonio Histórico [ Code Number: 020-F]
[3] A Travers Les Mailles Du Filet : Autour Des Ephemeres Dans Les Arts Du
Spectacle. Kristy Davis, Trinity College of Music, London [021-F]
[4] La Decouverte Des Manuscrits Caches par Tatiana Nikolova-Houston, The University of Texas, Austin [Code Number: 023-F]
[5] Artstor, Art Libraries And Acces To Images par Max Marmor, ArtSTOR [Code Number: 022E]
[6] Using G.I.S To Map Genealogical Data : Getting Started par Anita K. Oser, Western California University, Cullowhee [communication non diffusée]
[7] English Juridictions Mapping Project par Stephen Young, Family History Library, Salt Lake City [Code number :
089-E]
[8]Presenting Maps And Other Spatial Information On The Internet par Peter Korsgaard, National Survey and Cadastre, Copenhague [094-E]
[9] Chinese-Canadians In Search Of Immigrant Ancestors : Curent And Potential Resources par Janet Tomkins, Vancouver
Public Library (Code number : E36-E)
gildas.illien@bnf.fr
1. Traduction de l’anglo-américain en français
Utiliser des données issues des SIGB et des SIG pour planifier et aider à la décision », par Christie Koontz, Université d’Etat de Floride.
2.Communication :
« De l’évaluation de résultats à l’évaluation d’impacts : l’emploi de SIG », prè-conférence de Bergen.
3. Contribution au compte rendu réalisé par les boursiers du CFI :
4. Participation aux activités des sections
5. Sessions auxquelles j’ai assisté au congrès d’Oslo :
(Compte rendu co-rédigé avec Gildas Illien, déjà envoyé par ce dernier)
Le pré-congrès organisé conjointement à Bergen par les sections Management et marketing, Evaluation et statistiques et Théorie et recherche visait à rassembler des professionnels de pays, d’horizons et de spécialités divers (bibliothèques publiques et universitaires, administrations et organismes nationaux, spécialistes des statistiques et praticiens du terrain) autour de la question de l’évaluation des services rendus aux publics par les bibliothèques dans une perspective de management et de marketing. Le maire et les élus à la culture ainsi que les responsables des bibliothèques publique et universitaire de la ville de Bergen se sont beaucoup investis dans la préparation de cette rencontre, qui, avec le concours des responsables de la section Management et marketing de l’IFLA, s’est remarquablement déroulée. Une trentaine d’interventions réparties en plusieurs ateliers et qui se sont fréquemment éloignées de l’intitulé strict de la conférence rendent difficile d’en dresser un panorama complet. On se concentrera ici sur quelques tendances qui, de notre point de vue, se sont dégagées de l’ensemble, et sur certaines interventions qui ont paru particulièrement novatrices ou éclairantes.
On pourrait résumer les grandes tendances de cette conférence par les quatre formules suivantes : recul de la technique ; retour du politique ; l’usager avant tout ; l’ouverture à d’autres mondes.
De l’avis de plusieurs observateurs habitués des travaux spécialisés de la section Evaluation et statistiques, ce congrès a d’abord été marqué par un certain désenchantement en matière de technique statistique pure, autrement dit par un retour pragmatique à l’empirisme pour certains collègues qui rêvaient peut-être de tout mesurer et de tout expliquer par les chiffres. Le discours n’est plus à l’évaluation systématique et quelquefois obsessionnelle ; l’attention se déplace de la production de chiffres vers l’interprétation et l’utilisation des indicateurs pour l’action, dans un environnement donné. L’attention se porte de plus en plus en sur la mesure de l’impact social et économique de la bibliothèque (outcome), qui, comme l’a rappelé J.Eric Davies (LISU, Lougborough University, Grande-Bretagne) consiste à mesurer la contribution des bibliothèques à la société. J.Eric Davies dirige l’observatoire chargé d’apporter conseil et expertise en matière d’évaluation aux bibliothèques britanniques, en collaboration avec plusieurs centres de recherche. C’est à cette collaboration que l’on doit, par exemple, la publication d’une boîte à outils qui a servi de référence pour plusieurs projets de systèmes d’aide à la décision du type Decide. A partir de quelques extraits des données recueillies par LISU en Grande-Bretagne, il a présenté des exemples intéressants de pratiques d’évaluation de la position d’un service par rapport à ses objectifs internes aussi bien qu’en comparaison avec des normes nationales et des pratiques de benchmarking (étalonnage d’un objectif de performance à partir d’un résultat de référence). Dans le sillage de son intervention introductive, de nombreux intervenants se sont référés à la notion d’« evidence based measurements », c’est-à-dire à des méthodes d’évaluation qui reposent sur des constats concrets comme fondements de la décision et du management. En Grande-Bretagne, et sous la férule de LISU, on a construit des facteurs d’impact basés sur des enquêtes conformes aux protocoles issus de LibQual [1] et complétés par des « indicateurs doux » (soft indicators) qui intègrent des éléments comportementaux et concernent, par exemple, l’apprentissage, l’acquisition de compétences et de connaissances, mais aussi le bien-être et la satisfaction des usagers. Ces nouveaux indicateurs, que l’on retrouve dans le texte de référence Framework for the Future, doivent notamment contribuer à améliorer la qualité des services dans les bibliothèques. On peut parfois douter de la pertinence ou de la validité de ces indicateurs, et de nombreux orateurs ont confié leur incapacité à définir des procédures vraiment convaincantes pour mesurer de tels effets, mais tous convergent vers cette direction difficile : tenter de mesurer du social, de l’intégration, de la qualification.
Dans une intervention très appréciée, la responsable des statistiques de bibliothèques allemandes, Ulla Wimmer a souhaité replacer l’activité d’évaluation par rapport à ses fonctions essentielles de négociation, de communication, voire de lobbying (avec les politiques, les personnels et les usagers). La démarche d’Ulla Wimmer s’inspire de la sociologie des organisations pour développer quatre idées principales :
- La mesure des performances est en relation avec les théories de la connaissance et la politique. Les indicateurs, inspirés de la comptabilité analytique, parviennent à créer par des chiffres une représentation de la bibliothèque, de ses utilisateurs et de son travail, pour en faire un corpus de connaissances utile à la prise de décision par la bibliothèque, tant du point de vue de sa gestion interne que par son organisme de tutelle. Toutefois, cette prise de décision concerne des parties qui ont chacune leurs propres perceptions de la mission de l’établissement et des valeurs culturelles. IL en résulte des attentes différentes et parfois divergentes : la mesure des performances se trouve donc au centre d’enjeux de pouvoirs et d’intérêts.
- Ces mesures ne produisent pas une vérité objective et abstraite, mais une représentation qui comporte une large part de subjectivité. Elles supposent un accord préalable sur la valeur des indicateurs par l’ensemble des acteurs afin d’aboutir à un diagnostic partagé. La sciences sociales et de la gestion ne peuvent fournir de solutions « clés en main », seulement des méthodes et des outils constituant le cadre de définition du choix des indicateurs. Ce choix est fortement politique puisqu’il traite de l’image et de la fonction même de la bibliothèque : le processus de négociation sur les objectifs de performance joue donc un rôle fédérateur.
- La mesure des performances est une démarche de synthèse. Les instruments de mesure produisent une représentation chiffrée de l’activité, potentiellement de toutes les activités de la bibliothèque. Or, la mesure de performance et les statistiques doivent constituer un moyen efficace de réduire la complexité du système de la bibliothèque à un petit ensemble de nombres. Cet effort de synthèse (qui distingue l’évaluation du simple recueil statistique) est d’autant plus nécessaire qu’il ne serait pas possible de prendre une décision si les innombrables facettes d’une bibliothèque devaient être pris en considération à tout moment.
- La mesure des performances n’est pas significative en elle-même, elle est réductrice et parfois trompeuse. C’est pourquoi les résultats doivent être interprétés et mis en perspective dans un contexte plus large.
L’évaluation des performances s’inscrit donc dans un processus de négociation entre commanditaires, acteurs et usagers, indissociable d’un environnement économique, social et de valeurs. Il faut donc se garder des modes et rester prudent, notamment dans la comparaison des normes d’un pays à l’autre.
À la suite de cet exposé, de nombreux intervenants ont insisté sur la nécessité d’intégrer la fonction d’évaluation aux fonctions de communication. A Montréal (Louise-Guillemette Labory, Pierre Meunier), les responsables du réseau de lecture public ont réussi, grâce à une exploitation intensive mais habile des statistiques et à la définition de normes de qualité à bâtir un argumentaire particulièrement convaincant, puisqu’il a conduit les responsables de la communauté urbaine de l’île à renforcer considérablement les moyens et la modernisation du réseau des bibliothèques. Les procédures engagées pour mesurer l’activité sont elles-mêmes évaluées car on n’est pas toujours certain qu’elles rapportent davantage qu’elles ne coûtent. La mesure des statistiques génère beaucoup d’informations sur la bibliothèque, toute la difficulté étant de les réduire à ce qui sert vraiment, et de s’en servir vraiment. Des sondages et des enquêtes ponctuels sont fréquemment préférés aux procédures trop lourdes, l’essentiel demeurant d’encourager une attitude réflexive et une prise de distance critique chez les professionnels par rapport à leur propre travail. Ce dernier aspect a été particulièrement souligné par l’australienne Gillian Hallam lors d’un exposé consacré à la formation des bibliothécaires dans son pays. En bref, Les statistiques ne doivent pas être absorbées par les outils qui les génèrent mais répondre aux questions que l’on se pose et aux besoins que l’on ressent : elles servent un processus d’auto-connaissance et de mise en question permanente, mais il faut éviter de créer des usines à gaz. De fait, et comme l’a souligné Ulla Wimmer, elles sont une source inattendue de créativité. On peut et l’on doit être inventif dans cette activité si l’on souhaite effectivement réagir de la meilleure façon aux circonstances et aux évolutions auxquels on est confronté dans la bibliothèque.
Dans ce contexte, on comprend que la réflexion sur les missions et les objectifs de la bibliothèque, indissociable de la relation avec ses tutelles politiques, redevienne une préoccupation centrale. Au même titre, et dans le même mouvement, le regard semble se retourner sur l’usager – actuel ou potentiel. Celui-ci n’est plus seulement considéré comme une cible de marketing (bien que les interventions de Barbara Sen et de Christie Koontz aient quelquefois donné cette impression) mais comme un individu complexe adhérant souvent à un groupe et qui traverse, dans ses pratiques et ses attentes, des mutations égales à celles que connaît notre société et notre profession. Ces mutations se heurtent souvent à l’incompréhension des bibliothécaires et peuvent susciter son désarroi. Les nombreux praticiens qui ont pris la parole, tels Myoung C. Wilson (Etats-Unis), ont fait état de cette situation tout en montrant comment dans leur bibliothèque on s’efforçait de réduire l’écart entre professionnels et publics par des initiatives nouvelles et quelquefois audacieuses qui peuvent consister en des techniques de promotion assez simples (campagnes d’affichage pour la B.U dans les cars universitaires d’un campus, par exemple).
Face à cette situation nouvelle (ou qui se renouvelle), on discerne donc une plus grande acceptation de l’inconnu dans la prise de décision : le « mou » ou le « doux » (l’interaction, l’humain, les processus cognitifs et sociaux invisibles à l’œil nu) est pris en considération au même titre que le « dur » (les chiffres), ce qui pousse le bibliothécaire a ouvrir son champ d’investigation et à faire évoluer ses outils comme ses partenaires : l’ouverture à d’autres mondes, c’est ainsi ce souci de regarder les lecteurs autrement, mais aussi de faire appel à d’autres compétences, d’autres métiers et d’autres outils pour l’appréhender. Ce congrès est marqué par des contributions assez nombreuses de géographes, de sociologues, de didacticiens ou de bibliothécaires qui ont étudié ces disciplines et s’en inspirent pour travailler autrement : pour approfondir la question de la performance et de la qualité des services sur des dossiers comme la formation des usagers à la recherche documentaire, l’ergonomie des lieux et des outils, la formation et la gestion des personnels ou, plus généralement, l’organisation des services publics, les statistiques traditionnelles ne suffisent plus et d’autres compétences sont désormais requises. Voici quelques exemples de ces applications :
L’intervention de Christie Koontz s’inscrit dans une démarche de marketing, et plus particulièrement du marchéage (ou marketing mix : mise en cohérence du produit, du prix, de la distribution et de la promotion). Son originalité et son intérêt résident avant tout dans son application à la prise de décision stratégique en bibliothèque à l’aide de données d’environnement représentées géographiquement. Son étude de cas s’est appuyée sur l’utilisation d’un système d’information géographique tout à la fois carte et base de données (US Public Library Geographic Database : www.geolib.org/PLGDB.cfm ), développé par le laboratoire Geolib de l’Université de Floride. On pourra utilement consulter la version française de cet exposé et le site géographique lui-même, qui constitue dans son principe et sa réalisation un modèle nulle part égalé.
Thierry Giappiconi a présenté un modèle en cours d’expérimentation à la Bibliothèque de Fresnes, qui utilise également un S.I.G, exploité au profit de la politique documentaire. Grâce à ce dispositif qui relie la base des lecteurs et la base bibliographique du S.I.G.B à la cartographie d’un S.I.G, les acquéreurs disposent d’informations sur la répartition géographique des emprunteurs en fonction de leurs pratiques documentaires. Cette démarche originale permet d’ajuster la politique d’acquisition en fonction de l’environnement des lecteurs qui fréquentent la bibliothèque, mais aussi de développer le fonds en tenant compte des caractéristiques des zones socio-géographiques des usagers potentiels.
À la suite de ces exposés qui ont montré des pistes nouvelles dans l’utilisation de techniques issues de la sociologie et de la géographie, Gildas Illien a présenté les procédures les plus récentes utilisées à la Bibliothèque universitaire de Saint-Denis pour mesurer l’utilisation qualitative de la bibliothèque par les étudiants. Ce travail se concentre sur l’utilisation des services et des espaces de la bibliothèque. Pour ce faire, des procédures spécifiques ont été expérimentées pour étudier, d’une part, l’activité de médiation entre professionnels et usagers (décomptes des questions posées au cours de « semaines-test ») et d’autre part la circulation des lecteurs dans les espaces de la bibliothèque en fonction de leurs motivations (utilisation d’un S.I.G et représentation cartographique des trajectoires sur un plan numérisé du bâtiment). Cette dernière approche constitue une adaptation aux espaces internes de la bibliothèque des techniques habituellement utilisées pour caractériser l’impact de la bibliothèque sur des territoires plus vastes.
La présentation de Claude Poissenot est le compte-rendu d’une étude des statistiques de la Direction du Livre et de la lecture, elle vise à identifier les facteurs d’attractivité des bibliothèques par le croisement de différentes données recueillies à l’occasion de l’enquête annuelle de la D.L.L. Il apparaîtrait ainsi une corrélation entre le budget d’acquisition et le nombre d’emprunts… Rien de bien neuf, dans cette lecture de sources connues et aisément accessibles. Concernant la méthode, on peut regretter l’absence quasi-totale de réserve critique vis-à-vis des sources dont on sait qu’elles sont loin d’être fiables, et s’étonner du caractère parfois superficiel de l’analyse. Ainsi, lorsqu’une lecture globale des statistiques fait apparaître que les bibliothèques les moins ouvertes seraient celles dont le pourcentage de fréquentation est le plus élevé, l’intervenant n’a pas eu la curiosité d’entreprendre une investigation plus approfondie (par exemple, une segmentation de l’échantillon pour tenter de mieux comprendre ce résultat paradoxal. Concernant l’objet même de ce travail, on peut regretter que Claude Possenot ne l’ait pas ressitué dans une prise en compte de la politique et qu’il se soit attaché aux seuls 17% de publics acquis sans vraiment considérer l’ensemble du public visé.
Plus convaincante était l’intervention de John Crawford, qui relatait une expérience d’évaluation des politiques de formation à la recherche documentaire à la Glasgow Caledonian University. Cet établissement dispose de données nombreuses sur son travail d’observation et d’évaluation mené depuis dix ans (voir : www.learningservices.gcal.ac.uk/library/research/index.html). L’Université de Glasgow a en effet choisi de se concentrer d’une part sur l’impact des services d’information électronique auprès de ses utilisateurs. Elle a d’autre part travaillé avec une école secondaire pour y évaluer l’évolution du niveau de compétence des élèves en matière de nouvelles technologies. Ces études, publiés dans plusieurs articles, ont conclu à la nécessité de se concentrer sur les questions d’information et de formation. Les données recueillies notamment auprès d’anciens élèves soulignent en effet l’importance de l’apprentissage de l’information sur le lieu de travail et le rôle de l’université dans son développement. Les résultats ont été si encourageants que ce type d’évaluation tend à devenir une activité spécifique de recherche. Cette intervention qui s’est attachée à l’évaluation d’effets et d’impacts dans le domaine de la formation documentaire a donné un sens très concret au concept quelquefois équivoque d’ « information literacy ».
Parmi les très nombreuses interventions du pré-congrès, on notera enfin les contributions d’Antonia Arahova (Grèce) et de Lenor Gaspar Pinto (Portugal), qui ont présenté des modèles nationaux d’évaluation et de modernisation de l’action publique dans le domaine des bibliothèques. Ces deux interventions ont fait état d’efforts remarquables (tant au niveau de la réflexion que des réalisations) dans ces deux pays d’Europe du Sud. On a pu toutefois regretter que les intervenantes ne s’interrogent pas davantage sur les missions et l’avenir de leurs bibliothèques.
En conclusion, on peut dire que les collections, acquisitions et traitement, se font plus discrètes au profit des services, de la formation et de la médiation avec le public. Beaucoup d’expériences nouvelles ont lieu pour explorer ces enjeux. Elles ne sont pas toujours convaincantes mais témoignent d’un effort louable de remise en cause et d’une réflexion de plus long terme qui inscrit l’action de la bibliothèque dans les évolutions plus larges de la société. Les résumés des textes des communications du congrès de Bergen sont disponibles en anglais sur le site web de la conférence, hébergé par la Ville de Bergen à l’adresse suivante : http://brgbib.bergen.folkebibl.no/ifla/papers.html. Certaines interventions ont été traduites en français.
140 : Maîtrise de l’information : un voyage de découverte pour les citoyens
Cette session portait sur des exemples de mise en oeuvre du concept d’Information Literacy, que nous traduirons par « Maîtrise de l’information », pour tenter d’en cerner le sens. Peu de management et pas plus de marketing, donc.
La fracture numérique, le fabricant de boulettes de poissons et l’éducation tout au long de la vie : les programmes d’alphabétisation de l’information du réseau des bibliothèques de Singapour par Ngian Lek Choh et Rajen Munoo (Bureau des bibliothèques de Singapour)
L’expansion rapide et spectaculaire du réseau des bibliothèques de Singapour repose sur une volonté politique du gouvernement qui repose sur une visée sans équivoque : « augmenter le niveau connaissance de la population pour en faire une des premières puissances économiques de la région », ou encore « Élargir les capacités de formation de la nation pour améliorer sa compétitivité ». Dans un pays où les ressources naturelles sont limitées, la qualité des ressources humaines prend une importance vitale.
C’est sur la base de ces objectifs, que les bibliothèques de Singapour ont entrepris de développer un programme d’évaluation qui a donné naissance à un programme de formation d’usagers et de formation en bibliothèques. On trouvera donc dans cette intervention d’intéressants exemples d’enquêtes et de programme. On peu toutefois regretter le manque de développement sur la coordination de ces actions avec celles des centres de formations.
Construire des savoir-faire en information : le rôle des programmes d’alphabétisation de l’information, une étude. par Sasikala Chagari (bureau des bibliothèques et de l’information scientifique et techniques de la l’université Andhra, à Visakhapatnam, Inde)
La situation des bibliothèques publiques indiennes contraste fortement, si l’on en croit l’intervenante, avec celles des bibliothèques de Singapour. Peu ou pas de crédits et pas plus de personnel. Cette intervention présente l’intérêt de présenter sinon une « étude », du moins un aperçu de la situation indienne. Il apparaît que, faute de moyens, les programmes reposent, outre les collaborations avec les écoles, essentiellement sur les initiatives bénévoles. La formation est ainsi constituée en grande part de projets comme celui de l’amélioration de la situation des femmes ou des populations les plus défavorisés. La formation à l’information devient ainsi plus un ensemble d’actions d’information ou de formation.
La bibliothèque centrale et régionale de Berlin : une bibliothèque éducative en allemagne. par Christa Bunke Zentral- und Landesbibliothek, Berlin, Allemagne).
Christa Bunke est responsable de la formation des utilisateurs de cette grande bibliothèque berlinoise, dont l’importance de la fréquentation rappelle celle de la BPI. Son intervention évoque les divers aspects de son service : formation à l’utilisation des catalogues, formation à la recherche sur Internet (obligatoire pour avoir accès au réseau), ainsi que divers programmes de formation, dont les services d’apprentissage des langues ou encore des programmes destinés à informer les femmes de leurs droits (Berlin est une ville cosmopolite ou l’immigration est particulièrement forte). Depuis 2000, en partenariat avec des enseignant, des ateliers se fixent pour objectifs d’apprendre à identifier et définir son thème de recherche, orienter et construire les étapes de sa recherche, évaluer et mettre en forme l’information trouvée. Plus simplement et prosaïquement, d’autres ateliers apprennent aux personnes âgées, désormais privés des fichiers papiers, à se familiariser avec les claviers et les écrans.
Si l’on se fonde sur cette séance, l’alphabétisation de l’information s’apparente, avec de fortes nuances régionales, à la formation des usagers. Elle la dépasse cependant pour s’apparenter à des programmes thématique ou généraux de formation.
En dépit du pragmatisme des intervenants, force est aussi de constater que la notion d’Information Literacy, est fortement teintée d’une idéologie fondée sur la croyance que la recherche en ligne ou dans les collections de la bibliothèque peut, en elle-même, apporter la connaissance. Pourtant, comme l’a fait remarquer un participant « il convient de demeurer conscient que la principale difficulté des usagers face à l’information, ne relève pas d’abord au maniement des moteurs de recherche – Ngian Lek Choh et Rajen Munoo ont évoqués la virtuosité des enfants en ce domaine – mais à la nécessité de savoir ce que l’on cherche et de comprendre ce que l’on trouve ». La limite, voire le caractère illusoire de certaines applications de « la maîtrise de l’information », teint sans doute dans cette remarque de bon sens.
La séance plénière a été suivi d’ateliers animés pas Bill Johnston (Université de Strathclyde, Ecosse) Christina Tovote (Université de Stockholm, Suède), et Sheila Webber (Université de Sheffield, Royaume-Uni). Cette session à permis des échanges d’expérience et l’aide à l’élaboration de projets de services d’alphabétisation de l’information.
Mesurer l’impact des nouveaux services par Roswitha Poll(Bibliothèque régionale de l’Université, de Muenster, Allemagne)
L’évaluation s’est d’abord portée sur des objectifs internes de la bibliothèque (optimisation des ressources), mais encore trop peu sur l’impact des services. Ces impacts peuvent être pour une bibliothèque universitaire, selon R. Poll, des changements dans les savoir-faire et les compétences, dans les attitudes et les comportements, dans la composition du public d’usagers, ainsi que dans l’amélioration de la recherche, des études ou de la recherche d’emploi. A partir de la définition de ces attentes, la communication explore différentes pistes pour tenter d’évaluer l’impact des services électroniques. Roswitha Poll a eu l’occasion de montrer une fois de plus combien elle excelle à exposer simplement des questions complexes, tout en apportant des solutions concrètes. Une intervention de référence, exposée dans un anglais facilement compréhensible.
Méthodes gagnantes d’enquêtes en ligne pour mesurer l’impact des services électroniques dans les bibliothèques (MINES) par Brinley Franklin (Université du Connecticut, Connecticut, USA) et Terry Plum (Simmons Graduate School of Library and Information Science, Boston, USA)
Cette intervention est la présentation d’un programme d’évaluation de l’impact des services électroniques des bibliothèques sur la production universitaire des étudiants. Cette originale approche s’intéresse ainsi à la qualité et à l’originalité des citations. Quelle est la proportion de ces citations, dans quelle mesure sont-elles pertinentes, et si tel est le cas sont-elles pleinement exploitées et correctement citées. On mesure l’ambition et la complexité de cette expérience menée dans la bonne humeur par deux comparses à l’évidente fibre pédagogique. Une expérience intéressante, tant dans la méthode que dans les procédures utilisées.
Thierry Giappiconi, thierry.giappiconi@fresnes94.fr
Participant au congrès de l’IFLA 2005 du 13 août au 18 août à Oslo, j’ai souhaité m’intéresser particulièrement à l’évolution et au devenir des bibliothèques publiques en assistant comme observateur aux sessions du Comité Permanent des Bibliothèques Publiques, et aux différents programmes mis sur pied par ce comité. J’ai en outre assisté à plusieurs réunions plénières de la conférence, liées aux questions débattues par les bibliothèques publiques actuellement.
I
1) La première session (13 août), traditionnellement réservée à l’élection des présidents, secrétaire, trésorier et « officier d’information » a laissé peu de place à d’autres travaux ; le comité permanent a accueilli ses nouveaux membres et remercié les sortants. L’élection a renouvelé la présidente et le secrétaire sortants, Torny Kjekstad , de Norvège, et John Lake du Royaume-Uni. Klaus-Peter Boettger est le trésorier.
Sans avoir encore pu trouver sur le site de l’IFLA la liste complète des nouveaux membres du comité permanent, on peut toutefois noter que la représentation géographique des membres a peu changé, chaque pays nordique de l’UE y ayant un représentant, ainsi que l’Espagne, la France, l’Allemagne, les Etats-Unis, la Russie, le Chili, la Chine.
Il faut noter que le comité des bibliothèques mobiles a été intégré au comité permanent des bibliothèques publiques ; Quatre sièges ont été ajoutés au comité pour accueillir des membres de l’ancien comité des bibliothèques mobiles.
Les adhésions au comité atteignent 339 membres pour 2005, c’est le troisième comité le plus important de l’IFLA en adhérents.
Lors de cette première réunion, un compte-rendu est fait de la réunion de milieu d’année qui s’est tenue à Barcelone. On y a traité essentiellement de la révision du Plan Stratégique, de la création officielle d’un groupe de discussion sur la démocratie au congrès d’Oslo, de la préparation des sessions particulières du comité au congrès 2005 et de la préparation des réunions satellites, auxquelles participait la section à Bergen et à Stavanger, et auxquelles je n’étais pas présent.
2) La deuxième session du comité permanent (vendredi 19 août)
La deuxième réunion du comité permanent s’est tenue en présence de 11 membres ; il a été question du soutien à apporter aux bibliothèques détruites par le tsunami en Asie du sud-est. Une aide à long-terme doit être proposée, surtout dans le domaine de la reconstruction des infrastructures et de la formation.
Pour ce faire, il est suggéré l’adoption d’une bibliothèque, par le truchement du comité permanent Afrique, Amérique Latine, Pacifique. Comme on ressent un manque d’expertise de ce comité dans le domaine des bibliothèques publiques, ce serait malgré tout un soutien essentiellement financier. Il est décidé de soutenir le mouvement de générosité en transmettant aux associations professionnelles nationales des pays touchés, des conseils en matière d’aide aux bibliothèques publiques.
Un point est fait sur le projet « Aller à la rencontre des besoins des usagers ». Le comité veut soutenir le projet d’Iflanet de créer une rubrique des meilleurs pratiques des bibliothèques, des projets qui marchent et des réussites ; la section veut compléter par ses propres recherches la liste des « meilleures bibliothèques publiques » et estime qu’il n’y a pas encore suffisamment de contenu à la rubrique. Les membres du comité sont appelés à transmettre au secrétaire ou directement à l’IFLA les expériences positives dont ils auraient connaissance.
Un projet financé par l’IFLA a abouti, « Public Libraries, Museums and Archives : trends in cooperation and collaboration ». Ce projet, mené notamment par F. Poncé consiste à identifier et analyser des nouveaux modes de coopération et de développement de projets entre bibliothèques, musées, et archives à travers le monde, de les répertorier et de les diffuser. Une première ébauche a été écrite, qui a été revue toute l’année et est finalisée aujourd’hui. Reste à en prévoir l’édition, la traduction et la diffusion ; des budgets spécifiques ont été mobilisés, et la publication devrait se faire en 2005/2006.
Le troisième point abordé concerne la brochure « IFLA / UNESCO Guidelines for development », dont la section a été chargée de préparer le contenu par l’UNESCO. Il est question de compléter les traductions disponibles pour arriver à l’édition, outre les langues principales de la brochure en 18 langues différentes du sous-continent indien. Ce défi est en passe d’être gagné, selon John Lake. Ce livre de 116 pages est destiné aux professionnels des pays en voie de développement pour qu’ils utilisent les techniques disséminées dans le monde sans avoir à « réinventer la roue ».
Le reste de la réunion permet aux membres de mieux s’informer des problèmes administratifs, budgétaires et de règlement de l’IFLA.
Comme lors de chaque congrès, la division des bibliothèques servant le grand public devait également bâtir un programme de présentation de la division. Le thème principal choisi est « Les partenariats »
1)« Les partenariats »
Pour illustrer le partenariat, il a été fait appel à la bibliothèque publique d’Oslo, à la Fondation Bill et Mélinda Gates, ainsi qu’à un intervenant du comité permanent des bibliothèques pour aveugles.
Cette session, organisée le mardi 16 août, par la Division des bibliothèques servant le grand public a permis de relancer à travers le thème du partenariat, un débat autour des missions de la bibliothèque publique et de l’évaluation de ses résultats.
Dans son intervention intitulée « La valeur des bibliothèques publiques », S. Aabo , de l’université d’OSLO, cherche à évaluer l’impact social de la bibliothèque. En soulignant le rôle social, (de lien, de lieu de prise de confiance en soi de l’usager, lieu éducatif qui promeut l’équité et offre les mêmes services à tous, etc..) il recherche une valeur économique à la bibliothèque qui n’est pas le simple synonyme des financements qui y sont attachés. Selon lui, c’est le projet qui doit déterminer le bénéfice attendu de la bibliothèque, qui dépasse le coût de fonctionnement. À travers un processus de questionnement des usagers, contribuables et non contribuables, il pose les questions sur la connaissance que le citoyen a de sa bibliothèque, des services qui lui sont proposés, en sondant non pas le comportement mais les intentions des personnes questionnées. Il va jusqu’à proposer dans certaines questions des scénarios de fermetures de bibliothèques pour diminuer l’impôt en proposant au sondé de choisir ou non de fermer la bibliothèque. Les résultats de l’enquête donne une vision globale de la visibilité de la bibliothèque publique, des réflexes « idéologiques » autour de la lecture publique…Certes son étude est bien plus riche que cela, puisqu’elle détaille aussi, fonction par fonction, lieu par lieu (section adulte, jeunesse, cinéma…) ce que les usagers en pensent, mais en questionnant le lecteur sur la valeur financière qu’il investit dans la lecture publique, il fait ressortir la valeur sociale et humaine attachée à la dépense consentie…et qui conforte (aujourd’hui encore) la présence de la bibliothèque publique comme lien social fort.
Martha Chow, de la Fondation Bill et Mélinda Gates, présente, elle son rôle de partenaire des bibliothèques de tous types. Partenaire financier des bibliothèques depuis 1997, pour l’aide à la construction et l’aide à la formation elle nous conseille une méthodologie d’approche des partenariats qui tient en 7 points :
Munie de ce viatique, c’est une intervenante bénéficiant de l’action de la
Fondation
Gates qui nous précise le partenariat à la bibliothèque publique d’Hamilton, au Canada : 43 ordinateurs fournis pour la bibliothèque, dans une ville de 520 000 habitants, réseau de 24 annexes,
5 millions de prêts, 320 ETP, budget de 13,4 millions d’euros.
La bibliothèque gère dix à quinze partenariats par an, permet d’atteindre de nouveaux « clients », et d’offrir des services que la seule bibliothèque ne pourrait offrir.
La leçon retenue de ces partenariats est qu’il ne faut pas négliger les collections, mais qu’il faut toujours les maintenir et les améliorer, alors que l’on cherche toujours de nouveaux services à offrir, ce qui nous fait chercher les partenariats.
2) « The library as a hotspot » . Cette session du 17 août après-midi présentait la bibliothèque publique comme lieu privilégié pour l’initiation à internet, la production de projets numériques et le développement de services numériques. Un premier intervenant, de la bibliothèque d’Aarhus, au Danemark, Knud Schulz, présence le prototype d’une bibliothèque numérique inscrite dans un lieu physique, la bibliothèque ; selon lui, les bibliothèques européennes, soumises de plus en plus à l’avenir à des contraintes budgétaires décidées par leurs tutelles vont devoir redéfinir les services qu’elles proposent aux lecteurs. L’intervenant suggère que les services à forte valeur ajoutée doivent être proposés dans les bibliothèques, qui peuvent devenir des lieux de diffusion d’œuvres numérisées, des lieux d’échange et de téléchargement grâce à un équipement wifi et large bande de qualité. La bibliothèque devient elle-même «hotspot » (point d’accès sans fil à internet). Le problème n’est pas technique, il est de fournir des contenus. À l’heure où la numérisation n’est plus un véritable problème selon Schulz, c’est la mise en réseau qui devient importante. Au Danemark, des expériences autour d’un réseau musique numérique où les lecteurs peuvent avoir accès pendant une période d’un à sept jours à des contenus numériques ont été lancées. Ce réservoir contient actuellement 100 000 titres et est interrogeable en 12 langues par les usagers. Ce réseau, ouvert 7j sur 7 est un nouveau type de bibliothèque. D’autres réseaux sont créés autour de la littérature et de la fiction, dans lesquels l’usage de l’email permet la réservation de tous types de documents de fiction. On peut toucher sa bibliothèque de quartier comme choisir des documents en dehors de celle-ci
L’expérience danoise montre que les trois quarts des transactions de la bibliothèque sont désormais réalisées par le biais d’internet. Mais si on ne vient déjà plus à la bibliothèque pour consommer des produits multimédia, y viendra t-on encore un jour pour y chercher de la littérature, de la fiction ? La question est seulement posée.
Une deuxième intervenante, Carole van Nuys , présente le projet de la bibliothèque numérique de Norvège, sous la tutelle de la Direction des archives, bibliothèques et musées de Norvège, créée en 2003. Le projet de bibliothèque numérique démarre cette année là et est programmé pour cinq ans.
Le premier travail de l’équipe de projet a été de baliser et de résoudre tous les problèmes juridiques, professionnels et économiques.
En Norvège, 50% des personnes entre 9 et 77 ans utilisent internet chaque jour.
L’équipe de projet de la bibliothèque numérique a travaillé autour des missions suivantes :
Numérisation, traitement des droits, fabrication de portails, conceptions de produits numériques et conseils et services à l’utilisateur. L’équipe de projet a cherché et obtenu des financements en travaillant intensément à joindre des projets de l’union européenne. Un projet prévu pour 2008 prévoit que les utilisateurs pourront emprunter tout document sur le territoire national pourvus seulement de leur carte de bibliothèque locale. En attendant cette échéance, des services voient déjà le jour, comme celui des recherches de lecteur auxquelles il est répondu par sms sous 24 heures.
Un troisième intervenante, Meeli Veskus,d’Estonie , (Ministère de la Culture ) présente le système de bibliothèques publiques de son pays, tant dans le domaine de la construction de bibliothèques que dans le domaine de la mise en œuvre de législation pour développer la lecture publique et surtout promouvoir l’usage des nouvelles technologies. Il est reconnu au citoyen dans la loi sur les bibliothèques de 2001, l’accès gratuit à l’information publique à travers internet. La coopération financière de l’Etat consiste en un subventionnement des activités autour de la création de produits et la maintenance des matériels et du réseau. Le prêt électronique sert de base à la rémunération des auteurs.
La quatrième intervenante, Monica Medina Blanes, directrice d’une bibliothèque publique de Barcelone a détaillé le fonctionnement du réseau catalan, et les particularités du fonctionnement des bibliothèques, tels que les ouvertures de soirée et de nuit certains jours et pour des activités plus directement sociales des bibliothèques.
3)“Libraries in the democratic process ” / Groupe de discussion sur la démocratie et le rôle des bibliothèques.
Cette session ouverte à tous les intéressés était animée par le directeur de l’autorité danoise des bibliothèques et les officiers de la section des bibliothèques publiques. Alors que les bibliothèques se voient elles-mêmes comme le pilier permanent de la démocratie, cette vision est mise en péril de plus en plus. Sont évoqués le Patriot Act de 2001, la censure et le terrorisme, le fondamentalisme ; comme force de partenariat, la bibliothèque est dénoncée par certains comme le soutien à la norme de la culture de masse, et les rapports entre les politiques (les acteurs) et les professionnels ne semblent pas véritablement s’améliorer. Cette séance est l’occasion de la démonstration de la fibre démocratique des bibliothèques de Cuba par leur directeur…mais peu de choses finalement ressortent de la discussion…les conditions d’écoute comme le grand nombre de présent rendaient de toute façon l’opération très difficile.
a permis de replacer dans l’environnement des bibliothèques, les évolutions juridiques et économiques récentes en matière de droits d’auteur, de droits de reproduction de diffusion (papier et documents électroniques). Outre les rappels concernant le fonctionnement de l’OMC et ses rapports avec la propriété intellectuelle, W. Tabb , participant pour l’IFLA à un groupe de travail censé faire du lobbying auprès de l’OMC a laissé entendre le peu d’impact que les bibliothèques et centres de documentation pouvaient avoir auprès de ces organismes mondiaux, tout en appelant à la mobilisation générale des professionnels et des politiques. Un intervenant a fait le point, pour l’Union européenne, sur la directive de libéralisation des services. Il a indiqué que les services de bibliothèques étaient bien compris dans l’espace « libéralisable », car le plus souvent payants (droits d’inscription, droit d’emprunt). Il semble qu’alors que la commission européenne se refuse aux exceptions dans le domaine des bibliothèques, elle pourrait peut-être, sous la pression des grandes associations nationales et européennes, et avec des soutiens politiques suffisants, considérer que si ces services étaient gratuits, ils pourraient être hors espace de libéralisation.
On n’en sait guère davantage aujourd’hui, et il faut attendre les décisions qui suivront les poursuites décidées par la commission contre quelques pays de l’union ayant décidé de larges exceptions du paiement de droit de prêt pour y voir un peu plus clair.
Cette troisième session plénière, le 16 août, à laquelle était invitée Ase Kleveland , de l’Institut suédois du film et du Bureau des films scandinaves, à Oslo, a tourné autour de notions telles que la défense du langage, le rôle des bibliothécaires dans la défense d’une culture, défense qui a eu lieu en Norvège au moment de l’industrialisation du pays et de la création d’une langue nationale. Nation indépendante depuis seulement un siècle, la Norvège a connu au 20ème siècle une accélération du développement des bibliothèques. Aujourd’hui, le meilleur usage des nouvelles technologies de l’information est conditionné par la fréquentation importante des bibliothèques norvégiennes.
En ce qui concerne le cinéma, 80 des films sont édités numériquement.
Face à ces technologies, qui font que de moins en moins de choses échappent au marché, le rôle des bibliothèques doit évoluer parallèlement aux possibilités technologiques.
Ainsi, une politique multiculturelle peut être envisagée, dans la mesure où les ségrégations que fabrique internet (communautarisme) sont le plus souvent atténuées dans le lieu bibliothèque. Une production dématérialisée renforce le besoin d’un lieu social, d’un lieu culturel.
Le cinéma numérique, selon l’intervenante, deviendra de plus en plus une part de la bibliothèque ; un groupement de partenaires publics et privés dédié à la consommation de films par internet a été créé. La formule « Content is king , distribution is king-kong » exprime l’idée que ce qui importe c’est la création de contenus, alors que les technologies et les modèles de distribution varient et suivent parfois des modes.
Un système de paiement à la carte pour le visionnement de films existe donc, avec un catalogue de 217 films aujourd’hui, un système d’abonnement se met en place et les évaluations seront faites du service avant de le développer.
Le mercredi matin 17 août avait lieu la présentation par M. Downing , de l’ALA (American Libraries Association) d’une initiative lancée par cette association en 2001, pour promouvoir les bibliothèques.
29 pays participent aujourd’hui à cette campagne, dont la Norvège , qui a rejoint la campagne sur l’initiative de membres des partis politiques intéressés par la lecture publique, hors et dans l’association nationale des bibliothécaires.
Dans la société de l’information, les bibliothèques publiques s’affirment lieu de connaissance ; la mise en oeuvre de la société de l’information est une responsabilité locale, tout autant que nationale ou régionale et chaque bibliothèque doit se sentir concernées.
Voilà les principes d’adhésion à la campagne. Les modalités, elles diffèrent d’un pays à l’autre, d’un type de bibliothèque à l’autre ; les bibliothèques publiques veulent autant promouvoir le livre et la lecture que l’accès aux services électroniques des bibliothèques. En même temps, elles promeuvent l’investissement dans la construction et le fonctionnement de bibliothèques publiques sources de productivité et de revenus futurs pour le pays.
Stratégiquement, il convient d’insister davantage sur le savoir et la connaissance (les ressources fondamentales de la bibliothèque) que sur la culture et l’action culturelle afin de :
La campagne doit faire de la bibliothèque une institution visible, démocratique, qui offre un savoir et des services électroniques accessibles à tous.
On peut développer des alliances stratégiques et obtenir dans la campagne :
Les actions qui sont menées : conférences de presse, production d’articles et de textes, création et fabrication de produits dérivés du visuel international qui place l’arobase au centre d’un slogan vantant la bibliothèque ex : écouter mes disques @ la bibliothèque
Les financements trouvés par les adhérents à la campagne dépendent des pays et des modes de relation des habitants à leur bibliothèque. Aucune subvention n’est fournie par le pilote (L’ALA) mais le visuel est fourni gratuitement.
Après la présentation du représentant de l’ALA, divers intervenants montrent leur campagne, les axes choisis, les types de bibliothèques ou d’usages promus. Cette initiative permet de se référer à une communauté professionnelle, tout comme à une communauté de valeurs défendues par les bibliothèques. Elle fait appel à la créativité des bibliothécaires, et les oblige à valoriser auprès de leurs tutelles comme de leurs partenaires les ressources et les servicesqu ’elles offrent. Son aspect potentiellement multilingue, comme l’universalité du signe « @ » permettent à chaque culture de s’en inspirer.
Ce congrès 2005 d’Oslo a tenu ses promesses dans la mesure où nous avons pu faire un voyage de découverte et être témoins de nombreuses expériences diverses dans les bibliothèques. Dans le débat d’idées, en revanche, peu de concepts nouveaux, peu de débats sur les valeurs communes ou les valeurs spécifiques des bibliothèques. Le tournant technologique et le développement incessant des techniques tiennent lieu de ciment dans un monde où la ressource technologique apparaît comme la seule porteuse d’avenir. Des affirmations choquent : j’ai entendu plusieurs fois répéter que les bibliothèques se devaient de proposer aux usagers tout ce qu’ils demandaient ; de plus en plus de bibliothèques dans le modèle scandinave et anglo-saxon veulent développer des services qui sont, en France, offerts par des structures diverses, spécialisées ou non. L’aide « sociale » qu’apportent les bibliothèques ne justifie pas à mon sens de leur greffer des services sociaux, ou d’aide à l’immigration. L’apprentissage des langues peut être mis en valeur et facilité par la bibliothèque. Faut-il, au-delà, ouvrir dans les bibliothèques un centre multimédia d’apprentissage des langues ?? La notion de métier, à entendre de plus en plus de participants au congrès, doit se diversifier. Je crois pour ma part, que les bibliothécaires ne peuvent faire tous les métiers, et que le lieu « bibliothèque » doit rester un lieu de rencontre, de curiosité culturelle, de recherche de savoir. Il peut accueillir d’autres activités, il en organise beaucoup autour de l’action culturelle. La bibliothèque ne peut prétendre être la seule institution luttant contre l’illettrisme, la pauvreté, les maux de notre société ; elle a tout intérêt à multiplier ses partenariats autour de ceux qui exercent leur métier dans ces domaines, et leur apporter l’efficacité de ses ressources documentaires et humaines.
En terme d’organisation, les lieux de conférence trop nombreux ont permis moins d’échanges informels et amicaux que d’autres éditions. Profiter néanmoins de la ville d’Oslo sous un soleil persistant a été un privilège dont je remercie le comité français IFLA.
Antoine Carro-Réhault
Kay Raseroka rappelle ses objectifs pour l’IFLA, plus particulièrement son action pour que se rapprochent les sociétés basées sur l’électronique et celles basées sur l’oralité. L’IFLA est aujourd’hui confrontée à deux difficultés majeures : la diversification de ses sources de revenu et la structure administrative trop légère de son organisation. Elle a accompli son travail en s’appuyant sur les trois piliers qui ont été définis : la société (avec par exemple les actions de la FAIFE ou le travail dans le cadre du Sommet Mondial de la Société de l’Information), la profession (le travail avec l’ALP, celui autour de l’UNIMARC) et les adhérents (en développant par exemple les services à l’adhérent, en organisant la conférence, en proposant des publications…). Dans tous les cas, les partenariats sont essentiels au niveau international.
Les défis aujourd’hui à relever sont : l’amélioration de la situation financière, le problème de la continuité, l’implication des adhérents.
Rapport annuel du Secrétaire général :
Peter Johann Loz indique en premier lieu des difficultés du secrétariat général au cours de l’année écoulée : changements de responsables, difficultés financières à gérer. Puis il fait un relevé des points positifs de l’année écoulée : le nombre élevé de congressistes, l’évaluation des toutes les sections de l’IFLA, la défense de intérêts de adhérents (FAIFE…), le nouveau système de vote, le coupon de prêt, IFLANET…
Aujourd’hui, il faut se pencher sur les financements, la coordination des réseaux, les nouvelles technologies, l’augmentation du nombre d’adhérents, la communication et la définition d’un plan stratégique flexible et économique.
Présentation des comptes annuels par le Trésorier :
Si la situation est saine, il existe tout de même une pression sérieuse sur les finances de l’association. Le niveau des entrées a globalement baissé (nombre d’adhésions, congrès de Buenos Aires…). Il a donc fallu réduire les dépenses malgré un accroissement des programmes professionnels. Reste un déficit global sur l’année.
Il faut donc trouver de nouveaux financements, par exemple pour des projets spécifiques.
Présentation du rapport du Comité sur le copyright et autres problèmes légaux (CLM) par Winston Tab. ( voir en anglais) : http://www.ifla.org/IV/ifla71/clm-councilRep2005.html
Équilibrer les droits de l’auteur et ceux de l’utilisateur est une des préoccupations essentielles de l’IFLA ainsi que l’une de ses 11 priorités professionnelles. Créé en1997, le CLM est composé de 22 membres issus des 6 continents, qui sont assistés d’experts. Il a participé à de nombreuses conférences et actions (UNESCO, Convention de La Haye
Suite à une résolution du Conseil 2 de Buenos Aires, le Comité a produit un rapport (consultable en ligne) sur le droit de prêt au public. L’IFLA y rappelle qu’elle est favorable de manière générale au libre accès à l’information. La diversité des lois et des pays a conduit à établir un consensus en ce qui concerne le droit de prêt autour de cette idée-force, consensus qui ne peut satisfaire totalement les différentes parties mais donne un cadre. Par ailleurs, le Comité s’est impliqué dans l’élaboration du Traité pour l’accès au savoir (Acces to Knowledge Treaty, A2K) et a participé à la production d’une loi-cadre sur la lecture et les malvoyants.
Le CLM a deux problèmes à résoudre : il lui faut un soutien plus grand de la part des associations nationales car il ne possède pas de droit de vote dans les différentes instances ; il souffre du manque de financement de ses actions par l’IFLA.
Présentation du rapport du Comité pour le Libre accès à l’information et liberté d’expression (FAIFE) par son président, Paul Sturges (voir en anglais) : http://www.ifla.org/IV/ifla71/papers/189e-Sturges.pdf
Un nouveau bureau a été élu. Il fonctionnera jusqu’en 2007.
Ce comité fonctionne avec un budget minimum. Une part importante de son activité a été de rechercher des fonds pour financer ses missions. Grâce à la construction de projets en commun avec l’ALP (Développement des bibliothèques dans le Tiers-Monde) en particulier sur l’accès des femmes à l’information et sur le Sida, FAIFE a obtenu le soutien financier Sida Suède.
FAIFE soumet ses réactions aux informations qui lui sont envoyés à l’analyse des sources et aux positions de l’IFLA. En ce qui concerne le développement de législations anti-terroristes et leur effet sur les libertés intellectuelles, le rapport FAIFE montre bien que s’il y a effectivement danger, les situations varient selon les pays et les restrictions imposées (certains comme les USA désirent ne pas se prononcer pour l’instant par exemple).
En conclusion, FAIFE est une source de réflexion pour l’IFLA et concourt à la réussite des objectifs que celle-ci s’est fixés.
Motions et Résolutions du Conseil
« Le Conseil demande au Conseil d’administration de faire en sorte, à partir de maintenant, que les informations et publications de l’IFLA ainsi que son site web soient accessibles aux personnes ayant des difficultés à lire l’écrit. »
Cette résolution est en accord avec les principes et la philosophie de l’IFLA. Il est proposé de vérifier les implications financières, avec l’aide de la section de l’IFLA « Publics désavantagés ».
Discours du nouveau Président de l’IFLA : Alex Byrne
Après s’être situé dans l’histoire des présidents de l’IFLA, Alex Byrne a dessiné les axes de son action à la tête de l’IFLA pendant son mandat. Insistant sur la force et l’étendue de l’association, il a montré comment l’engagement des adhérents permet à celle-ci d’avoir du poids dans les relations partenariales internationales (CDNL, UNESCO, ALP. C’est en effet, selon lui, au cœur de ces partenariats que l’action de l’IFLA peut se construire et gagner en efficacité
La situation des bibliothèques scolaires dans le monde est pour le moins contrastée. Des « expériences » ou actions volontaristes sont tentées dans de nombreux pays, mais leur assise reste toujours précaire et peut être remise en cause à tout moment. Nous en avons eu quelques exemples au cours de ce congrès à Oslo.
Yoon-ok Han, de la Corée du Sud, a tenu à montrer l’exemple d’une politique volontariste en matière de bibliothèque scolaire. En effet, en raison de l’histoire mouvementée de ce pays au cours du 20ème siècle, la Corée n’a longtemps attribué qu’un rôle mineur aux bibliothèques au sein de son système éducatif. Un effort avait été consenti au cours de années 50 et 60, avec construction de bibliothèques et même mise en place d’un « manuel » des bibliothèques scolaires. Cependant, dans les années 70, un repli sur une vision purement élitiste de l’éducation a conduit au quasi abandon de tous les programmes engagés. Les bibliothèques scolaires deviennent de simples salles d’étude, sans outils de recherche et « animées » par des personnes volontaires. Les années 90 voient le retour de programmes éducatifs où des termes comme « auto-formation », « apprentissage à partir des ressources » apparaissent. Plusieurs provinces du pays, aidées par des ONG, décident de doter leurs établissements scolaires de « bonnes » bibliothèques scolaires : construction de locaux et recrutement de personnel qualifié se développent. Ce foisonnement a conduit à placer la gestion des bibliothèques scolaires sous la direction du Ministère de l’Education nationale et à lancer un grand programme sur 5 ans (2003-2007) et en 4 points : augmenter les collections et les services, promouvoir l’utilisation des bibliothèques scolaires dans les classes, embaucher des professionnels, promouvoir la bibliothèque scolaire à l’extérieur de l’école (parents, …). Le bilan qui est tiré de ce programme est très positif : la situation n’est pas encore parfaite, mais des changements profonds ont été réalisés. Les principaux problèmes à résoudre aujourd’hui sont : l’embauche de personnels ayant la double qualification d’enseignant et de bibliothécaire qui est encore trop faible ; les professeurs et chefs d’établissement qui ont souvent encore une représentation passéiste de la bibliothèque et de son rôle formateur ; la coordination entre les différents niveaux de décision qui est insuffisante.
Voici un autre exemple, celui de la Norvège. Selon Elisabeth Rafste, les bibliothèques scolaires y ont toujours été présentes, bien que leur rôle en matière de formation soit resté mineur. Le curriculum national faisait une place particulière aux bibliothèques scolaires : lecture et recherche d’information en étaient des points clés. Le nouveau curriculum qui doit être mis en place ne mentionne nullement les bibliothèques. C’est un recul surprenant, d’autant que les compétences qui sont mises en avant dans ce curriculum font partie de celles que les personnels de bibliothèques scolaires sont à même de développer chez les élèves. Parallèlement, un grand plan de promotion de la lecture est lancé. Ce projet, d’une durée de 5 ans, devient donc un point d’accroche essentiel pour les bibliothèques scolaires. Mais force est de remarquer que l’extrême diversité des établissements scolaires, en particulier en ce qui concerne la pédagogie mise en œuvre, conduit à une extrême diversité dans la prise en compte des bibliothèques scolaires dans les projets mis en place. De plus, il est légitime de se poser un certain nombre de questions sur la pérennité du dispositif : quelle sera la situation dans 5 ans, si le rôle de bibliothèques scolaires n’est pas inscrit dans les textes officiels nationaux ?
En Australie, le contexte est notablement différent. Ce pays bénéficie d’un système éducatif dont la réussite est appréciée par ses bons résultats dans l’enquête PISA. Le gouvernement a mis en place dès 1996 un « programme qualité » et a financé des organismes capables de l’évaluer et l’améliorer : ce programme portait essentiellement sur les compétences des enseignants. Les associations professionnelles d’enseignants se sont elles aussi engagées dans ce processus, et parmi elles les associations de bibliothécaires et d’enseignants bibliothécaires. Celles-ci ont réfléchi à l’élaboration d’un référentiel métier définissant les compétences, les pratiques professionnelles et l’engagement de ces professionnels. Elles ont construit ce référentiel, et l’ont ensuite proposé à la discussion auprès des bibliothécaires scolaires mais aussi auprès de tous les membres des équipes éducatives. Elles espèrent ainsi une reconnaissance de la profession fondée sur le recrutement de personnels très qualifiés et une amélioration des compétences des élèves. Ce référentiel est sorti en avril 2005 et il est sans doute trop tôt pour en évaluer l’impact.
Ces trois exemples permettent de réfléchir à la situation française, à certains égards très favorable en ce qui concerne les enseignants documentalistes.
La question du niveau de recrutement et celle des capacités à exiger ont traversé toutes les communications. En revanche, la question des compétences et des savoirs spécifiques à faire acquérir aux élèves a été peu développée. Il y là aussi pourtant une nécessité à définir et circonscrire le champ d’intervention de l’enseignant documentaliste. Cette question n’est pas plus réglée en France qu’ailleurs. Il nous semble donc tout à fait intéressant que la section des « Bibliothèques scolaires » ait décidé de travailler en collaboration avec la section « Culture de l’information ». C’est sans doute la piste la plus prometteuse suivie par la section, et qui se situe dans le prolongement de sa réflexion sur les bibliothèques scolaires. Le thème de la session proposée au prochain congrès (Séoul) constitue la première étape de cette réflexion : Culture de l’information pour les jeunes.